CONTRIBUTION DE LA QUESTION DE KIDAL 

 

Les va t’en guerre sont-ils réellement conscients de nos problèmes ? 

 

Dans un contexte marqué par le décès du père au chef de l’Etat, nos valeurs traditionnelles et religieuses nous imposent, de présenter d’abord nos condoléances au président de la Transition, à  l’entame de toute prise de parole publique. Puisse le Tout-Puissant, accorder son Pardon au défunt et l’accueillir dans son Paradis. Quitter ce monde pendant un mois de Ramadan, est de toute façon un bon signe annonciateur pour le musulman. Qu’il en soit ainsi.

Depuis le 05 Avril 2023, la situation à Kidal défraie la chronique nationale et internationale. Je ne me prononcerai pas, dans le présent papier, sur le cas précis du survol de cette région par un avion de chasse de l’armée malienne. En effet, je n’ai encore pas terminé ma collecte d’éléments d’analyses. Mais, d’ores et déjà, sur la base de mes informations, des recoupements et de mes entretiens, je puis vous assurer que la quasi-totalité des débats et contributions auxquels nous assistons, passent complètement à côté de la plaque. J’y reviendrai ultérieurement, Plaise à Dieu !

Dans ce qui suivra, je souhaite simplement réagir à une image, qui a pratiquement fait le tour des réseaux sociaux,  et sur laquelle on pouvait remarquer une personne portant sur l’épaule, ce qui donne toute l’apparence d’une lance roquettes. La photo est accompagnée par la voix d’un orateur, qui  informe, s’étonne, interroge et interpelle. C’est après avoir soumis cette adresse vocale à la critique historique et sécuritaire du Sahel, que j’ai décidé de partager avec vous quelques réflexions liminaires, sur un aspect de la question de Kidal.

Notre orateur informe de la mise à jour à Kidal, d’une arme dangereuse, suite à la parade de l’armée malienne au dessus de cette ville. Il donne les caractéristiques techniques de l’engin, sa marque, sa provenance, les théâtres d’opérations sur lesquels ladite arme aurait opéré. Un élément qu’il n’a pas évoqué, et qui n’a pu échapper à l’homme d’affaires que je suis, est le coût de ce joyau militaire. Je me suis renseigné pour vous, il fait à l’unité 115 millions de Francs CFA.

Notre informateur continue, en s’étonnant de la disponibilité d’une telle technologie guerrière entre les mains de la rébellion,  selon ses propres termes. Il affirme que cette dernière ne saurait avoir accès à un lance-missile Estingeur, à cause de ses conditions d’acquisitions extrêmement réglementées, motivées par ses capacités désastreuses de nuisances. Dans un raisonnement de surface et de premier degré, il insinue ainsi, que c’est par une complicité de pays étrangers à la faveur des mouvements armés, que la CMA a pu l’avoir à sa disposition. Il finit par suggérer même, une interpellation de l’OTAN, qui devrait alors nous expliquer les raisons et moyens par lesquels ce type d’arme est au Nord du Mali.

J’ai qualifié plus haut sa sortie de superficielle, parce qu’elle ne tient simplement pas la route. Il est malheureux de constater que sa pilule a été rapidement et facilement avalée par beaucoup de nos compatriotes, tant au sein de la plèbe que d’une catégorie d’experts et spécialistes des questions sécuritaires, et de décryptage des faits…De quoi s’agit-il réellement ?

Lorsque la France et ses alliés ont cassé la Libye en 2011, les matériels et équipements sophistiqués de dernière génération de la puissante armée de KADAFI, se sont retrouvés éparpillés un peu partout dans le Sahel. L’armée libyenne comptabilisait à elle seule, en 2011, 5 000 lance-missiles de cette marque….

Nous connaissons la contribution énorme du peuple touareg, en faveur de KADAFI sur plusieurs fronts, depuis bien avant 2011 (Tchad, Syrie, Palestine etc.)  Nous savons aussi la gestion que les États du Mali et du Niger ont faite du retour, de l’accueil et de l’insertion socio-économique de leurs ressortissants touaregs, qui étaient engagés en Libye. La nôtre ayant été, comme pratiquement toujours, très mal pensée et  contenue, le nord du Mali est devenu une véritable réserve d’armements dévastateurs de tout genre.

