Affaire dite des bérets rouges : Sanogo et ses acolytes sur le chemin de la CPI

Si c’était envisagé sans être certain, l’éventualité est prise au sérieux dans le monde judiciaire. Même si, selon un célèbre juriste de notre pays, qui a requis l’anonymat, «aucun juriste malien n’oserait dire la vérité aux militaires inculpés et placés sous mandat de dépôt». Jusqu’au jour, dit-il, «où ils se retrouveront devant d’autres juridictions en dehors du Mali».  Notre juriste en est à ce point convaincu qu’il dit avoir échangé sur le sujet avec d’excellents avocats et magistrats de notre pays. Lesquels analysent de la même manière les dernières évolutions dans ce dossier.

Il fait par ailleurs remarquer : «On voit que ça devient de la folie. Haya s’enfonce avec tant de corps retrouvés dans des charniers, fosses communes, puits dans les villas. Je vois que ce sont les deux affaires maintenant. Hé oui, ça a l’air de 30 avril 2012 et 30 septembre 2013 cumulées».
Le corps retrouvé dans une villa serait celui de Youssouf Traoré

Notre juriste ose même certaines déductions : «Le corps retrouvé dans une villa semble être celui du mari de Saba Sissoko. Il s’agit sans doute du corps du mari de Saba, parce qu’il a été retrouvé avec des galons de colonel. De ce point de vue, les choses sont claires». Par ailleurs, nous a-t-il fait comprendre, «une mort ne reste jamais un mystère tant qu’elle est commise par des hommes. Ils finissent toujours par parler». De ce fait, estime-t-il, «c’est gros de garder une mort surtout atroce sur la conscience».  Et d’ajouter : «Les  gars de Kati se sont enrichis, mais ils vont mettre tout dans leur défense. Je vois que Mariko a eu quelque chose avec eux, il reprend du service. Mais, ce n’est pas évident devant des cadavres».

En outre, il dit commencer à croire à ce qu’un de ses interlocuteurs lui a dit un jour : «Un de mes vieux m’a dit que Sanogo est en prison pour le reste de ses jours. Je commence à y croire. Mais, je me dis : sa place n’est pas forcément là-bas. Le  dossier accumule des charges et c’est le chemin de la CPI qui est le plus recommandé». Et pour cause : «Parce que quand un dossier judiciaire se charge, la question de la compétence se pose ; c’est ce que l’on appelle : les crimes massifs. Donc, Sanogo et les autres seront transférés à la CPI. Avec les morts-là, Karembé sera dessaisi. Il y a  plus de 30 corps !». Mais, reconnaît-il, «il peut y en avoir encore que ce ne serait pas une cause de dessaisissement».

Dioukha SORY

SOURCE: Le Reporter  du   4 mar 2014.