UNE LONGUE LETTRE OUVERTE AU CAPITAINE SANOGO Bonjour mon Capitaine

Depuis  ton coup d’Etat du 22 mars 2012, notre pays le Mali a sombré dangereusement dans  l’inconnu. Aujourd’hui, personne ne sait au Mali de quoi demain sera fait et tout va de mal en pis, jour après jour, le tissu social, économique, politique et culturel du Mali  a été mis en lambeaux par ta faute et celle des opportunistes qui ont dit te soutenir contre la paix dans leur pays.
Tout cela pour le pouvoir, le grade de général qui se mérite sur le champ des combats non pour  un coup d’Etat de 2 mois et pour l’argent in fine pour être le chef  de la transition au Mali.


Capitaine Sanogo, où est ton serment de soldat d’aller combattre pour sauver le Nord-Mali ? Serment pris le 22 mars 2012, de te battre pour que le Mali retrouve son intégrité territoriale, puisque d’après toi, M. le président ATT n’a rien fait  depuis janvier 2012 pour sauver le Nord-Mali, justification de ton coup d’Etat.

Capitaine, qu’as-tu fait depuis le 22 mars pour le Nord-Mali ? Peux-tu nous présenter un bilan des actes que tu as posés pour libérer le Nord depuis le 22 mars 2012 ?

Tu dis attendre que la Cédéao t’envoie de la logistique et de l’argent  (plus de 200 millions de CFA) pour aller sauver tes frères et sœurs du Nord, mais pas d’hommes, jusqu’à quand vas-tu continuer à attendre la Cédéao ? Quand tu as des armes pour tuer des civils innocents à Bamako et à Kati et tes camarades militaires qui ne reconnaissent pas ton autorité sur eux.

Capitaine, aide-toi  et le ciel t’aidera

Capitaine Sanogo, alors pourquoi avoir mis le pays à feu et à sang quand tu savais que tu dépendais de cette  même  Cédéao que tu insultes et menaces à longueur  de journée depuis  toujours pour lui demander ensuite de venir à ton secours pour « soi-disant » libérer le pays ? Quel pays ?

Pourquoi avoir fait un coup d’Etat, un acte criminel imprescriptible selon notre Constitution, avec le prétexte de libérer le Nord du Mali tout en sachant que tu n’avais ni les moyens matériels, ni humains, ni financiers, ni la volonté réelle de le faire ?

Toutes ces mises en scène et gesticulations ont été révélées au grand jour maintenant. Le coup d’Etat était plus pour le pouvoir, le grade de général et l’argent et rien d’autre et surtout pas pour libérer le Nord de notre pays. Cette partie de notre pays n’a jamais été aussi meurtrie, aussi martyrisée et violentée qu’après ton coup d’Etat.

Ces pauvres populations continuent à vivre l’enfer depuis le 24 mars 2012, deux jours après ton forfait quand toutes les villes sont tombées l’une après l’autre. Qu’a tu fais concrètement depuis ? Quel geste as-tu posé pour sauver le Nord ?

Tu es là assis à Kati tranquillement à compter les jours qui te séparent de la fin de l’intérim pour diriger la transition, la seule chose qui te tient à cœur réellement depuis toujours. Entre temps les populations de Kati sont devenues ton otage ? Elles ont perdu leur droit et leur liberté  de circuler, d’aller et de venir depuis le 22 mars 2012.

La ville de Kati est devenue une prison à ciel ouvert dont le Capitaine Sanogo est le régisseur, s’il te plait, peux-tu amener ton QG au Camp militaire de Ségou et libérer Kati afin que ses populations puissent vaguer à leurs affaires paisiblement comme avant ?

Un habitant de Kati qui rentre  chez lui, ayant  été  obligé  de passer  la nuit à Bamako et une bonne partie de la journée du 1er mai  sans sa famille et par la seule volonté  de Sanogo, doit présenter une carte d’identité à tous  les check points (plus de 5) entre Bamako et Kati.

Dans quelle République sommes-nous ? Même le CMLN de Moussa Traoré n’a pas fait cela et pourtant c’était la période la plus sombre de l’histoire politique de notre pays. Pourquoi cet acharnement contre les populations de Kati ? De quoi sont-elles coupables ?

