Visite d’IBK à Paris: Les non-dits, les couacs et les interpellations

IBK Hollande

Les non-dits

Elysée: IBK y était à l’âge de 13 ans

Le mercredi 21 octobre, le Président malien a été reçu à l’Elysée par son homologue français, François Hollande. Au cours de la conférence de presse qu’ils ont co-animée, IBK a félicité son hôte pour l’honneur fait à son pays et à sa modeste personne. Il en a profité pour dire que c’était la deuxième fois qu’il était reçu à l’Elysée par un Président français. La première remonte au temps de De Gaulle. Il avait été reçu en qualité de meilleur élève de l’Afrique occidentale française. Son destin actuel n’est donc pas un pur hasard. Les vieux de Hamdallaye le voyaient venir depuis longtemps. Son ex- patron, Alpha Oumar Konaré, n’osera pas dire le contraire.

L’arrière grand-père d’IBK repose à Verdun

Lors de cette visite d’Etat, IBK a tenu à effectuer une visite de recueillement à Verdun, où reposent les victimes de l’hécatombe de la première guerre mondiale 1914 – 1918. Ils sont Français, Allemands, Anglais et, bien sûr, Tirailleurs Sénégalais, comme on appelait à l’époque les soldats africains. Parmi eux figurent plusieurs Maliens, dont l’arrière grand-père d’IBK. Au cours de la méditation de la délégation malienne, le Président des Maliens de l’Extérieur, lisant les noms des victimes au cimetière musulman, des Guindo, Diarra, Traoré et autres, s’est tourné vers le ministre Ben Barka dans une blague fraternelle, pour lui dire: où sont les Ben Barka? Votre fidèle serviteur a vite réagi en ces termes: ils ont été sauvés par les gris-gris qu’ils portaient.

Ce haut lieu d’histoire crée une véritable émotion, les tombes s’alignant à perte de vue, et beaucoup étant morts sans comprendre pourquoi. IBK, le premier Président malien à s’incliner à Verdun, leur a rendus hommage au nom de la nation malienne.

Quand l’Ambassadeur de France vend le Mali devant le MEDEF

L’ambassadeur de France au Mali, SE Gilles Huberson, s’est beaucoup dépensé dans l’organisation de la visite d’Etat d’IBK à Paris. En prélude aux cérémonies officielles, le chef de l’Etat malien a présidé une rencontre regroupant investisseurs français et opérateurs économiques maliens. C’était tôt le mercredi 21 octobre. Au cours de son intervention, l’ambassadeur de France a expliqué à l’auditoire que notre pays était favorable pour les investisseurs. Aussi a-t-il invité ses compatriotes à se jumeler avec les entreprises maliennes, à être raisonnables sur les prix, la qualité et la durée. Avant de leur demander de réfléchir sur les modalités de financement.

«Préparez-vous, venez au Mali, il y a moins de risques à y investir. Il est possible d’investir au Nord. La sécurité est de retour, l’ambassade sera à vos côtés pour vous conseiller. Il est possible de faire des affaires ensemble au Mali. Des entreprises françaises ont obtenu récemment des marchés concernant les passeports, les routes et l’énergie», a t-il déclaré.

Les couacs

Faute protocolaire: les journalistes ont eu chaud

Pour la visite d’IBK à Paris, les services du protocole de la République ont établi pour les journalistes invités des visas qui prenaient fin le 23 octobre, alors que la visite du Président se terminait le 24 du même mois, les billets retour étant prévus pour le 25 octobre. Alors, que fallait-il faire pour ne pas être en porte à faux avec la loi française, en situation irrégulière? Fallait-il payer des pénalités et écourter la mission des journalistes?

Finalement, nos passeports ont été récupérés pour, nous a-t-on dit prolonger nos visas. Durant quatre jours, nous avons réclamé nos passeports en vain. C’est à l’aéroport Orly que nous avons pu les récupérer, sans, s’il vous plait, aucune prolongation. Nous avons eu des sueurs froides pendant un bon moment. Il aura fallu que le protocole de l’Ambassade use de ses rapports personnels pour nous amener dans le couloir réservé aux diplomates, non sans des grincements de dents. Un policier nous a lancé: «prochainement, mettez-vous en règle avant de venir». Ce n’était pourtant pas de notre faute.

