TROIS MOIS APRES SA NOMINATION : Le bilan de Cheick Modibo au crible

Dans quelques jours Cheick Modibo Diarra aura trois mois à la tête du gouvernement de transition mis en place suite à l’accord-cadre signé entre la Cédéao et le CNRDRE, après le coup d’Etat du 22 mars dernier. D’ores et déjà, les commentaires vont bon train quant au bilan de son action. A la Primature on reste convaincu du chemin qui reste à parcourir. Cependant, se défend l’entourage de Cheick Modibo Diarra, « les actions entreprises constituent un réel motif de satisfaction ». Et, disent-ils, traduisent la volonté de celui-ci de concrétiser les orientations pour la sortie de crise. « Depuis sa nomination, le Premier ministre n’arrête pas de démarcher les composantes de la nation : société civile, classe politique, partenaires techniques et financiers ainsi que tous les pays amis du Mali, afin de trouver les voies et moyens de sortir le Mali de l’ornière. Connu pour son sérieux et son patriotisme,  Cheick Modibo Diarra est au four et au moulin pour être à la auteur des défis qui l’attendent », nous commente un de ses proches collaborateurs. Qui salue l’esprit de dialogue national du chef du gouvernement.

Au plan national, la démarche de concertation est saluée par de nombreux observateurs. Car, expliquent-ils, afin de trouver une issue rapide à cette crise, qui affecte terriblement l’économie nationale et la quiétude dans les foyers, le Premier ministre a décidé d’organiser une concertation nationale, regroupant l’ensemble des composantes de la nation malienne. Il s’agit notamment de la classe politique, des organisations de la société civile, les institutions, etc.

Les conclusions issues de ces concertations, espère-t-on à la Primature, devront permettre de jeter les bases de la relance des secteurs d’activités de l’Etat. Avec un optimisme évident, Cheick Modibo et son équipe, entendent donc relever les défis du moment : la reconquête du territoire,  la relance économique, la confiance retrouvée des partenaires  techniques et financiers du Mali, l’obtention d’un fichier fiable pour les prochaines élections, etc. « Sans paix et stabilité, il n’y a pas de développement », explique l’entourage du chef du gouvernement. Et les séries de rencontres, d’échanges avec les investisseurs et chefs d’entreprises, ou encore les diplomates accrédités dans notre pays, s’inscrivent, dans cette dynamique.

Dialogue avec les voisins

L’action du Premier ministre au cours de ces trois premiers mois a été consacrée à une approche plutôt pédagogique, croient certains observateurs. Qui conviennent que toute action de résolution de la crise au Nord, passe obligatoirement par le dialogue avec les voisins, notamment les pays directement concernés par la situation au Nord. On comprend ainsi le long périple entrepris par Cheick Modibo auprès de l’Algérie, où le chef du gouvernement a eu des échanges fructueux avec le président Abdel Aziz Bouteflika. Ce déplacement à Alger l’a conduit à Paris, où il s’agissait de s’enquérir de l’Etat de santé du président de la transition, Dioncounda Traoré, en soins dans un hôpital parisien depuis son agression le 21 mai dernier.

A Paris, il est difficile pour Cheick Modibo Diarra de ne pas aborder la question du Nord avec les autorités françaises. Car, elles aussi fortement concernées par la crise du Nord. A ce jour, six français sont toujours détenus en otage dans le Sahel, dont deux ont été enlevés au Mali en novembre dernier à Hombori. Ainsi, la rencontre du PM avec le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a consacré les échanges de vue sur les nouvelles stratégies de coopération militaire dans la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue dans la bande sahélo-saharienne. « Avec la Mauritanie et le Niger, la démarche doit consister à développer cette coopération », explique un conseiller du Premier ministre.

La rencontre de Yamoussokoro (qui s’ouvre aujourd’hui), à laquelle Cheick Modibo Diarra est attendu, devrait en principe faire bouger les lignes dans la dynamique de la reconquête du Nord. Et les collaborateurs du Premier ministre et certains observateurs restent convaincus que le pari de la paix et de la stabilité seront gagnés par le Mali.

Wait and see.

Issa Fakaba Sissoko

Indicateur du Renouveau