Toute la population de Kati est elle devenue subitement « des bérets rouges » ? Ta dernière  descente au Camp para de Djicoroni avec des centaines d’hommes et d’armements lourds prouvent à suffisance que tu n’as pas besoin de la Cédéao pour commencer à libérer le Nord, si tu as  à cœur de le faire.

Tous ces gaspillages  en armes et minutions dans la nuit  du 1er mai 2012 et toute la journée  du 1er mai auront  été  très  utiles  au Nord actuellement plus qu’à Kati et Bamako. Au lieu de  tourner les armes  contre tes frères d’armes, tu devrais plutôt les tourner contre nos ennemies au Nord-Mali qui s’y sont implantés durablement. Tout le Mali n’attend que cela de ta part depuis  le 22 mars 2012.

Capitaine Sanogo, le Bon Dieu a tracé un destin  pour  chacun de nous, le tien  en tant que soldat est d’aller  combattre  au front et sauver  ce pays auquel tu as fait tant de mal en moins de 2 mois , plus que pendant  toute  l’existence du grand Mali, au lieu de rester à compter les 40  jours de la période  d’intérim.

Tu as un devoir moral vis-à-vis de ce peuple malien, meurtri dans son âme et dans sa chair par les actes que tu poses quotidiennement contre lui. Tu dis agir au nom  de notre peuple, de quel peuple s’agit-il ?

D’où tires-tu une légitimité pour  parler et agir en son nom ? Tu t’opposes inutilement aux décisions prises le 26 avril 2012 par la Cédéao par manque de conscience patriotique en utilisant le peuple malien encore, lequel ? D’où te vient ce mandat ? Le CNRDRE n’est  pas une Institution à ce que nous sachions, qui te permet de parler et d’agir à notre nom. Si ce n’était pas la Cédéao, le Mali serait dans un gouffre  sans fin au jour d’aujourd’hui.

Tes gesticulations et campagnes de désinformation à l’égard de notre institution sous-régionale, la Cédéao, visent à gagner l’opinion du peuple malien contre elle, alors que tu devrais plutôt la remercier pour ce qu’elle a fait pour toi  contre la volonté des forces  vives du Mali,  art 6 accord-cadre, lesquelles ont accepté par esprit de fair-play et pour l’amour de notre pays.

Capitaine Sanogo, ce même peuple meurtri, trahi par toi et abusé se donne le droit de prendre la parole une fois. Il te demande humblement et solennellement de rejoindre ta base, les casernes, afin de te préparer à nettoyer  et bien nettoyer  cette partie de notre pays, le Nord du Mali, de ses bandits, rebelles, islamistes et trafiquants de toutes sortes, le Nord se trouve dans un état de dénuement total, de maltraitance et de violence inouïe par ta faute  et par  ton manque de tenir à ta parole donnée le 22 Mars comme un vrai soldat. Ce Nord du Mali que tu  as vite oublié depuis, puisqu’il  est devenu le cadet de tes soucis et tes projets.

Enfin le peuple que tu dis aimer tant te supplie de rentrer dans  les casernes qui est ta place d’origine afin de le défendre, enfin. Enfin la guerre de clans de notre armée entre bérets rouges et bérets verts, a fait plus de 20 morts en majorité des civils. Ce qui a renforcé l’insécurité, avec des éléments incontrôlés des bérets verts à Bamako particulièrement.

Cette situation constitue  une bonne  raison  pour que Sanogo ne conduise pas la transition, ne faisant pas l’unanimité au sein de l’armée, d’une part et d’autre part, la présence d’une force d’interposition de la Cédéao entre les 2 camps est plus que nécessaire, elle  est  même  indispensable pour parer à une guerre civile à Bamako entre soldats maliens appelés à aller ensemble défendre  le pays au Nord.

Plus tu restes encore à Kati, plus  tu amènes notre pays  vers  des lendemains  incertains.

En tant que soldat et patriote (comme tu le dis), tu dois rentrer dans les casernes sans attendre la fin de l’intérim qui ne te concerne pas, et te préparer avec notre vaillante armée, quelque soit  la couleur des bérets, vous êtes tous des soldats de cette armée, pour prendre  la route du Nord et c’est cela le devoir et l’obligation d’un soldat, bon et courageux envers son pays, pour libérer enfin nos sœurs et frères restés là bas qui souffrent le martyre et attendent toujours Sanogo et autres pour les délivrer.

Younous H. Konaté

Hamdallaye Bamako

 

L’ Indicateur Du Renouveau 08/05/2012