Un fauteur de trouble remis à sa place

A la fin de ls visite d’Etat, IBK a tenu à rencontrer la diaspora malienne de France, le vendredi 23 octobre. Certains Maliens, en mission sordide, ont fait circuler des tracts, en pleine démocratie, dans le pays de la liberté. Ils ont été découverts et beaucoup d’entre eux ont pris la poudre d’escampette. Deux personnes parmi les perturbateurs sont restées sur place, les organisateurs ayant l’œil sur elles. Après les différentes interventions, IBK a pris la parole pour donner les informations du pays et, subitement, un Monsieur, apparemment peu poli, s’est levé pour l’interrompre, en réclamant la parole. Calmement mais fermement, IBK l’a remis à sa place, en lui demandant un peu de respect et en lui disant que le format choisi pour la rencontre serait tenu. Il s’est ramolli et resté silencieux jusqu’à la fin de la cérémonie. Tout le monde, nous a-t-on dit, est parti en le laissant dans la salle. Sa mission a manifestement échoué.

Grande mosquée de Paris: un Algérien se révolte

Avant d’aller à la rencontre des Maliens de France, le vendredi 21 octobre, IBK a prié à la Grande mosquée de Paris. Le Recteur de ce haut lieu a annoncé aux fidèles musulmans la présence du Président malien. Ensuite, un autre responsable a fait un bref discours, pour présenter le Mali et son histoire. Pendant ce temps, un vieux arabe algérien s’est levé et à crié «nous sommes venus prier et non pour faire la politique». Personne n’a réagi. Aucune mouche n’a volé dans la mosquée. Il s’en est allé en titubant. Après ce fut le Koutouba, suivi de la prière.

Les interpellations

IBK invité à ne pas accepter le laissez-passer européen

Le Président du Haut Conseil des Maliens de France a fortement interpellé IBK, en ces termes «les dirigeants occidentaux envisagent de mettre en place un laissez-passer européen. Ce sera la porte ouverte aux abus de toutes sortes contre nos populations qui voudraient entrer dans ces pays. Nous vous demandons, Monsieur le Président, de ne signer aucun accord avec aucun pays, fût-il ami, permettant d’expulser un Malien avec le laissez-passer européen».

Les Maliens demandent de nouveaux Consulats généraux

Le même orateur a expliqué au Président IBK que les Maliens étaient au nombre de 200 000e en France et que la composition et les besoins de la communauté avaient changé, parce qu’ils sont presque dans toutes les régions de France. Aussi, au nom de la diaspora, le Président du Haut Conseil des Maliens de France a-t-il demandé la création de nouveaux Consulats généraux, en province ainsi que dans la région Ile de France. En outre, il a rendu un vibrant hommage au Consul général sortant, Mangal Traoré, qui s’apprête à regagner Bamako.

Financement de l’Agriculture au Mali: les propositions de Moussa Alassane Diallo

Le Président de l’APBEF, Moussa Alassane Diallo, a pris part à la rencontre du secteur privé avec le MEDEF, le mercredi 23 octobre. Il était l’un des panélistes. Sa communication a porté sur la problématique du financement de l’agriculture. Eloquent et brillant, il a convaincu ses interlocuteurs, à travers des propositions pertinentes. Il s’agit pour lui de solutions innovantes pour le financement de l’agriculture. Il propose, entre autres, un partenariat Public- Privé par la mise en synergie des ressources publiques et privées pour la réalisation de projets structurants d’intérêt national ; la promotion des récépissés d’entreposage, le Warrantage; les agropoles, un ensemble d’entreprises circonscrites dans une aire géographique donnée et entretenant des relations fonctionnelles dans leurs activités de production, de transformation et de commercialisation de produits animaux, végétaux, halieutiques ou forestiers.

Rassemblés par Chahana Takiou, Envoyé spécial à Paris

Source: Le 22 Septembre 29/10/2015