ACCORD POUR LA PAIX ET LA RECONCILIATION Installation des autorités intérimaires : Kidal continue de tout bloquer

Après une première prise de contact il y a une dizaine de jours à Bamako, les discussions autour de la situation de Kidal ne se sont pas poursuivies, selon les responsables des mouvements armés contactés par Sahelien.com.
Joint en milieu de semaine dernière par la même source, le porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), Almou Ag Mohamed, a affirmé que « depuis tout le week-end (Ndlr : le week-end du 12 aout), il n’y a pas eu de discussion. Ce matin (Ndlr : mardi 16 aout), on nous a appelé pour nous dire qu’éventuellement, il va y avoir une discussion autour des modalités de cessation des hostilités, mais jusque-là, on ne nous a pas donné l’heure ni le lieu. On attend ».

Le Secrétaire général du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), Fahad Ag Almahoud a indiqué, à la rédaction de Sahelien.com, mardi dernier que les échanges n’ont pas commencé.
Avant les affrontements meurtriers de ces dernières semaines dans la région de Kidal, un chronogramme détaillé de mise en place des autorités intérimaires avait été adopté, à l’issue d’une rencontre entre les représentants des mouvements signataires de l’accord pour paix et le ministre de la décentralisation et de la réforme de l’Etat.

Interrogé, le porte-parole de la CMA, estime que la priorité aujourd’hui, c’est d’abord la cessation des hostilités, suivront l’opérationnalisation du Moc (Mécanisme opérationnel de coordination, Ndlr) à travers les patrouilles mixtes et la mise en place des autorités intérimaires.
« Je ne vois pas comment, il faut mettre en place les autorités intérimaires dans ce contexte. Il y a des préalables. Qui sécurisera les autorités intérimaires ? », a répondu, de son côté, le SG du Gatia.
En attendant, une mission d’information et de sensibilisation du gouvernement sillonne les différentes localités du Mali, pour s’entretenir avec les populations sur les dispositions du Code des collectivités territoriales relatives à la mise en place des autorités intérimaires.

POLITIQUE
Mara à la rescousse du régime GMT : un avocat du diable sort du bois

Dans une tentative maladroite de disculpation des tares du régime de Moussa Traoré, l’ancien Premier ministre d’IBK flingue la mémoire collective du peuple malien : « Ce sont certains mensonges qu’on a fait miroiter au peuple qui ont fait tomber le régime de Moussa Traoré ». C’est bien le buzz de la semaine.

Rien n’arrête plus Moussa Mara, homonyme de l’ancien président Moussa Traoré (ci-devant dictateur du Mali), pour fustiger ses adversaires et tombeurs. Décidé à se faire entendre, M. Mara charge les hommes politiques notamment ceux qui ont gouverné après Moussa Traoré :

« Ce sont un certain nombre de mensonges qu’on a fait miroiter au peuple, et ce sont ces mensonges qui ont fait tomber le régime de Moussa Traoré. Et malheureusement, aujourd’hui ce sont ces mêmes mensonges qui continuent de diriger ce pays et d’accéder au pouvoir. Le premier lot de ces mensonges, c’est de promettre de faire la politique avec honnête et intégrité. Deuxièmement, de déclarer faire en sorte que pauvres et riches soient égaux devant la loi et enfin que le pauvre ne soit pas dépouillé au profit du riche. C’est par ces slogans qu’ils ont fait tomber le régime de Moussa Traoré et instauré la démocratie. Mais aujourd’hui, force est d’admettre que tous ceux qui connaissent la réalité de ce pays peuvent attester qu’il y a plus d’injustice, de corruption au Mali que sous l’ex-président Moussa Traoré ».

Compagnon d’arme du père
A en croire Moussa Mara, après la chute de Moussa Traoré, ceux qui l’ont fait tomber n’avaient aucune préoccupation que leurs poches : « Plus de 25 ans après l’avènement de la démocratie, certaines de ces personnes sont dans la majorité présidentielle, tout comme à l’opposition. En un moment ils se regroupent, souvent ils se dispersent en fonction de leurs intérêts. Il faut reconnaître en un mot qu’ils sont tous les mêmes ».
Moussa Joseph Mara n’en est pas à sa première sortie du genre. A la célébration des 25 ans de la démocratie malienne, il avait sorti l’artillerie lourde contre les acteurs du Mouvement démocratique et tous qui ont fait don de leur vie pour un Mali pluriel.

Derrière les propos de l’ancien chef de gouvernement, certains Maliens perçoivent un combat pour légitimer le régime de parti unique. Son père, le colonel Joseph Mara (paix à son âme), ancien ministre de la Justice, ancien maire de Kati et ex-président de la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite sous la dictature militaro-civile de l’UDPM-CMLN, en était un dépositoire pour avoir activement au renversement du père de l’indépendance nationale.
La réaction du mouvement démocratique se faisant toujours attendre, « Tonton Flingueur » a tout un boulevard de contrevérités assuré devant lui.
A. M. C.