De quoi je me mêle / Je parais donc je suis (Malienne)



Un quart de kilo de viande, huit cubes jumbo, l’hypertension pour le papa, la sous-nutrition pour les enfants, mais tant pis, les concurrentes doivent mourir  d’envie. « Fa den wu ka sa » ! Deuxième origine : Cent mille francs d’une autre tontine appelée talatani, constituée tous les mardis par les frais de scolarité non payés des enfants ou par l’argent donné pour leur habillement.

Troisième origine : cent mille francs provenant  des balimakew, ces frères, oncles, cousins, amis des frères et connaissances des frères harcelés nuit et jour. Les frères qui ne donnent pas  ne sont pas des balimakew, une trouvaille typiquement malienne, mais faden sago, une méchanceté typiquement malienne aussi. Quatrième origine : à ne pas chercher, la vie privée étant totalement privée. Mais c’est pourtant l’origine la plus rentable : cinq cent mille francs, deux ou trois contributeurs, le Mujao est encore loin du Sud. Après, il faut bien sûr le plus bel habit : le gorgui du coin, couturier de son état, le louera pour quatre heures en attendant que la propriétaire légitime vienne chercher son bien.

Et puis, les bijoux : elle en a plein la cousine, femme de douanier, d’agent du Trésor ou de Dfm. Suffit d’emprunter pour quatre heures. Le sac ? Les Chinois y ont pensé : Ed Lapidus, Vouitton, Yves Saint Laurent. Six mille francs ! Ce n’est rien pour éclater le cœur de l’ennemie -ka jugu son peren- Et enfin le must des must : le I-phone Trois de location, fourreau rouge-bordeaux. La voiture fume, faute de vidange mais elle sera garée loin des regards. Et puis qui se ressemblent s’assemblent non ? Et chacun se mêle de ses oignons.  

Adam Thiam

Le Républicain Mali 25/09/2012