Crise ivoirienne :Ses impacts sur le panier de la ménagère à Sikasso

Les rumeurs quotidiennes ne sont pas tout à fait alléchantes et présagent une prochaine situation économique déplorable pour les ménages de Sikasso.  L’huile, le riz, le sucre et bien de produits, qui participent directement à la consommation, ne cessent de renchérir au grand dam des populations qui assistent à la situation, médusées. Sur le marché, le litre d’huile est vendu à 1250 FCFA, et le kilo du sucre, à 700 FCFA. Aussi, sommes-nous aujourd’hui à une étape qui alerte  et interpelle.

Oui, ils sont interpellés. Les occupants des hautes sphères de l’Etat et de la société de tout bord et à tous les niveaux sont interpellés, aux fins d’éviter qu’il n’arrive du pire aux populations. Si, pour certains, la crise ivoiro-ivoirienne ne pouvait avoir d’impacts sur notre pays, le cours de la situation atteste tout le contraire. Sikasso, reste l’une des dernières grandes villes et l’un des derniers remparts qui partagent des limites frontalières avec les pays frères du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire.

Les événements qui ont actuellement cours dans ce pays et dont les impacts sont en train de se faire sentir sur l’économie de la région de Sikasso sont la traduction parfaite qu’on n’est jamais en marge des conséquences de troubles et autres perturbations que vit un pays avec lequel l’on partage des frontières.  En fait, au-delà et en dépit des souverainetés nationales, les sorts de nos deux pays sont liés.

Pour conforter cette vérité, la position de proximité de la région de Sikasso fait aujourd’hui que de toutes les autres parties du Mali, vivent et subissent du coup, les soubresauts économiques et sociaux de la crise ivoirienne qui se rallonge inexorablement à cause d’une soif inextinguible de Laurent Koudou Guiawily Gbagbo et de ses acolytes voulant coûte que coûte, vaille que vaille, s’éterniser au pouvoir.

Selon des  sources concordantes, les transactions actuelles des produits en provenance de la Côte d’Ivoire se réduiraient de plus de 40% durant les deux semestres écoulés.

Or, au niveau national, à travers les axes de Koury et de Zégoua, le corridor Mali-Côte d’ivoire est pourvoyeur de plus de 50% des produits en hydrocarbure, en transactions de produits agro-sylvo-pastoraux et en denrées de première nécessité. Pourtant, en période normale, il suffit de faire un tour dans les grands centres commerciaux et dans les marchés agricoles pour apercevoir une flopée de produits de fabrication ivoirienne en savon, huile ou autres produits de consommation directe.

Pour la plupart des ménages, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un  combat pour la survie. Ce qui se passe en Côte d’Ivoire n’épargne personne. En effet, il ne se passe pas un jour sans que les populations de la ville de Sikasso, pourtant longtemps qualifiée de « Kénédougou », ne se plaignent de la cherté des produits de premières consommations. Tout comme les populations de la ville de Sikasso, celles d’autres contrées de la troisième région, notamment celles du cercle de Kadiolo, se plaignent de l’actuel renchérissement des produits essentiels de consommation. Et pour conséquence, on a assisté, ces derniers temps, à une transformation des habitudes alimentaires des ménages et à l’émergence de produits de toutes gammes sur le marché courant et dont la qualité porte à suspicion. Chose plus curieuse voire incroyable, le kg de la pomme de terre a frôlé la somme de 700FCFA récemment dans la ville de Sikasso.

Sur ce point, la crédibilité de certaines de nos unités de transformation locales serait fortement mise en cause. En fait, les crises subies ces dernières années par la filière coton ont entraîné la fermeture de l’HUICOMA et bien d’autres usines. Cette situation a conduit à l’émergence de petites unités locales qui tentent de subvenir au besoin de la consommation locale. C’est particulièrement, le cas des huileries de Koutiala, de Sikasso et de Bougouni. Malgré leur volonté enthousiaste, la célérité avec laquelle ces unités ont vu le jour prête à équivoque.

En effet, on se rappelle de l’affaire des huiles frelatées, qui avait provoqué un tollé général , au moment où l’ancien  ministre Choguel Kokalla Maïga était locataire du Département de l’Industrie, des petites et moyennes entreprises. Si bien que la question se pose encore : face à cette crise ivoirienne, les différentes unités sont-elles mieux adaptées à leur équipement en fonction des mesures réglementaires en vigueur ? En tout état de cause, les preuves ne sont pas toutes établies.

Devant ce tableau sombre, les consommateurs sikassois, en majorité pauvres, n’ont d’autre choix que de s’approvisionner de tous les produits, et cela, au mépris de leur santé. Tout au moins, quelques produits de consommation de qualité présents sur le marché sont accessibles aux seuls gros partisans et aux nantis de la ville. Sur le marché de Sikasso, on se trouve face à une situation où l’offre est largement inférieure à la demande : toute chose, qui provoque un déséquilibre dans la satisfaction des besoins quotidiens et une paupérisation relative de la quasi-totalité des familles. Face à ce phénomène, les plus hautes autorités de notre pays sont interpellées, et une intervention d’urgence s’impose pour prévenir le chao social.

Par ailleurs, il s’avère capital que les responsables politiques et administratifs prennent des dispositions adéquates en vue de diversifier les transactions par d’autres corridors comme celui du Burkina, du Sénégal ou de la Guinée Conakry. Au-delà, il importe de prévoir très rapidement des systèmes de subvention de certaines transactions extérieures de produits et de mettre en place des systèmes de veille et d’alerte pour atténuer les effets et régulariser les prix de premières consommations sur le marché. Des opérations de suivi et de contrôle réguliers doivent également se multiplier dans toutes les unités locales pour apprécier la traçabilité des procédées de transformation de nos produits locaux.

En tout état de cause, ce qui se passe en Côte d’Ivoire est en train de produire des effets néfastes sur la ville de Sikasso, appauvrissant davantage les consommateurs qui ne trouvent d’autres moyens que de décrier la situation actuelle. Ce qui se passe chez le voisin ivoirien constitue également une leçon pour tout le monde. Une nation qui veut se développer, doit tout d’abord chercher à assurer son autosuffisance et souveraineté sur le plan alimentaire.

Bien que ces axes soient prioritaires dans les politiques de développement agricoles de notre pays, les récentes évolutions des prix de produits de première nécessité sur le marché de Sikasso appellent à la réflexion pour éviter que la crise en cours en Côte d’Ivoire ne se prolonge pas trop longtemps, au risque d’aboutir à une implosion sociale.

Timothée Sanogo

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Le Coq Cocorico 13/01/2011