ACCORD-CADRE DU 6 AVRIL: La classe politique entre satisfaction et interrogations

La classe politique, dans sa majorité, se veut optimiste, et pense qu’il s’agit d’un grand pas en avant. A l’URD, on se réjoui de l’application de l’article 36 de la Constitution du 25 février 1992. « C’est cela que nous avons demandé : sortir du problème de la meilleure façon », commente Adama Coulibaly, 2e vice-président du bureau national de la Jeunesse URD.

Pour le parti Sadi, l’accord semble ouvrir de nouvelles perspectives pour le règlement de la crise politique et institutionnelle que traverse notre pays. « Aujourd’hui, ce document répond aux aspirations du peuple malien puisqu’il ne fait pas l’objet de contestations », apprécie Dr. Etienne Oumar Sissoko.

Cependant, prévient-il, « les termes de l’accord risquent d’être compromis si on ne respecte pas les textes, en essayant d’imposer un Dioncounda Traoré après le délai de 40 jours prévu par la Constitution ».

Pour lui, « la tenue d’une Convention nationale à laquelle prendront part les forces vives de la nation permettra de dégager les orientations et les aspirations des Maliens ainsi que les exigences pour une démocratie débarrassée de ses fossoyeurs ».

« De bases très floues »

A l’Alliance des démocrates patriotiques pour la sortie de crise (ADPS qui regroupe la Cnas de Soumana Sako, le parti Yéléma de Moussa Mara, etc.), on estime que l’accord  représente un premier pas vers la transition. Cependant, regrette ce regroupement, il est impossible d’appliquer de manière stricte, sur le plan juridique, politique et matérielle, l’article 36 auquel il est fait référence.

L’ADPS, par la voix de Soumana Tangara de la Cnas, regrette que « l’élaboration et la conclusion de l’accord-cadre aient été menées en l’absence de participation formelle de parties prenantes nationales, dont la classe politique et la société civile, alors même que celles-ci ont un rôle majeur et incontournable dans sa mise en œuvre et dans la réussite de toute stratégie efficace et durable de sortie de crise ».

En plus, M. Tangara constate que l’accord du 6 avril « laisse subsister des zones d’ombre et soulèvent d’importantes questions qu’il convient de clarifier dès le départ afin d’éviter d’éventuelles complications susceptibles d’entraîner des blocages pouvant être préjudiciables à une bonne conduite du processus de sortie de crise ».

Violation de la Constitution

L’accord du 6 avril suscite également des commentaires à la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM). Son président Hammadoun Amion Guindo, qui préside la Coordination organisations patriotiques du Mali (Copam), prend acte de la convention signée. Pour lui, il a ceci de bon qu’il lève l’embargo de la Cédéao contre le Mali d’une part, et d’autre part l’embargo des tenants de l’ancien régime sur notre transition.

« Nous avons aujourd’hui un adversaire de taille. Il s’appelle la rébellion au nord du pays. Sa gestion par le régime sortant a été catastrophique. Nous demandons alors au peuple malien un sursaut d’orgueil pour ne pas tomber dans les mêmes erreurs », confie M. Guindo.

Au Mouvement populaire du 22-Mars, si l’on se réjouit de l’accord, le temps est à la mobilisation et à la vigilance des Maliens. Son représentant, Mohamed Tabouré, estime que l’accord revêt des insuffisances comme l’absence de la tenue d’une Convention nationale conformément à la déclaration, le 1er avril dernier, du capitaine Amadou Haya Sanogo.

Cette Convention, explique le militant du MP-22, devait définir la feuille de route de la transition et la mise en place des organes de gestion. Aussi, le MP-22 (membre de la Copam), pense que la prolongation du mandat des députés prévue dans l’accord, est anticonstitutionnelle. « A partir du 9 août, les députés seront non pas sou le mandat du peuple malien, mais celui de la Cédéao », a dénoncé pour sa part Mohamed Tabouré.

Issa Fakaba Sissoko  

L’Indicateur Du Renouveau 11/04/2012