Chronique du vendredi : 2012 oui mais pas sur le cadavre du Mali

Elles sont, de notre point de vue  une lame de fond : celle d’un rejet d’une absolue contagiosité car émanant d’une jeunesse écrasante de son poids ainsi que de son immense besoin d’opportunités et de libertés. Mais il y a surtout l’évolution dans les mois à venir, de la relation algéro-marocaine,  un déterminant de plus en plus reconnu de la stabilité de l’espace sahélo-saharien  débordé par ses défis.

En effet, si leur caractère transnational est indiscutable, les nouvelles menaces de cet espace mettent à l’index le Mali plus que tout autre pays riverain. Il s’agit moins de créer des experts de la géopolitique du fléau que de radicaliser les réponses d’abord nationales à un phénomène qui, il faut le reconnaître doit ensuite être combattu sincèrement, totalement et simultanément. Surtout qu’à l’échelle de notre pays, les nouvelles menaces se greffent sur un vieux fonds d’irrédentisme qui pourrait ne pas être indifférent à la jurisprudence du Sud Soudan. Le retour subitement annoncé -même s’il n’est pas officiellement communiqué doit, à cet égard, accroître notre devoir collectif de vigilance.

Car qu’il soit aujourd’hui un gigantesque puzzle ou une obscure officine, le Nord a tout pour être une de nos forces demain. Un défi sérieux donc, mais un défi maîtrisable comme le processus électoral qui doit nous mener en 2012. Le président et à juste raison avait promis le 22 septembre 2009 qu’il doterait le Mali d’un nouveau fichier électoral pour résoudre le problème congénital et humiliant du fichier actuel qui souffre, tout le monde le sait, d’obésité. Après vingt ans, notre démocratie mérite qu’on lui donne de bonnes élections. Le Ravec y contribuerait. Le point fait mercredi sur ce recensement est un pas dans la bonne direction. Il faudra de plus en communiquer sur les efforts  en cours pour en tirer un fichier électoral. Rien ne rassurerait des parties à 2012 déjà en campagne. Ne nous y trompons pas même si les T-Shirts et les ballons ne sont pas sortis.

Il n’ y a plus qu’une obsession : Koulouba. Koulouba pour le nombril, pas pour le Mali. Koulouba en donnant l’impression au président qu’on est avec lui alors qu’on l’accable dans le secret des salons. Koulouba en faisant le mort, Koulouba en fuyant le débat sur le Mali. Koulouba parce que l’on a l’argent pour acheter l’élection et non parce qu’on peut fédérer autour de soi l’élan nouveau et trans-parti pour une société de victoires. Celle-ci va au-delà d’un parti quel que grand qu’il soit car 2012 doit être le verdict de la seule jeunesse, c’est-à-dire de la majorité et de la vitalité. Nous ne parlons pas la jeunesse à usage unique instrumentalisée par les opérateurs politiques le temps d’un scrutin mais d’une jeunesse saine qui ne transigera pas avec l’avenir et qui ne laissera pas traire le pays.

Adam Thiam 14/01/2011