Convention nationale : La fuite en avant du capitaine Sanogo.

Longtemps annoncée, cette convention nationale aura pour but ultime, à notre avis, de légitimer le pouvoir du capitaine putschiste. Cela induit aussi systématiquement la reconnaissance du Cnrdre et, par conséquent, l’instauration d’un bras de fer avecla Cedeao, voire la déclaration de guerre au regroupement suprême ouest africain. Cette convention nationale sent donc un piège tendu par le capitaine Sanogo particulièrement aux hommes politiques maliens afin de les rendre comptables de ce qui adviendra au peuple et au pays suite à son refus d’obtempérer aux injonctions dela Cedeao. Cepiège semble avoir été décelé par les responsables politiques, car hier, le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et dela République(Fdr) a déclaré qu’elle ne participerait pas à cette farce orchestrée par la junte.

La convention est d’autant plus une farce que le capitaine Amadou Haya Sanogo voudrait en faire une couverture pour échapper aux décisions du sommet extraordinaire de la Cedeaodu 27 mars sur la situation au Mali. A l’occasion, le président Alassane Dramane Ouattara et ses pairs ont demandé clairement aux militaires putschistes de rétablir l’ordre constitutionnel et de rendre le pouvoir. En décrétant le rétablissement de l’ordre constitutionnel ( ?) le 1er avril, le président du Cnrdre croyait tromper la vigilance dela Cedeao, qui a décrété dès, le lendemain, un embargo total sur le Mali ; une mesure aux conséquences incalculables pour l’économie du pays et le panier de la ménagère. L’abime du peuple, le capitaine Sanogo n’en a cure, aveuglé déjà par les mirages du pouvoir et assoiffé des billets de banque qui vont bientôt orner sa caisse noire.

L’idée de la Conventionnationale n’est donc ni plus, ni moins qu’une fuite en avant pour maquiller ses ambitions belliqueuses et se détourner des vrais problèmes de la nation. A commencer par la situation au nord du Mali. Le motif premier du putsch du 22 mars, tel que annoncé par ses auteurs, est lié à la situation dans le septentrion malien où, selon eux, l’armée perdait des vies et du terrain. Ils étaient donc venus pour sauvegarder l’intégrité nationale. Mais, le constat est d’autant plus amer qu’en trois jours, les rebelles ont annexé les trois capitales régionales du nord : Kidal, le 30 mars, Gao, le 31 mars et Tombouctou, le 1er avril. Jamais, dans l’histoire de la rébellion au Mali depuis 1963, un tel scénario ne s’est produit. Les rebelles se sont toujours limités aux petites localités et dans les montagnes. Sous ATT, même à ses dernières heures, les rebelles ont certes occupé Ménaka et Tessalit, mais n’ont pas osé s’aventurer dans les capitales régionales. Mais, il a fallu qu’ATT tombe pour que les Indépendantistes se baladent. Aujourd’hui, la proclamation de l’Etat de l’Azawad serait imminente.

Par rapport à cette gravissime situation qui fait perdre au Mali plus de la moitié de son territoire,la Conventionnationale est tout simplement, là aussi, une fuite en avant du capitaine Amadou Haya Sanogo.

Klézié

L’Aube.ml 05/04/2012