CABLEGATES OU LES MURMURES DE L’ONCLE SAM DE AMADOU WANE L’Interview Exclusive de Moussa Traoré en 1973

Le 13 juillet 1973, il donna une interview exclusive à l’Agence France Presse à Bamako. Le président était candide sur certains sujets, mais vague sur d’autres. Répondant à une question sur le barrage de Manantali, Moussa Traoré était prudent. Il déclara dans un langage vague que la complexité du projet demandait de la prudence. Sa réponse et le départ brusque aux Etats-Unis du ministre du développement industriel, Mamadi Keita, confirmait l’analyse de l’ambassade américaine. Les chinois avaient retardé la construction du barrage et le gouvernement malien cherchait un financement américain. Le coût estimé de la construction du barrage s’élevait à plus de 650 milliards de FCFA. Les études d’ingénierie seraient financées par l’Allemagne, la France et le Canada avec les contrats allant aux compagnies originaires de ces pays.

A propos de la sécheresse qui sévissait dans le pays, Traoré dit que les plus grands efforts étaient concentrés dans la cinquième et sixième région du pays où les pertes de bétails étaient de 20% et 80% respectivement. Pendant dix jours, des avions cargos transportèrent de la nourriture de Mopti à la cinquième et sixième région ainsi que quelques vols vers la deuxième région. Le gouvernement était très satisfait de la quantité et de la qualité de l’aide à la sécheresse provenant des Etats-Unis. Le président exprima sa gratitude pour l’effort continu de l’aide internationale. Mais, il déplorait l’attitude de certains partis qui selon lui avaient exagéré les effets de la sécheresse dans le but de discréditer son gouvernement.

En ce qui concerne les relations franco-maliennes, Moussa Traoré affirma que le Mali n’avait pas l’intention de changer son accord monétaire avec la France. Le gouvernement comptait adhérer à l’accord du 27 février 1967 donnant au Mali sa propre monnaie dans la zone Franc. En même temps, il donna son appui à la décision de la Mauritanie de quitter la zone Franc. A la question de savoir si le Mali allait demander une révision de son accord de coopération avec la France, Moussa Traoré insista que les responsables français et africains reconnaissaient la nécessité de s’adapter à une évolution constante des relations entre la France et ses anciennes colonies, et que les présents accords franco-maliens reflétaient cela.

En 1973, la rédaction d’une nouvelle Constitution était toujours en cours depuis plusieurs années. Répondant à la question sur le progrès de la nouvelle Constitution, le président dit que le comité en charge venait tout juste de finir son travail, et que leur étude était en cours d’être envoyée au comité militaire pour appréciation. Mais rien dans sa remarque ne pouvait être interprété comme un mouvement vers un gouvernement civil. Bien que la nouvelle Constitution fut adoptée, il apporta peu de changements démocratiques pour le malien lambda.
Amadou O. Wane
Collaborateur externe,
Floride, Etats-Unis
amadou@amadouwane.com