De quoi je me mêle / Capitaine, il y a quoi dans ton bâton ?

Et puis, j’étais dépassé par ces pince sans rire du Mnla qui se permettaient même de menacer les frontières de l’Azawad si Bamako ne revenait pas à l’ordre constitutionnel. Autre chose, je me suis réveillé avec une épouse devenue expatriée du fait que sa ville est tombée en trois secondes dans l’Azawad indépendant. Moi qui ai grandi, dans la légende des guerriers intrépides : les Soundiata, les Da Monzon, les Biton Coulibaly, les Tiramakan, les Mamoudou Ndouldi, les Ambodeejo, Bakaridjan, sans jamais m’imaginer qu’ils n’ont pas transmis leur art du combat à leur postérité.

Et puis, entre nous, j’avais la trouille. Parce qu’avec les bidasses, on ne sait jamais. J’en connais qu’ils ont mis au pilori et qui sont cent mille fois plus importants et plus costauds que moi. Et j’ai des amis qui ne sont pas sortis de leurs armoires depuis le 22 mars où ils semblaient avoir entendu des coups de feu qui n’étaient pourtant qu’un petit feu d’artifice de pétards de gosses qui fêtaient leur anniversaire. Mais maintenant  ça va. Le grand-frère m’a envoyé un billet au cas où on m’embête ici. Et Cheickh Modibo Diarra l’a dit avant-hier : tant qu’il est là, la loi sera respectée. Il s’y ajoute que  le Capitaine de Kati est devenu, depuis, mon jeune frère -qui est fou ?- Tout cela est rassurant et je prends donc mon courage à deux mains pour me mêler de ce qui ne me regarde pas. Devant Dieu et devant les hommes, je lui demande ce que contient le bâton dont il ne se sépare jamais. Et j’insiste pour qu’il ne le dirige pas sur l’astrophysicien et le matheux.

Adam Thiam

 

Le Républicain Mali 27/04/2012