Trois ans de présidence d’IBK Des Bamakois dressent leur bilan

A l’occasion du 3ème anniversaire de la prestation de serment du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, le 4 septembre 2013, 22 Septembre a tendu son micro à quelques Bamakois afin qu’ils donnent leur sentiment sur sa gestion du pouvoir, à deux ans de la fin de ce premier mandat. Lisez plutôt.
Allaye Barry, réparateur de moto
«Difficile de porter un jugement»
Il m’est très difficile de porter un jugement sur son parcours pendant ces trois années, mais ce n’est pas trop mal. Les difficultés auxquelles les populations sont confrontées sont surtout liées au manque d’argent et au coût élevé des denrées de première nécessité. Il faut qu’il pense à cela.
Aujourd’hui, à Bamako, on est en train de vivre des moments de déguerpissement des artères publiques. Ce travail est bon, car le souhait de chacun est de voir sa capitale propre. Mais IBK doit vite songer au recasement des déguerpis.
Kalilou Traoré, agent de société de gardiennage
«IBK a trouvé le Mali au fond du trou»
Pour parler du bilan d’IBK, il faut se rappeler qu’il a trouvé le Mali au fond du trou, un trou dont il n’est pas facile de remonter en si peu de temps. S’agissant des difficultés dans le pays, il ne reste qu’à trouver des solutions, mais IBK seul ne peut pas le faire. Il faut l’union des cœurs et des esprits de tout le monde, parce qu’un seul individu ne peut pas faire bouger le pays.
Dans le cadre de la gestion de la sécurité, qui est la base de tout développement, il faut qu’il mette l’homme à la place qu’il faut.
N’Toba Diallo, professeur d’anglais
«Son bilan est mitigé»
Je trouve mitigé le bilan d’IBK après ces trois années. Le jour de son investiture, les Maliens avaient vraiment placé leurs espoirs en lui, mais, malheureusement, je constate que cet espoir s’est effrité. Maintenant, les Maliens voient la situation d’un autre œil, car ce qu’ils attendaient de lui et de son gouvernement ne s’est pas réalisé jusqu’à présent. Par exemple, sur le plan de l’éducation, j’avais pensé qu’il allait renforcer le système éducatif.
Sur le plan de la sécurité, on peut dire que la tenue des militaires a un peu changé, mais ils n’ont pas de matériel pour combattre l’ennemi. De plus, selon moi il n’y a pas eu de rupture avec l’ancien système de gouvernance. Enfin, le problème d’emploi se pose toujours avec acuité. Sur les 200 000 emplois promis, jusqu’à présent aucune de mes connaissances n’est venu me dire un jour qu’elle en avait décroché un. En fait, le déguerpissement des artères publiques a plutôt créé 200 000 chômeurs, car il fallait d’abord leur donner un lieu de recasement avant procéder à la casse.
Adiaratou Djourté, ménagère
«Des lois ont été votées, mais elles ne sont pas appliquées»
Apparemment, les gens avaient pensé au changement avec IBK, mais force est de constater que rien n’a évolué. La pauvreté s’accentue chaque jour. Pour la gestion sécuritaire du pays, surtout au Nord du Mali, j’avais pensé que son arrivée à la tête du pays allait améliorer la situation, mais cela n’a pas été le cas.
Des lois ont été votées, mais elles ne sont pas appliquées. Des décisions ont été prises pour réduire le prix de location de maisons, mais on n’en parle plus. On a vraiment pas eu satisfaction jusqu’à aujourd’hui.
Il ne fait que confier la responsabilité du pays à ses proches, en écartant les vrais patriotes, les hommes intègres, tels que Tatam Ly et Moussa Mara. Ils avaient montré en peu de temps qu’ils étaient des cadres valables, capables de diriger le pays, mais, hélas, il les a fait partir. Quel dommageI
Djibril Sidibé, habitant de Badialan
«Ce que nous attendions de lui, c’était des emplois pérennes pour nos enfants »
Le bilan d’IBK pour ces trois ans est pour moi négatif. Les gens souffrent, ils ont faim, ils ont soif, la gestion du pays se passe mal. S’il peut vite trouver une solution à cela, il n’a qu’à le faire, parce qu’on ne peut pas continuer à ce rythme.
