BAMAKO:Deux individus arrêtés pour vente de faux médicaments contre l’Ebola

Le 18 novembre 2014, vers 11heures, un certain Abdoulaye Ouédrago se rend à la Cité administrative dans le but de suivre la demande d’audience déposée par son association auprès du cabinet du ministre de la Santé pour la promotion de leur médicament préventif contre la maladie a virus Ebola. Au moment de franchir le portail de la Cité administrative, il est soumis au contrôle de température par les gendarmes. Abdoulaye Ouédrago apprécie cette mesure et remet en conséquent aux agents des flacons. Le premier flacon contenant de petits comprimés avec mention « Prévention contre Ebola » Crotalus 30 et le second produit, acconitum 200 est une solution de 1,5ml. Après leur avoir remis ces produits aux gendarmes, Ouédrago a pris le soin de leur communiquer son numéro de contact en cas de besoin.

Le geste trop généreux suscitent la curiosité des agents qui ont automatiquement rendu compte à leur hiérarchie. Le lendemain, le médecin colonel Boubacar Dembélé appelle le nommé Abdoulaye Ouédrago à qui il a présenté ses encouragements pour le nouveau produit et l’incite à revenir pour une rencontre. Ne soupçonnait rien, cet agent commercial a accepté et se présente à la Cité administrative pour satisfaire cette commande le 19 novembre 2014. Il est aussitôt interpellé et conduit à la Brigade territoriale de Bamako-Coura pour les investigations. Au cours de cette enquête, les éléments du Major Lassana Tamba Keïta conduits par l’adjoint au CB, ont effectué le déplacement à Djélibougou pour  perquisitionner  le domicile et la clinique du promoteur. Ce dernier se nomme Mahoud Nasir SAQIB, de nationalité Paskitainse. A l’issue de cette

perquisition, deux cent trente-trois (233) flacons ont été découverts chez Saqib  qui a été interpelé pour les besoins de l’enquête.
Enquête

Aux enquêteurs, Abdoulaye Ouédrago s’est dit être un missionnaire d’une association caritative pakistanais dénommée JAMAAT ISLAMIYA HAMADIYA résidant au Mali. Cette association a comme chef au Mali le docteur Mahmout SAQIB, spécialiste en Homéopathie.

Ce dernier est le fabriquant du produit suspect. Selon Saqib, cette fabrication a été faite suivant ordonnance du chef spirituel suprême de l’association Hamadiya, le Calife Mirza Massror Ahmad, résidant à Londres (Angleterre).

Dans ses déclarations, il laisse entendre que le produit qui fait l’objet d’enquête existerait depuis plus de cent (100) ans, sans effet secondaire car il est fait à base de plante.

Pour tenter de convaincre les enquêteurs, Abdoulaye Ouédrago a déclaré qu’il a même déposé une demande d’audience auprès du département de la Santé et de l’Hygiène publique pour  la promotion de ce produit homéopathique sensé prévenir la fièvre hémorragique à virus Ebola. Il aurait dans la même foulée gratuitement livré ce produit aux gendarmes et sans qu’on lui en fasse la demande.

Au ministère de la Santé, le même individu aurait déposé des flacons pour le ministre et un de ses collaborateurs.

Ledit produit porte les inscriptions suivantes : prévention contre Ebola, Croytalus 30 et Acconitum 200. Le premier flacon contient des granulés et le second est une solution liquide de 1,5 ml.

Soumis à un interrogatoire de rigueur, Abdoulaye Ouédrago et son chef Mahmoud Saqib reconnaissent qu’ils n’ont pas eu l’agrément du ministère de la Santé pour ce produit préventif contre Ebola.

Saqib a expliqué que le produit est purement homéopathique et n’aurait aucun effet secondaire. Pour gagner l’indulgence des enquêteurs, il déclare que son association projette une opération d’envergure de cataracte le vendredi 28 novembre prochain et que plus de deux cent (200) personnes seront opérées gratuitement. Mahmoud Saqib ajoute qu’il a des missionnaires à Ségou et Kayes et que ces derniers étaient venus à Bamako pour la rencontre, mais qu’il ne sait pas s’ils ont emporté avec eux le produit incriminé. Ces faux fabricants, recevaient de la Côte d’ivoire des flacons vides pour la fabrication sur place du produit suivant ordonnance de son calife.

Des contrôles du laboratoire national de la Santé, il ressort que  la teneur du produit en alcool  est d’environ 90%. Au ministère de la Santé, on rappelle que  tout médicament, simple qu’il soit ou répondant aux produits homéopathique, même sans indications particulières, doit être soumis à la direction de la pharmacie et du médicament pour avis de la Commission nationale d’autorisation de mise sur le marché créée à cet effet.

C’est pourquoi, les deux individus ont été déférés devant la justice et doivent répondre  de l’atteinte au droit de brevet délit prévu et réprimé par l’article 248 du code pénal, de faux en écriture, un crime prévu et réprimé par l’article 102 alinéa 1 du code pénal, et le délit de contrefaçon de marque, crime prévu et réprimé par l’article 98 du code pénal.
Les deux individus méditent sur les sort derrière les barreaux pour les forfaits commis par la promotion de ces faux médicaments.

Ousmane Daou

Source: Le 22 Septembre 2014-11-24 01:53:32