brèves

Depuis la chute d’ATT, les ministres n’assistent plus à l’élection Miss ORTM. Moussa Mara avait voulu faire annuler cette manifestation pour faire plaisir à des milieux religieux proches de lui. À l’époque, il était Premier ministre. Mais, c’était sans compter sur la puissance du comité syndical de l’ORTM et des Maliens qui soutiennent cette élection. Mara et son ministre Mahamadou Camara ont échoué. Face à leur échec, Mahamadou Camara avait à l’époque improvisé une visite à la veille de la soirée pour ne pas répondre présent. Cette année, le talibé, Mountaga Tall, qui fréquente aussi avec les milieux religieux, n’a pas été à cette élection. Il s’est fait représenter par un illustre inconnu du public malien. Par ailleurs, cette année, l’organisation de l’élection Miss ORTM n’était pas à la hauteur. Pas de décor, aucun changement ; enfin, rien de spécial. Ils ont beaucoup à faire, les membres du comité syndical, qui devraient penser à s’attacher les services de structures compétences en la matière. En attendant de faire face, dans années à venir, à de sérieux concurrents sur les télés privées.
L’hymne national, une œuvre collective
Beaucoup de jeunes chercheurs et des personnalités politiques, surtout les jeunes leaders de partis politiques, disent très souvent : «Seydou Badian est l’auteur de l’hymne national du Mali». D’autres vont loin en disant que même le drapeau est son œuvre. Alors que c’est l’US-RDA qui a décidé qu’une commission soit mise en place pour la composition de l’hymne national. Le président de la commission était Madeira Keïta. Les membres étaient Seydou Badian, Bazoumana Sissoko, Mamadou Sacko, directeur de la troupe nationale. Gabou Diawara, père de Daba Diawara, était membre de la commission au nom de la jeunesse ; Moussa Taty Keïta, frère de Modibo Keïta, était aussi membre ; il était chargé de faire les sceaux du pays. Me Baba Diarra, docteur en droit, était aussi membre, pour les aspects juridiques. Donc, ce n’est pas Seydou Badian seul, «il a donné des idées comme tant d’autres Maliens. Il ne peut pas dire qu’il est l’auteur de l’hymne national du Mali ; il était membre de la commission mise en place par le parti US-RDA», soutenait Amadou Seydou Traoré dit Amadou Djicoroni.
Privés de leurs droits
La Résolution sur les tragiques événements de Kidal a été adoptée par les députés. La recommandation principale adressée au gouvernement est d’engager le gouvernement à ouvrir une enquête judiciaire en vue de déterminer les responsabilités dans les événements survenus à Kidal. Ont voté pour, 90 députés ; contre, 03 ; abstention, 09. Les débats ont été parfois très houleux sur la meilleure formulation de la recommandation. Pour rappel, ce cas de Kidal, à la différence du cas ATT, est une auto-saisine de l’Assemblée nationale et est examiné selon les procédures d’examen d’un projet ou d’une proposition de loi. La résolution tout comme le rapport de la commission ad ‘hoc et tous les autres documents se rapportant au dossier seront communiqués au Premier ministre pour exploitation. Avouons quand même que c’était un dossier, à la fois assez sensible et délicat, au point que les députés ont été sevrés et du rapport (PV) de la commission ad´hoc et de la copie de la résolution. Une entorse à toutes les règles parlementaires.