Ce que nous attendions de lui, c’était de créer des emplois pérennes pour nos enfants et de faire en sorte que la population puisse vivre décemment. La solution pour le Mali ne viendra que de nous-mêmes.
Mariétou Coulibaly, agent de nettoyage
«Il avait promis que dès son arrivée au pouvoir, il allait apporter du changement »
Personnellement, depuis qu’IBK est venu au pouvoir, je n’ai pas vu le bonheur promis. Partout c’est la souffrance. Même le peu de sous qu’on me donnait en plus dans mon service, je ne le reçois plus. Nous ne sommes pas à l’aise car la pauvreté s’aggrave chaque jour.
IBK avait promis que dès son arrivée au pouvoir qu’il allait apporter du changement, ce qui n’a pas été fait. Il n’a fait qu’augmenter la pauvreté, surtout avec le déguerpissement des artères publiques. Aujourd’hui, on ne sait où aller se laver ni où aller se sécher.
Kadidiatou Keita, secrétaire
«On attendait vraiment plus de l’homme»
Vous savez, quand j’ai lu pour la toute première fois la biographie du Président de la République Ibrahim Boubacar Keita, je me suis dit que c’est lui qu’il fallait à la tête de ce pays. De par son parcours, il incarnait le grand changement dont on a tous besoin aujourd’hui. Le pays était tombé très bas et a même frôlé la disparation. Malgré les énormes défis, je me disais qu’il était l’homme de la situation. Mais après trois ans, je suis obligée de reconnaitre qu’on n’a pas beaucoup bougé. Le pays souffre et, à vrai dire, on attendait plus de l’homme. Il a grand besoin qu’on l’aide tous à sortir le pays du gouffre.
Adama Diallo, boutiquier,
«Le Président de la République a beaucoup à faire»
On vit difficilement aujourd’hui. Je m’attendais un peu à ça, vu toutes les difficultés que notre pays a connu depuis 2012. Trois ans, c’est peu pour juguler toutes ces difficultés. Tout était presqu’à l’arrêt. Nous, on se débrouille autant que nous pouvons dans nos boutiques.
Mais tant que l’argent ne circule pas, rien ne va bouger. Le Président de la République à beaucoup à faire dans ce sens. L’argent c’est le nerf de la guerre. Notre pays a de la matière pour ça. Il faut aussi que le Président travaille d’avantage à lutter efficacement contre la corruption. Sinon, notre terre est bénie.
Joseph Coulibaly, informaticien réseau
«Le Président peut mieux faire»
Pour moi, le Président a passé ces trois ans à pallier les difficultés du pays sans grand succès. Le constat est évident. Rien ne fonctionne comme cela se doit. Prenez n’importe quel domaine et vous verrez que ça ne va pas.
Prenez l’éducation par exemple. C’est complètement foutu. La santé, c’est encore pire. Le Président à quand même fait des efforts au niveau de l’agriculture, ça il faut le dire. Je sais que malgré tout ça le Président peut mieux faire. J’attendrai la fin de son quinquennat pour pouvoir mieux le juger.
Alfousseiny Togola, étudiant
«Ca ne va pas dans notre pays»
Le pays est à l’arrêt. Je pense que les trois ans du Président IBK n’ont pas apporté de grand changement. Je dirais plutôt que le Mali est encore à la traine. Le Président doit s’attaquer aux réelles difficultés de ce pays au lieu de se mettre à dresser la population contre lui avec des mesures impopulaires. Moi, j’ai réellement des inquiétudes quant à mon avenir dans ce pays. Ça ne va pas dans ce pays. Le Président se doit de se faire entourer par des patriotes soucieux de l’avenir du Mali, et non par des politiciens opportunistes et crapuleux.
