CANDIDATURE D’ASSIMI GOÏTA A LA PROCHAINE PRESIDENTIELLE   Une équation à plusieurs inconnues

Relance du trafic ferroviaire, lancement des travaux de bitumage de la route Sandaré-Kayes sur 138 Km, construction du second lycée public de Kayes ; remise d’équipements médicaux au Centre de dialyse de l’hôpital Fousseyni Daou… Construction d’un nouveau stade à Tombouctou ainsi que la rénovation des stades de Sikasso, Mopti et Kayes ; construction de 4 000 logements pour les militaires ; création de 13 nouveaux lycées, dont deux lycées d’excellence, dans différentes localités du pays ; l’ouverture d’universités à Kayes, Tombouctou, Gao, Sikasso et Bandiagara… Le président de la transition n’a pas été avare en promesses lors de la visite effectuée le dimanche 23 juillet 2023 à Kayes.

 Des promesses dignes d’un véritable projet de société d’un futur candidat à la présidentielle. On comprend alors aisément qu’elles aient relancé les débats sur une éventuelle candidature du président de la Transition, Colonel Assimi Goïta, à la prochaine présidentielle. Et surtout que, dans la foulée, un polémiste du Conseil national de Transition (CNT) a assuré que des gens travaillent à cette candidature et qu’il n’y a aucun obstacle ne s’y oppose. C’est ce qu’a en effet déclaré Amadou Gilbert Maïga lors d’un débat sur «Joliba TV». 

Et ils sont nombreux les observateurs qui sont aujourd’hui convaincus que ses propos ne sont plus de simples fanfaronnades pour susciter des polémiques stériles. En tout cas, le week-end dernier, on a appris que des jeunes se réclamant de la société civile ont annoncé la création d’une Coalition pour la candidature du Colonel Goïta pour la présidentielle de 2024. Certes, ils sont aujourd’hui nombreux les Maliens qui souhaiteraient voir le Colonel Assimi Goïta briguer la magistrature suprême du pays afin de parachever l’œuvre qu’il a entamée pendant cette transition. 

Ils craignent surtout que tous les acquis ne soient compromis par l’élection d’un politicien qui va se précipiter pour tout remettre en cause. En effet, comme l’écrivait récemment un confrère de la place, la confiance des Maliens envers les politiques est ébranlée ces dernières années, les plongeant dans une profonde méfiance vis-à-vis du leadership civil. Ce dépit de la classe politique ouvre naturellement une brèche pour les militaires qui seraient tentés de saisir l’occasion pour s’engager dans la course à la présidence du pays. Une tentation qui n’est pas «sans susciter à la fois espoir et craintes au sein de la population».

 Un imbroglio judiciaire en perspective ?

Mais sur le plan juridique, cette candidature ne sera pas chose aisée comme le pensent Amadou Gilbert Maïga. Certes, la constitution de février 1992 est aujourd’hui dernière nous. Mais, ce n’est pas forcément le cas de la Charte de la Transition. Celle-ci complétait l’ancienne constitution dans la gestion de la période transitoire. Autrement, ses dispositions ne peuvent pas être remises en cause par la constitution du 22 juillet 2023.

Pour de nombreux juristes, la Charte est loin d’avoir perdu sa «valeur juridique» avec la promulgation d’une nouvelle constitution. Toutefois, les partisans de cette candidature évoquent aussi les articles 155 et 158 du nouveau code électoral. Ces dispositions préconisent notamment que le Colonel Assimi Goïta, si jamais il veut se présenter à la prochaine présidentielle, doit démissionner ou prendre sa retraite anticipée de l’Armée au moins quatre mois avant l’élection. Comme tout militaire qui aspire à occuper le fauteuil présidentiel !

Moussa Bolly