BAROMETRE DE CONJONCTURE DES ENTREPRISES DU MALI:La plupart des chefs d’entreprises ne connaissent pas les lois et les règlements qui régissent leurs structures

La salle Moussa Balla Coulibaly du Conseil National du patronat du Mali (CNPM) a servi de cadre, le jeudi 30 novembre 2017, à la tenue de la 5ème édition du baromètre de conjoncture des entreprises du Mali. La présentation du livre a été faite par Daha Tidiane Ba, coach professionnel certifié ICF consultant international, en présence du président du CNPM, Mamadou Sinsi Coulibaly, des chefs d’entreprises ainsi que plusieurs autres personnalités.

Initié par le Conseil national du patronat Mali, les analyses du présent rapport portent sur 162 entreprises formelles, comprenant 71% de SA ou SARL. Les opinions exprimées sont représentatives de celles des entreprises du secteur privé du Mali. L’objectif de l’étude du baromètre était d’identifier le point de vue des chefs d’entreprise sur toutes les politiques du climat des affaires au Mali.

Selon Daha Tidiane Ba, les indicateurs sur l’évolution de l’environnement des affaires piquent vers le bas depuis 2015. La disponibilité des facteurs de production, à des coûts adaptés aux entreprises reste problématique : 47% d’avis exprimés concluent à la disponibilité, 36% à des coûts adaptés. Seul un tiers des ME (Moyennes Entreprises), des industries et des entreprises maliennes apprécient l’état des infrastructures de base. Les chefs d’entreprises sont satisfaits de l’offre et de la demande sur leurs marchés principaux (en termes de qualité). En revanche, ils apprécient moins (7 dirigeants sur 10) la qualité des produits concurrents et la déloyauté des concurrents. Les dirigeants connaissent peu les lois et règlement qui régissent leurs secteurs. Pour ceux qui les connaissent, il n’y a que 39% en 2017 qui les trouvent adaptées, à leurs situations et à leurs contextes ; contre 44% en 2016. Ce sont les industries et entreprises maliennes qui sollicitent le plus les structures d’appui. Et elles sont seulement 47% à déclarer leur satisfaction des services offerts. Les structures de régulation sont mieux connues que les structures d’appui. Toutefois, les entreprises qui les trouvent crédibles sont les entreprises africaines (51% d’avis positifs sur leur crédibilité), les industries 47% et les Grandes Entreprises (GE) et Moyennes Entreprises (ME) 47%. Ces niveaux de crédibilité sont en baisse, d’une année sur l’autre, depuis 2015 (-16 points). L’Etat semble prendre de moins en compte les attentes majeures des entreprises dans ses priorités majeures.

La situation économique des entreprises, dira M. Ba, semble en perte de vitesse, alors que des signes d’espoir étaient présents l’année précédente. En dehors des Très Grandes Entreprises (TGE), on trouve à peine plus de la moitié des entreprises des autres catégories, à réaliser les performances en termes de chiffre d’affaire (CA), de marge et d’investissements. Les GE maliennes réalisent plus de chiffre d’affaires (CA) moyens que leurs homologues africaines ; presqu’à la même hauteur que les non-africaines. Les GE industrielles réalisent plus de CA que les GE de services ; à l’inverse des PME industrielles comparées aux PME de services. En moyenne, elles emploient le double de permanents et investissent plus que les GE de services. Sur le terrain de l’investissement, les ME maliennes et les GE maliennes investissent en moyenne, plus que leurs homologues africains.

Toujours selon le consultant international, la politique en vue d’améliorer l’environnement des affaires devrait se focaliser de plus en plus sur les entreprises maliennes : les Petites Entreprises (PE) pour les amener au niveau des ME, les ME pour les transformer en GE et les GE pour en faire de TGE. La politique envisagée devra opérer : en adaptant les dispositifs d’appuis et de régulation à la taille des entreprises : leurs problèmes sont différents. Pour plus de disponibilité des facteurs de production, à des coûts permettant des rentabilités des entreprises ; en direction des ME et GE notamment. Pour favoriser les investissements, avec un effort plus soutenu pour les financements dans les PE et ME et des dispositifs facilitant des apports en fonds propres.

Dans ce dernier cas, on remarque que plus elles sont grandes, plus les entreprises ont des capitaux étrangers dans leurs fonds propres. Pour assainir les pratiques sur les marchés, avec son corollaire, pour la commande publique de payer les créances à temps ; parce que ce sont les PE qui souffrent le plus de la dette intérieure. L’ensemble de ces orientations devraient être soutenu par une collaboration étroite et franche entre les structures de décision de l’Etat et les représentants du secteur privé.

Mamadou DOLO
dolo@journalinfosept.com