Côte d’Ivoire : un pays, deux présidents

 

C’est dans la salle des pas perdus du palais présidentiel que Laurent Gbagbo a prêté serment devant les membres du Conseil constitutionnel. « Devant le peuple souverain de Côte d’Ivoire, je jure solennellement et sur l’honneur de respecter et de défendre fidèlement la Constitution, de protéger les droits et libertés des citoyens, de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge dans l’intérêt supérieur de la Nation », a-t-il déclaré.

« Que le peuple me retire sa confiance et que je subisse la rigueurdes lois si je trahis mon serment », a-t-il ajouté, lors d’une cérémonie devant une très nombreuse assistance, en présence notamment de son épouse Simone Gbagbo.
Laurent Gbagbo a ensuite entamé un long discours, en se présentant d’abord en garant de la légalité. « Il n’y pas d’Etat fort sans loi, sans procédures » , a-t-il martelé. « Il n’y a de République forte que assise sur les règles de la loi. (…) Toutes les crises que nous avons connues sont nées du non respect de la loi ».

Sur la crise au sein de la CEI, Laurent Gbagbo a assuré qu’elle « a été bloquée car, dit-il, nous avons transféré dans la Commission électorale les débats politiciens du dehors » . Avant d’ajouter : « La CEI ne proclame pas les résultats des élections, elle donne les résultats qu’elle a acquis au plan provisoire. (…) Dans une république, c’est seulement une juridiction qui peut conférer aux résultats l’autorité de la chose jugée ».

« Le jour où un pays perd sa souveraineté, il perd tout et devient un vassal »

Faisant référence à la reconnaissance par l’ONU de la victoire de son adversaire Alassane Ouattara, dont l’élection est reconnue par la plus grande partie de la Communauté internationale, Laurent Gbagbo a dénoncé « des cas graves d’ingérence (…) L’organisation et la proclamation des résultats d’une élection fait partie de la gestion souveraine d’un pays » , a-t-il affirmé. « Le jour où un pays perd sa souveraineté, il perd tout et devient un vassal ».

Laurent Gbagbo s’en est ensuite pris, sans le nommer, à son adversaire Alassane Ouattara : « J’appelle les Ivoiriens à se ressaisir et n’a pas compter sur autrui pour venir les faire roi. Celui qui te fait roi a toujours un droit sur ton siège ».

Il a enfin laissé entendre que son adversaire a élaboré une stratégie avec des complicités extérieures, qu’il a résumé par cette phrase : « Débrouille-toi , fais tout pour être élu et ensuite on te reconnais ».

Ouattara a prêté serment par courrier

Après Laurent Gbagbo s’est Alassane Ouattara qui a lui aussi prêté serment dans un contexte tout à fait inédit. Une prestation de serment par écrit. Alassane Ouattara, donné vainqueur de la présidentielle par la Commission électorale et reconnu par la communauté internationale a envoyé dans l’après-midi du samedi 4 décembre par courrier sa lettre de prestation de serment au président du Conseil constitutionnel « en tant que président élu ».

Dans ce courrier dont nous avons pu avoir connaissance, Alassane Ouattara explique que les circonstances exceptionnelles que vie la Côte d’Ivoire, ne lui permettent pas de prêter serment en personne devant le Conseil constitutionnel. Il demande donc au Conseil de prendre acte de ce serment et d’en tirer toutes les conséquences de droit.

Par ailleurs, Alassane Ouattara, dans une lettre manuscrite, jure solennellement et sur l’honneur de respecter et de défendre la Constitution.

Par RFI 04/11/2010