12 ans après la chute de KADAFI, la Libye est toujours un no man’s land. Il n’y a encore  pas d’Etat là-bas , et la porosité de ses frontières avec un pays comme le Mali s’est plus que jamais densifiée. Les dynamiques de confrontations géopolitiques et stratégiques, entretenues par les grandes puissances économiques et militaires du monde à l’intérieur de la Libye, sur fond de manipulations et d’instrumentalisation des Libyens eux-mêmes; font que toutes les qualités d’armes de guerres, des légères aux plus lourdes, sont en profusion dans ce pays, créant ainsi les conditions idoines au trafic d’armements. Si vous disposez aujourd’hui d’argent, il est possible de vous fournir même des drones de combat à partir de la Libye…

Le Nord du Mali étant un couloir naturel et facile d’accès à ce pays, et du constat que, depuis la montée en puissance de l’armée malienne en terme d’acquisition de matériels et d’équipements;   le seul leitmotiv sur la langue de la plupart des activistes, leaders d’opinions et de plusieurs cadres civils et militaires est : Kidal, Kidal, Kidal, Kidal, Kidal. Pensez-vous que les mouvements armés vont s’asseoir bras croisés, et assisté passivement au déroulement des événements, dans un contexte marqué par les propos incendiaires, de mépris, de haine et d’appels à la vengeance ? Trouvez- vous normal qu’ils ne soient sur leur garde dans un environnement sociopolitique tendu, par  les difficultés d’application d’un accord qui est complètement dans l’impasse ?

Vous conviendrez aisément avec moi, qu’en combinant les facteurs ci-dessus, il n’y a non seulement rien d’étonnant, de l’existence des Estingueurs à Kidal, mais surtout, on ne devrait pas être surpris de découvrir d’autres armes plus dangereuses que ça demain au Nord du Mali.  En cas de guerre ouverte entre les FAMAS et les mouvements armés (je touche du bois), si nous remarquons sur le terrain des bombardiers qu’aucune armée ouest-africaine ne dispose encore, ou que  l’armée malienne soit mise dans une difficulté quelconque ; ne croyons pas que nous sommes  en train de rêver, et ne crions point au complot international contre le Mali, comme on sait toujours le faire. Ça serait irresponsable de notre part, nous nous ridiculiserons  par le monde, et nous ramènerons le vrai débat sur la problématique du Nord, plus bas que le niveau de la ceinture.

Voilà pourquoi, chers compatriotes,  nous devons prier de toute notre âme, de tout notre cœur, et de toute notre énergie pour qu’une guerre fratricide soit évitée dans le Nord du Mali.

Je suis profondément convaincu qu’elle ne servira à rien, si ce n’est qu’agrandir le fossé des crises dans lequel notre pays baigne suffisamment déjà. Les va t’en guerre sont-ils réellement conscients de nos problèmes ?

C’est conscient de tout ce qui précède, que nous avons décidé de nous inscrire dans la logique du Mouvement Tabalé qui, depuis le 17 Février 2023, a lancé un appel historique au peuple malien et aux amis sincères du Mali, pour la signature d’un accord inter-maliens pour le Développement du Mali dénommé : Accord National pour la Paix et le Développement du Mali (ANPDM). Nous croyons fermement,  que ce nouvel accord, qui remplacerait  l’Accord d’Alger,  sera la solution malienne aux problèmes maliens, trouvée par les Maliens, pour les Maliens, garantie par le peuple malien, et qui va assurer le suivi de son application intégrale. C’est à ce prix que nous résoudrons l’équation Paix-Sécurité-Développement,  et apporterons  une solution pacifique et définitive à la crise dite du Nord du Mali, qui est issue en réalité, d’une crise globale de gouvernance de l’Etat central….

Vous ferez œuvre utile d’accompagner le Mouvement Tabalé dans cette démarche. Nous vous attendons impatiemment.

Fabou KANTÉ,

Mouvement Tabalé