Isaac, le «dictateur»
Les mots manquent pour qualifier les attitudes et comportements du président de l’Assemblée nationale du Mali. Il ne s’est toujours pas remis de sa défaite aux communales à Koulikoro. Selon son entourage, tous les jours, ce sont des nouvelles mesures qui pleuvent, des mesures qui n’ont rien à voir avec son travail de président. Il va jusqu’à interdire l’usage du téléphone portable aux participants lors des débats publics à l’Assemblée nationale. Pour ce faire, des gardes supplémentaires sont déployés uniquement dans la salle Aoua Keïta, pour surveiller le public. Les gardes qui font ce travail soutiennent que c’est pour des raisons de sécurité. On se demande lesquelles, dans la mesure où l’usage est interdit au public, mais les députés font ce qu’ils veulent avec leur téléphone. Ils appellent et répondent aux appels sans problème dans la salle. Alors que les journalistes, les visiteurs ont sur leur dos des gardes qui agissent comme l’a souhaité le président de l’Assemblée nationale. En plus de cette disposition, le PAN se donne des pouvoirs extraréglementaires et très souvent pour le contraindre à respecter les textes, il faut des députés aguerris afin de lui dire qu’il ne peut pas tout se permettre. Face aux multiples exigences et décisions d’Isaac, certains députés pensent qu’il est autre «qu’un dictateur».
Gardes zélés ou gentils toutous d’Isaac
Ils sont plus d’une trentaine d’éléments de la garde nationale qui surveillent uniquement l’usage des téléphones portables dans la salle Aoua Keïta. Ils sont de plus en plus répressifs et sans aucun respect avec ceux qui s’entêtent. «On va vous faire sortir de la salle», disent les gentils toutous d’Isaac. Ces militaires armés en costume n’hésitent pas à faire usage de la force en cas de refus d’une personne. Comme ils faisaient ce travail sans aviser les gens ni donner des explications, ils ont voulu retirer son téléphone portable à une dame qui n’est certainement pas importe qui, au niveau de la mouvance présidentielle. Les militaires n’ont pu la faire sortir de la salle, encore moins lui retirer son téléphone. Parce qu’elle a fait intervenir un autre militaire qui est au niveau de la commission défense. C’est grâce à l’intervention de ce militaire que les gens ont compris que ces consignes avaient été données par le président de l’Assemblée nationale. Selon des députés, cette décision n’a jamais été prise lors de la réunion des présidents, encore moins lors d’une plénière. Un journaliste a fait les frais de cette décision du président de l’Assemblée nationale. Il s’agit d’Aguibou Sogodogo du journal Le Républicain. Sans l’intervention des députés, les gardes l’auraient conduit en prison. Alors, «tout doux», «tout doux», gentils toutous.
Des lauriers pour Boubou
Les élus de la nation ont adopté jeudi 15 décembre 2016 la loi de finances 2017, qu’on appelle communément budget. Cette année, le budget est chiffré à 2013 milliards en recettes, 2270 milliards en dépenses pour un déficit de 257 milliards. 330 milliards sont prévus pour l’armée, alors que 460 milliards soit 26% du budget constituent la masse salariale nationale. Les députés à l’unanimité ont salué le ministre des Finances et de l’Economie. Le ton des salutations a été donné par Amadou Cissé de l’URD. «Nous vous remercions pour tout ce que vous êtes en train d’abattre comme travail. L’excellence avec persévérance, ça nous rappelle le passage d’un certain Soumaïla Cissé au ministère des Finances. Courage monsieur le ministre et félicitations pour ce travail remarquable», a-t-il déclaré. Même son de cloche chez Belco Bah, député APM, et Moussa Tembiné, 1er vice-président de l’Assemblée nationale. Ils ont tous reconnu le travail remarquable abattu par Dr. Boubou Cissé, depuis son arrivée à l’hôtel des finances. Ils ont été nombreux les députés à applaudir Boubou Cissé. Quand ce dernier a pris la parole, il a remercié les députés pour cette marque de confiance à l’endroit de sa personne et de ses collaborateurs. Car, pour lui, c’est le fruit d’un travail de groupe.