Kanda Keita, enseignant
«Le Président n’a pas le droit d’échouer»
Le peuple malien tout entier a fait confiance au Président Ibrahim Boubacar Keita parce qu’il avait vu en lui la capacité de relever les défis auxquels fait face le Mali. Au bout de trois ans, il faut dire que des difficultés persistent dans certains domaines, mais, dans l’ensemble, on ne doit pas trop se plaindre car nous revenons de loin.
Le Président n’a pas le droit d’échouer pour ce mandat, car les conséquences seraient très graves pour notre pays. Le Mali a trop souffert, c’est pourquoi il a grand besoin de l’apport de tout ses bons fils pour se relever.
Propos recueillis par Adama Bamba et Mohamed Naman Keita

Examen du projet de Loi électorale
De belles empoignades en perspective ce jeudi à l’Assemblée nationale
Sauf changement de programme, c’est ce jeudi que doit être adopté par l’Assemblée nationale le projet de Loi électorale soumis à examen par le Gouvernement. Ce projet de texte fait l’objet de vives contestations par les partis politiques membres de l’opposition. Ce qui annonce aujourd’hui de possibles débats houleux Place de la République entre les députés de l’opposition et ceux de la majorité.
Le projet de Loi électorale soumis à l’examen de l’Assemblée nationale comporte des innovations dont un grand nombre est contesté par une partie de la classe politique. Il s’agit notamment des partis déclarés dans l’opposition qui ont, au cours d’une conférence de presse la semaine dernière, demandé le retrait pur et simple de ce texte de loi.
Ils ont déjà entrepris plusieurs démarches dans ce sens et projettent même de tenir un sit-in le jour de l’adoption de ce projet de loi. C’est dire toute la pression qui entoure ce texte. Ils ne sont pas les seuls partis à rejeter ce projet de Loi. D’autres partis non encore déclarés dans l’opposition, comme SADI d’Oumar Mariko, l’ADP Maliba, récemment démissionnaire de la mouvance présidentielle, et la CNAS du Dr Soumana Sako sont également dans le lot des contestataires du texte.
Si la CNAS n’a pas de représentants à l’Assemblée nationale pour défendre ses positions, nul doute que l’Honorable Mariko et ses collègues de l’ADP Maliba, avec ceux l’opposition de républicaine et démocratique (VRD) ne manqueront pas de croiser le fer avec les députés des groupes parlementaires de la majorité présidentielle.
Il s’agit du RPM en tête, de l’ADEMA – ASMA et de l’APM. Ce qui augure ce jeudi de belles empoignades en perspective à l’Hémicycle. En effet, le Président de l’Intergroupe parlementaire de la majorité présidentielle, Moussa Timbiné, et ses camarades vont devoir s’armer pour faire face à l’adversité qui se profile à l’horizon aujourd’hui pour que ce projet de Loi soit adopté.
Parmi les nouvelles mesures inscrites dans le projet de Loi électorale, il y a l’augmentation de la caution pour l’élection du Président de la République, laquelle passe de 10 millions à 30 millions de francs CFA. Y figure également l’augmentation du nombre de députés pour le parrainage des candidats à l’élection présidentielle, qui passe de 10 à 15 parlementaires.
La nouvelle Loi électorale, si elle est adoptée, redistribue les membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) entre la majorité et l’opposition proportionnellement au nombre de députés. Elle autorisera aussi l’organisation d’élections communales décalées au cas où l’impossibilité de la tenue de ces élections au même moment serait constatée sur l’ensemble du territoire national.
La future Loi électorale introduira aussi de nouvelles dispositions relatives à la prise en charge de la Loi sur la promotion du Genre. Elle introduit également le vote par anticipation des forces armées et de sécurité et le suffrage universel direct comme mode d’élection des élus locaux.
Voici, entre autres, les dispositions nouvelles qui sont querellées par une partie de la classe politique, ce qui a alimenté la presse la semaine dernière et continuera de la faire cette semaine. Rendez-vous donc ce jeudi à Bagadadji pour de cha udes empoignades en perspective entre les députés de la majorité présidentielle, le Gouvernement, l’opposition et les autres.
Youssouf Diallo