Université des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako : Les Professeurs et le Recteur à couteaux tirés

Depuis quelques temps, le Comité syndical national de l’enseignement supérieur (SYNESUP) et le Recteur de l’Université des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako (USSGB) ne parlent plus le même langage, suite aux différentes revendications faites par le Comité syndical.

Ces revendications portent sur un certain nombre de points, à savoir la question des contrats exécutés en cours du soir, le problème des vacataires, le paiement des arriérés d’heures supplémentaires, les frais de correction, de secrétariat etc. Nous avons jugé nécessaire d’écouter les deux parties pour faire la part des choses.

En premier lieu, le Secrétaire aux relations extérieures du Comité syndicale du SYNESUP de l’IUG (Institut Universitaire de Gestion) Dr Alassane Sidibé, a laissé entendre que son Comité avait déposé un préavis de grève depuis le 8 février 2016. Il a laissé entendre que son Comité a participé à deux séances de conciliation mais que, malheureusement, ces tentatives n’ont pas pu aboutir. Dr Sidibé d’évoquer le contenu du préavis.

Le premier point concerne les contrats qui ont été accordés aux vacataires de l’Institut Universitaire de Gestion (IUG) au nombre de six. Le Recteur et le Directeur de l’IUG veulent que ces contrats soient exécutés en cours du soir, ce qui est susceptible de léser les professeurs permanents. Le Comité syndical trouve qu’il est préférable de les exécuter en cours du jour, ce qui est de nature à permettre à ces contractuels d’avoir les mêmes avantages que les professeurs permanents. Des propositions que le Recteur récusa, a soutenu Dr Sidibé.

« Quand le système persiste, aucun professeur permanent ne bénéficiera des cours du soir, alors que l’Unité de Formation des Producteurs (UFP) est une création des enseignants depuis 1996 » d’arguer notre interlocuteur. M. Sidibé d’ajouter que le Recteur, depuis qu’il est à la tête de cette université, a pris un arrêté pour transformer cette structure privée (UFP, autrement dit les cours du soir) en une structure publique donnant des contrats à qui il veut et quand il veut.

Le second point, selon le syndicaliste, est relatif à des arriérés d’heures supplémentaires, de frais de correction et de secrétariat depuis 2013-2014 et 2015 qui ne sont pas entièrement payés.

Le troisième point porte sur l’UFP encore appelée Cours du soir. Ce sont les cours du soir qui constituent la véritable pomme de discorde entre les deux parties. Car le Recteur pense que les cours du soir sont une création de l’Etat. Lorsqu’on fait des prestations en cours du soir, ces prestations sont rétribuées automatiquement le 1er ou le 2ème jour du mois suivant. « Mais depuis que le Recteur est arrivé, il s’est approprié la chose et les professeurs peuvent faire 1, 2, voire 3 mois sans être payés. Les professeurs demandent, aujourd’hui, qu’on leur accorde l’autonomie de leur structure. Auparavant, les frais d’inscription étaient envoyés au Rectorat et les frais de formation restaient à l’IUG pour payer les travailleurs, assurer le fonctionnement. Maintenant, tel n’est plus le cas chez l’actuel Recteur qui soutient qu’à partir des textes, ces frais doivent être gérés à son niveau » déplore le syndicaliste.

Face aux propos du Secrétaire aux relations extérieures du Comité syndical du SYNSUP, le Recteur de l’USSGB, le Prof Samba Diallo n’est pas resté muet. Il apporta des explications pour se justifier.

A le croire, dès sa nomination à la tête de cette Université, il a d’abord procédé à une prise de contact avec les structures relevant de son Université. A cette occasion, il dit avoir été approché par le syndicat qui lui demanda d’intercéder auprès des autorités. Il y avait un important nombre de vacataires qui intervenaient à l’IUG. Le Recteur a donc pris l’engagement de se battre pour leur cause. En un moment donné, le Recteur a été approché encore par le Directeur de l’IUG, qui lui a parlé du cas des six vacataires à qui il voulait donner un contrat en vue de les sortir de la précarité.

Lorsque le Directeur lui proposa le cas de ces vacataires, le Recteur s’était donc rendu compte que ceux-ci obéissaient à toutes les règles pour bénéficier de ces contrats. Mais bien avant, le Directeur de l’IUG avait soumis le problème au Comité de gestion de l’UFP, à l’Assemblée des professeurs de l’IUG, tous étaient donc unanimes pour que ces vacataires bénéficient de ces contrats. Le dossier a été soumis au Recteur qui ne voyait aucun problème pour signer le contrat en vue de la sécurisation des intéressés puisque l’UFP pouvait les payer, à en croire le Recteur de l’USSGB.

Après la signature des contrats, le syndicat de l’UFP est venu voir le Rectetur pour lui dire qu’il souhaiterait que les intervenants ne le fassent pas exclusivement à l’UFP et qu’ils fassent 6 heures le matin et 6 heures le soir, au cours du soir. Or, à l’époque le Recteur avait fait savoir au syndicat qu’il n’a pas vocation à gérer l’IUG à la place du Directeur. Le Directeur de l’IUG a donc proposé au Comité syndical de faire 4 heures le jour et 8 heures le soir, mais les professeurs rejetèrent cette proposition. L’organisation des cours relève de la seule compétence du Directeur de l’IUG et du Recteur, de soutenir le Pr Samba Diallo.

Concernant le non paiement des arriérés d’heures supplémentaires, des frais de correction et de secrétariat, le Recteur répondra que, durant l’année scolaire 2014-2015, 1 milliard de FCFA a été débloqué au profit de l’IUG pour le paiement de ces trois rubriques. Le reliquat à payer se chiffrant à 62 millions de FCFA, a-t-il souligné.

Quant à la question de la gestion solitaire des sous, M. Diallo de rétorquer qu’il ne se permettra jamais de payer de l’argent sans qu’il n’y ait un support juridique.

En répondant à la question de la transformation de l’Institut, qui relève du privé, en un établissement public, il a mis les syndicalistes en demeure de lui montrer un seul document qui fait de l’UFP une structure privée. Tous les textes que le Recteur a, en sa possession, font de l’UFP une entité rattachée à l’IUG lequel est une structure publique. Il attend que le Comité syndical du SYNESUP apporte la preuve pour qu’il puisse confesser son tort, de marteler le Recteur de l’USSGB, Pr Samba Diallo.

Adama Bamba

Source: Le 22 Septembre 20/04/2016