Décompte impossible
À l’issue des débats sur la loi de finances 2017, il ne restait que le vote des députés. Lors de la prise des paroles, chaque groupe parlementaire a expliqué le choix de son vote. Avant de demander à leurs députés la voie à suivre. Ainsi, le groupe ADP/SADI a demandé à ses députés de s’abstenir de voter cette loi. Le groupe VRD, par la voix de son président Mody N’Diaye, a fait savoir que la loi 2017 n’est pas une bonne loi. Les deux groupes parlementaires n’ont pas voté contre l’adoption de cette loi. Côté majorité, l’Adéma, l’APM et le RPM, plus l’unique député non inscrit ont demandé à leurs élus de voter la loi. Après ces explications, le vote des députés a été impossible. Ils ont voté une première fois par main levée. Le résultat a été : 118 pour, 30 contre et 0 abstention. Ce résultat donne 148 députés alors qu’ils sont 147, moins deux qui sont décédés. Un second vote a donné : 112 pour, 29 contre et 0 abstention, soit 141 députés. Isaac, très en colère, a crié sur les scrutateurs, avant de dire que la 3ème fois sera la dernière. Cela a donné : 104 pour, 24 contre et 0 abstention, soit 128 députés. Ce résultat, qui est très loin de la réalité, a été accepté malgré la protestation des députés de l’opposition VDR, parce que leurs votes n’ont pas été comptabilisés. Lors de cette séance, il y avait 60 députés absents sur 147. Le PAN veut proposer la suppression des primes de session pour les députés absents lors des travaux.
La position d’Ouattara
«Je suis parmi les députés qui ont voté contre la résolution de l’AN qui n’a pas cautionné la mise en accusation d’ATT. Mise en accusation ne veut pas dire condamner. En n’acceptant pas la mise en accusation, tout se passe comme si on est conscient que quelque chose est bien reprochable à ATT. Donc, il faut le protéger. Cela aurait été plus digne et plus noble qu’il vienne devant le juge et qu’il soit blanchi. Seulement envoyé ATT devant le juge est une entreprise risquée, car certains complices et pas des moindres risquent leur peau… Donc, c’est pour sauver la peau de certains que manipulations avec sans doute achat de conscience ont eu raison du verdict de l’honneur. Ce que le procureur qui a formulé les arguments de l’accusation n’est pas fou. Il l’a fait vraisemblablement avec la bénédiction de la présidence et du gouvernement en son temps. Mais, voyant que les choses ne se passaient pas dans le pays à hauteur de souhait, on a compris qu’accuser ATT de haute trahison et l’amener devant la haute cour de justice, qu’on s’est pourtant empressé de mettre en place, était une entreprise risquée. Ne dit-on pas que tant que les feux de brousse ne sont pas terminés, un criquet ne doit pas se réjouir des funérailles d’un autre criquet. Nous sommes convaincus que si ATT s’était expliqué, et qu’il soit blanchi, il en sortirait plus dignement, la tête haute. Comme ça, un goût amer flotte».
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Cheick Ibrahim Khalil Kanouté, guide spirituel des «Pieds nus» du Mali :
«Les dirigeants maliens ont intérêt à changer et avoir pitié des populations avant que celles-ci ne fassent un soulèvement populaire…»
C’est lors d’une conférence de presse que le guide spirituel des «pieds nus» du Mali, Cheick Ibrahim Khalil Kanouté, a tiré la sonnette d’alarme. Cette conférence a enregistré la présence du chef de village de Kati- Koro, du maire central de Kati, son 1er adjoint ainsi que des imams venus d’autres villes du Mali et de nombreux adeptes et disciples du guide. Elle a eu lieu au Conseil de Cercle de Kati sur le thème «paix et sécurité au Mali ». C’était le 11 décembre 2016.
