«Aventures et mésaventures» : Un recueil des principes sacrés de la vie en communauté

recueil des principes sacrés de la vie en communauté
    «À vouloir répliquer immédiatement à une offense, on risque d’en prendre une autre beaucoup plus douloureuse». «L’offense est la mère de la vengeance ».
    «Qui creuse le puits de la trahison y tombera».
    Voici quelques enseignements parmi tant d’autres que l’on peut tirer du nouveau recueil de contes, de légendes et d’épopées de Bréhima Touré, journaliste, écrivain.

Dans cette nouvelle parution, l’auteur sort de sa peau de romancier et s’essaie au conte au bénéfice de la nouvelle génération.

Le coup d’essai est un coup de maître.

Quiconque aura lu les historiettes se remémorera, à coup sûr, s’il en a vécu, des soirées de contes animées par les grands parents ou oncles après le diner.

Dès les premières pages, l’on se trouve replongé dans l’enfance.

L’ouvrage d’une centaine de pages édité par L’Harmattan Mali regorge de valeurs morales, de leçons de vie et d’exemples instructifs.

Pour la génération qui n’a pas eu la chance de se faire raconter des contes, il s’agit bien d’une aubaine.

Les thèmes abordés tels que la fidélité, la trahison, la vengeance contribuent sans nul doute à inculquer les principes sacrés de la vie en communauté à la jeune génération en perte de repères.

à travers ces contes, Bréhima Touré met en scène des personnages tels que Dissiba ou encore Séni dont les comportements enseignent, la persévérance, la patience, la gentillesse, la sagesse, le refus de l’arrogance ou de la méchanceté.

Séni, un orphelin de père et de mère, finit par perdre sa grand-mère qui lui tenait lieu de maman après le décès de sa mère.

à la suite de ce décès brutal, il devint le « bon à tout faire » de Sounkoura, la femme du frère cadet de son père.

Celle-ci n’avait pas encore enfanté et méprisait Séni.

Ce mépris fut aggravé lorsque les détenteurs de savoir occulte lui apprirent qu’elle aura un fils mais que celui-ci vivra au crochet de Séni à qui reviendrait la chefferie de la famille.

Les mages ajoutèrent que Séni aura une renommée qui traversera les marigots et les fleuves.

Pour la méchante tante, il fallait détruire « les mauvaises herbes avant qu’ils n’étouffent les cultures ».

Elle fit subir à Séni toutes sortes de mauvais traitements.

à la suite d’une brouille entre le berger du village et son oncle, Séni fut contraint de faire le bouvier.

Qu’il pleuve ou qu’il vente, Seni conduisait les bêtes en brousse jusqu’au jour où il rencontra un vieil homme qui n’était autre qu’un djinn avec qui il noua une relation.

Ce vieux djinn était devenu perclus, suite à une grave maladie.

Il avait perdu son épouse et vivait en compagnie de sa fille.

Ils étaient en manque d’eau puisque les mares et les marigots s’asséchaient.

Malgré cela, le djinn perclu refusait que sa fille s’éloignât pour aller à la recherche de l’eau.

Du coup, la jeune fille et son père avaient fait trois semaines sans boire.

Alors, l’occasion était bonne pour lui de demander à Séni de leur apporter régulièrement de l’eau.

Le petit garçon accepta et ne montra aucun signe de découragement en aucun jour.

Alors, au fur et à mesure que les jours passèrent le vieux apprît à Séni des savoirs surnaturels.

Il lui conseilla de se laver avec la décoction de feuilles de sept arbres.

Il sera très célèbre et son nom sera chanté dans la contrée même après sa mort.

Le vieux offrit également une onction à base de beurre de karité.

Il devait oindre son corps avec cette onction et quiconque lui voudra du mal sera transformé en chiot.

Le jadis souffre-douleur Séni, devint la coqueluche des jeunes et des moins jeunes.

Sa tante Soukoura tenta de l’éliminer en mettant du poison dans son plat.

Celle-ci fut métamorphosée en chiot.

Grâce aux incantations que le djinn lui donna, Seni ramena sa tante dans sa forme humaine. Mais celle-ci finira par se donner la mort.

Le djinn Oursou décéda et Séni se maria avec sa fille Oursatou et bénéficia d’une grosse quantité d’orléguée par le vieux.

Sa patience et sa persévérance payèrent et sa tante aussi fut châtiée pour sa méchancété.

Dissiba, cet autre personnage était un guerrier invincible qui dictait sa loi.

Il se proposa de représenter son père à la cérémonie de circoncision des fils de son oncle Massa où la favorite de ce dernier lui fit les yeux doux.

Vexé par les gestes de tendresse de sa favorite à l’égard de Dissiba, l’oncle décida de décapiter les chanteuses qui refusèrent de dédier une chanson à son neveu.

Ce dernier s’imposa estimant qu’il s’agissait d’une décision injuste. Pire, il offensa, déshonora Massa publiquement.

Touché dans son honneur, Sirakoro le fils de Massa jura de laver cet affront proprement.

Quand la date du mariage de Dissiba fut fixée, l’heure de la vengeance sonnât pour Sirakoro. Il enleva la femme de Dissiba et l’attendit sous un baobab, hors du village.

Quand Dissiba se présenta, Sirakoro réussit à anéantir ses facultés motrices à l’aide d’un gris-gris. Face à l’humiliation, Dissiba se donna la mort en enfonçant le canon du fusil dans sa bouche et actionna la détente. Il a payé cher son arrogance et pour l’offense à une personne ayant l’âge de ses parents.

En dehors des leçons de vie qu’il enseigne, « Aventures et méventures » contribue à la formation surtout des jeunes à travers des questions de compréhension, des leçons de vocabulaire, de grammaire, de conjugaison à la fin de chaque historiette.

Il s’agit de la quatrième publication de Bréhima Touré après trois romans. « Aventures et méventures » est disponible à la librairie Ba, au Grand hôtel de Bamako à 5.000 Fcfa.

Aminata Dindi SISSOKO / Source: L’Essormali