CREATION DE L’ALLIANCE NATIONALE POUR LA SAUVEGARDE DE L’IDENTITE PEULH ET LA RESTAURATION DE LA JUSTICE : Le centre coupera-t-il le sud du nord et à quel dessein ?

Face à la complaisance du régime IBK envers la CMA et la Plateforme et au regard des privilèges et autres avantages accordés à la minorité Arabo-Touareg, les autres communautés se sentant lésés commencent à s’organiser pour revendiquer aussi leurs droits à la protection de l’Etat.

C’est pourquoi après la création du Ganda koy et du Ganda iso, regroupant une large majorité de sédentaires composés de Sonrhaïs, de Bêlas et de Dogons, c’est aujourd’hui le tour de certains peuls de créer l’Alliance dite nationale pour la sauvegarde de l’identité peulh et la restauration de la justice afin de se défendre contre tous ceux qui veulent s’attaquer à l’ethnie peule et à ses intérêts.

Est-ce-là, les prémices d’un conflit ethnico-communautaire ? Où est l’Etat ? Le centre coupera-t-il le sud du nord et à quel dessein ? Le gouvernement attendra-t-il jusqu’au pourrissement de la situation avant de prendre langue avec cette milice d’auto-défense peulh ?

L’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peulh et la restauration de la justice a vu le jour après plusieurs conflits entre éleveurs et agriculteurs dont le dernier a fait des dizaines de victimes de part et d’autres.

Sa création fait également suite à la signature entre les groupes armés de la CMA, de la Plateforme et du gouvernement de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation.

La frustration des peulhs, doublement victimes des exactions de l’Etat et des groupes armés, semble venir de cette impuissance de voir qu’en plus la mise en œuvre de l‘Accord privilégie ces groupes armés ultra minoritaires au détriment de la grande majorité des populations du nord sans la mobilisation et le patriotisme desquelles le Mali serait aujourd’hui divisé.

L’Alliance a dénoncé l’amalgame que l’armée malienne est entrain de faire en assimilant tout peulh à un jihadiste appartenant soit au MUJAO, soit à Ansardine, soit au Front de Libération du Macina d’Amadou Kouffa.

Oumar Aldjana et ses combattants qui seraient au nombre de 700, se disent marginaliser et discriminer dans leur propre pays.

Est-ce le début d’une guerre ethnique ou communautaire dans un pays comme le Mali où la nation a précédé l’Etat ? Aujourd’hui, tout porte à croire que cette initiative de la communauté peulh pourrait faire des émules dans d’autres communautés au sud comme à Fakola ou à Misséni qui pourraient imiter cet exemple en se constituant aussi des milices d’auto-défense face à un Etat faible et incapable d’assurer le minimum de sécurité à ses citoyens.
Il est fort à craindre qu’il y aura, à Gao comme à Tombouctou, une floraison de groupuscules armés se réclamant de telle ou telle tribut ou communauté.

Loin de nous l’idée de donner raison à Oumar Al Diana et à son Alliance, car nous avons vu ailleurs comment une guerre ethnique ou religieuse a pu provoquer des génocides comme au Rwanda et en ex-Yougoslavie.
Alors, les Maliens prendront pour seul responsable le gouvernement si par incapacité et par manque de vision il n’arrivait pas à donner une suite heureuse aux revendications de ce mouvement naissant des peulhs.
Il faut éviter que de nouvelles frustrations n’arrivent à fabriquer de nouveaux monstres.
Tout sauf une gestion militaire de cette nouvelle crise, comme il n’en est plus question pour les rebelles de la CMA.

Le Président de la République et son Gouvernement sont interpelés pour donner une réponse satisfaisante aux revendications sécuritaires et sociales de l’Alliance tout comme à la demande d’intégration des jeunes du Ganda Koy et de Ganda Iso pour éviter que d’autres n’imitent Oumar Aldjana.

Youssouf Sissoko
Source:Infosept