Cession des terres agricoles à l’Office du Niger : Le Parena ouvre les débats

En d’autre termes, il s’agissait pour les participants d’établir la liste complète des superficies cédées dans le domaine de l’Office du Niger (ON) et dans d’autres régions du Mali;  de faire le point des aménagements effectués sur les terres cédées à l’O.N. et ailleurs au Mali. Il s’agissait d’échanger sur l’impact environnemental et social et sur le débit du fleuve, suite aux aménagements et cultures envisagées dans le cadre des investissements programmés. D’informer les uns et les autres sur le mode de gestion des terres de l’O.N., de proposer des pistes pour la défense de l’intérêt national et une meilleure gestion du patrimoine foncier de l’O.N. et la place à réserver aux exploitations familiales de l’Office.

La discussion autour de ce sujet capital a regroupé, outre les dirigeants du Parena, les représentants de la primature, des ministères en charge de l’Agriculture, de l’environnement, des cadres de l’O.N., des parlementaires, des organisations de la société civile, des organisations paysannes, les collectivités. Etaient présents des représentants des Offices Riz de Ségou et Mopti, des partenaires techniques et financiers etc. Quel est l’état des lieux de la cession des terres agricoles au Mali ? Que disent les contrats ? Comment encadrer les investisseurs privés pour mieux servir l’intérêt national ? Faut-il renégocier les contrats ? Quelles alternatives faut-il pour produire plus et assurer la sécurité alimentaire ? La taille des exploitations familiales ? Quelle sécurité foncière doit-on adopter pour les paysans ? Comment protéger le fleuve et l’environnement ? Quelle politique de gestion des terres ? étaient entre autres, les questions soumises par le Parena aux responsables de la gestion des terres à l’O.N.

Le président du Parena, Tiébilé Dramé, a d’entrée de jeu campé le débat. «Je me réjouis de la présence du représentant du premier ministre et de plusieurs départements ministériels à la concertation. Cela dénote de l’importance que le gouvernement accorde aux préoccupations des partis politiques pour la bonne marche du pays. En organisant cette rencontre, le souci du Parena est d’amener les gens à réfléchir sur les questions d’intérêt national, commun et à ce titre la question d’aujourd’hui qui est importante. Nous comprenons la position du gouvernement qui attire les investisseurs privés nationaux et étrangers pour assurer la sécurité alimentaire. Cela signifie que les efforts nationaux ne suffisent pas pour le faire ou bien qu’ils sont limités.

Le parti du Bélier Blanc ne met aucunement en cause l’arrivée des investisseurs privés nationaux et étrangers à l’office du Niger. Nous n’avons jamais dit que  le gouvernement vend la terre des Maliens. Mais nous disons que l’Etat a cédé aux investisseurs privés nationaux et étrangers des dizaines de milliers d’hectares sans prendre de précautions. On veut tout simplement avoir de l’information vraie sur ces attributions», a déclaré le premier responsable du Parena. Le représentant du premier ministre, M. Kanté, a expliqué la dynamique enclenchée  par l’Etat par rapport à tout ce qui est relatif à la question de l’O.N. L’on note la loi d’orientation agricole qui prend toute l’administration agricole en compte (petite et grande exploitation), la relecture de décret de gérance des terres de l’On, le démarrage des activités foncières, l’élaboration de la politique et loi foncière par rapport aux investisseurs privés.

Cette concertation fait suite au mémorandum adressé au président de la République par la Parena sur la cession des terres de l’On aux investisseurs nationaux et étrangers. Il ressort de cet exposé qu’une cinquantaine de conventions a été signée avec des sociétés ou institutions maliennes ou étrangères pour près de 800.000 hectares de terres, soit 472.000 ha acquis par les investisseurs étrangers et 223.000 ha pour les privés nationaux. Parmi les cessions faites suscitant interrogations et incompréhensions, figurent celles de deux fois 100.000 hectares cédées respectivement à la Libye et à l’entreprise Huicoma.

Hadama B. Fofana

 

Le Républicain 03/06/2011