ABUS DE POUVOIR, MÉCONNAISSANCE DES TEXTES OU INAPPLICATION DES LOIS AU MALI

Bathily recadre et « swipe » le Procureur Touré

Depuis quelque temps, le Procureur Touré multiplie les incartades et les maladresses à telle enseigne que des magistrats le « swipent ». Face aux critiques, de plus en plus acerbes, on craint un déni de justice puisque beaucoup pensent que la loi n’est pas rendue au nom du peuple malien. Et si les Maliens se murent dans le silence de peur d’être écroué ou de voir échoir l’Epée de Damoclès sur la tête, l’ancien ministre Mohamed Bathily a, lui, franchi le Rubicon et dénonce les mises en scène de Touré. Bataille entre magistrats ou remise à niveau de l’élève par le professeur ? Jusqu’où s’arrêteront le zèle et l’abus de pouvoir de Touré ? Ou s’agit-il d’une incitation à verser des rançons avant de dire le droit ?

Chacun sait que le procureur général, près le tribunal de la Commune IV est chargé de la lutte contre la cybercriminalité. C’est à ce titre qu’Idrissa Hamidou Touré est compétent pour connaître les affaires relevant de ce domaine. Mais l’homme est aujourd’hui contesté.

C’est un Mohamed Aly Bathily que nous avons vu, dans une vidéo, très remonté, invitant Toure à l’application correcte de la loi et relatant ses mésaventures. Répondant au procureur sur sa sortie médiatique ratée, l’ancien ministre a fait savoir que, lui, Bathily a travaillé au sein du Parquet, y a enseigné, et a présenté sa thèse doctorale dans ce domaine. Donc, c’est un fin connaisseur qui s’exprime dans son domaine de prédilection.

« Dire le droit »

Pour Bathily, quand on met quelqu’un aux arrêts, on le présente à un juge d’instruction pour les besoins de l’enquête préliminaire. Mais il s’avère que sur ce terrain, le procureur n’est pas en odeur de sainteté avec les textes. Or, Bathily est formel, on peut arrêter quelqu’un par précaution ou par anticipation en raison de la gravité de l’infraction, mais aussi pour éviter que l’auteur présumé ne prenne la fuite avant son jugement. A en croire Bathily, le procureur Touré doit plutôt « dire le droit ». Il s’insurge contre le fait que le magistrat se fixe une peine, dans sa tête, sans se référer aux textes de loi. Doit-on arrêter un coupable dans le seul but de le discipliner comme relève la vidéo incriminée ?

Pour des professionnels que nous avons approchés, de telles pratiques ne synchronisent pas avec le droit mais doivent avoir d’autres explications… Vous parlez de paiement de rançon ? Au demeurent, sans enquête, sans preuve, sans présentation à un juge d’instruction, les arrestations deviennent abusives et relèvent de l’excès du pouvoir. Et à Maître Bathily de remuer le couteau dans la plaie en déclarant que « Nul n’a le droit de s’inventer des lois et de les expliquer comme ça » avant de défendre que le procureur Touré s’est lui-même fait piéger.

L’ancien ministre et professeur de droit émérite va même plus loin puisqu’il pense que l’acte du juge anti cybercriminalité serait « un règlement de compte ». Voilà bien un Uppercut qui laisse tituber notre procureur. Selon toujours Bathily, le juge n’a pas le droit de sanctionner quelqu’un sans connaître les vrais mobiles de son arrestation. Là encore, le procureur Touré est à genoux. S’en relèvera t-il ?

Confiscation de la liberté d’expression ?

Pour terminer, Bathily croit dur comme fer que certains ont le bénéfice de la liberté d’expression et d’autres NON. Il en veut pour preuve l’appel à la mort lancé contre lui et son fils Ras Bath. Il dégaine et explose tout en indiquant qu’il s’agit d’une incitation à la violence et défend qu’aucun procureur n’ait osé lever le petit doigt pour le défendre. Certains ont-ils le privilège et le monopole de la parole et d’autres NON ? s’est-il interrogé.

Cela prouve, à notre avis, qu’un homme est devenu un loup pour un autre homme, au Mali. C’est la loi de la jungle. C’est la République bananière. Le Mali a une justice « à deux vitesses », a informé Maître Bathily qui dit « assumer ses propos sans crainte ». « Un inconnu a tiré sur moi » s’est-il alarmé, argumentant qu’aucun justicier n’a levé le petit doigt

Bathily revendique sa liberté d’expression. « Je suis prêt à être envoyé devant un peloton d’exécution sur une place publique », a-t-il martelé en père sublime et résilient. Et se demande alors aisément légitimement si le Mali est « un pays sans lois ». Et de se questionner : « Où se trouvaient pendant ce temps les mandats de dépôt de Touré » tout en dénonçant l’acharnement contre sa famille. Avant de conclure : « Si vous voulez qu’on se révolte, on le fera ». Avertissement sans frais.

Issiaka SIDIBÉ