Dans son allocution, le maire de Kati, Hamala Haïdara, a salué l’initiative du guide des «pieds nus», lequel, a-t-il dit, est un homme de Dieu très écouté à Kati grâce à son sérieux et son respect envers son prochain. Ensuite, les imams invités à la conférence ont fait leur contribution sur le thème de la sécurité et la paix au Mali. Ils ont été tous unanimes à reconnaître que c’est la mauvaise gestion du pays par les dirigeants qui est à l’origine de la crise que connaît notre pays.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, le guide spirituel a expliqué que cette conférence est organisée dans le cadre de la célébration du Mawlid 2016. Elle est aussi une contribution des «pieds nus» à la résolution de la crise malienne. Pour le conférencier, Cheick Ibrahim Khalil Kanouté, les Maliens et surtout les gouvernants sont responsables de la crise qui affecte le Mali.
«Les autorités ne gouvernent plus pour l’intérêt général mais plutôt pour l’intérêt personnel. La quête exagérée du profit personnel au détriment de l’intérêt général crée de la frustration et ébranle la société. S’y ajoute le fait que les autorités ne traitent pas tous les Maliens sur le même pied d’égalité. C’est frustrant d’avoir l’impression qu’il y a des Maliens qui sont plus Maliens que d’autres, et ont plus de droit que les autres Maliens», s’est-il indigné. Et d’ajouter : «Dans notre société, l’injustice a tendance à être la règle et la justice, l’exception. Comment peut-on s’attendre à la paix et à la sécurité dans une telle société ? Le problème de notre pays, ce sont les autorités et les hommes politiques qui gouvernent dans le mensonge. S’ils sont incapables de dire la vérité, je la dit haut et fort. Je ne crains personne, sauf Dieu».
L’indifférence des populations, a indiqué le conférencier, fait partie des causes de la crise. «Surtout quand on sait que les autorités font qu’elles veulent sans être contestées ou menacées par les populations», a-t-il affirmé. Il reconnaît que les leaders religieux jouent un rôle capital dans la stabilité du pays, mais regrette de constater que certains d’entre eux, au lieu de jouer ce rôle, utilisent la religion comme fonds de commerce en entretenant la confusion dans la tête des populations.
«Il est temps de panser la plaie du Mali. Et cela ne peut se faire si nous ne nous disons pas la vérité, si nous ne nous donnons pas la main, si nous ne nous sacrifions pas pour le pays, et si nos autorités ne se décomplexent pas face aux Occidentaux. Nous devons savoir et accepter que notre sécurité dépend de nous-mêmes et non des Occidentaux», a pesté Cheick Ibrahim Khalil Kanouté.
Actualité oblige, en ce concerne qui le terrorisme, le guide Kanouté n’a pu s’empêcher d’en parler. «On veut coller forcément le terrorisme à l’islam», a-t-il estimé. À ce sujet, il a rebondi en affirmant : «Aucun chapitre, ni sourate du Coran, qui est le cadre de référence de l’islam, ne fait la promotion de la violence, ni du crime. Sauf, par erreur, aucun musulman n’a le droit d’ôter la vie à autrui. Il est dit dans le Coran que celui qui tue son prochain, c’est comme s’il avait tué toute l’humanité, et celui qui sauve une vie, a sauvé l’humanité … C’est pour dire que ceux qui tuent au nom de l’islam, ne sont pas des musulmans. Le concept de terrorisme a été inventé par les juifs pour combattre l’islam et ternir son image». Et «je n’ai jamais demandé à quelqu’un, ni à mes disciples, de ne pas porter des chaussures. Par amour pour notre Prophète Mohamet (PSL), je marchais des fois pieds nus, comme aimait le faire très souvent le Prophète. C’est juste pour imiter une démarche de notre prophète. Par amour aussi, pour moi, mes disciples ont adopté cette démarche», a-t-il expliqué.
Rappelons que Cheick Ibrahim Khalil Kanouté est né à Ké-Macina en 1965. Il est originaire de la région de Kayes et domicilié à Kati. Il a passé 14 ans en prison suite à l’affaire dite «affaire du juge de Dioïla». Malgré ce long séjour carcéral, il se dit plus que jamais déterminé à combattre l’injustice sous toutes ses formes.
Ousmane DIAKITE/Stagiaire