SUPPLIQUE D’UN MANANT A SA MAJESTE Ibrahim Boubacar KEITA, Premier du NOM

SIRE,

Comme j’eusse aimé n’avoir point à Vous adresser cette supplique mais il appert que d’inquiétantes nouvelles distillées jusques aux paisibles foyers de l’agora Vous entourant, me commandent, moi, qui de Votre sujet, s’honore d’être, de dresser la plume honnête pour défendre Votre Majesté de toutes mes forces.

Aucun de Vos sujets n’est en ignorance de la devise gravée sur le sceptre que Votre Auguste main tient avec la fermeté y seyante : le Mali d’abord, pour l’honneur du Mali, pour le bonheur des Maliens. L’eussent-ils, par inconvenante inconscience oubliée, que l’éclat de Votre quotidien labeur pour Votre peuple le leur eût rappelé avec distance et distinction.

Et afin que Nul n’en ignore, permettez-moi, Sire, de porter à la connaissance de Vos Sujets le complot régicide sournoisement ourdi contre Vous !

Vous plût-il, pour le nécessaire éclat de Votre règne de Vous faire véhiculer la commodité de Vos Voyages, que des esprits habités par la malveillance du Hassidiya virent dans Votre aéronef P-PRM, une lubie contestable, oubliant que de Votre trône, la Providence elle même et 77 % de Vos sujets exigent de Vous contempler confortable dans les éthers. Vous fîtes avec raison comme toujours silence méprisant devant tant de petitesses, Vous dont la fiole lacrymogène est si vite remplie, pleurâtes de nouveau devant tant de lâches calomnies envers un Souverain si généreux pour sa famille et ses amis.

Vous plût-il d’ordonner que Votre vaillante armée s’équipât dans la discrétion, Votre qualité première, pour mieux surprendre les ennemis du Royaume tapis dans les dunes du septentrion qui ont tant bénéficié des gages de Votre bonté, qu’une cinquième colonne, à mille et mille lieux de Votre château de Sébénicoro et de Votre pavillon de repos de Koulouba, osa douter d’infâme manière des ordres que Votre Majesté donnât aux intendants du palais et se permit de différer à plusieurs mois le paiement de l’écot que, magnanime, Vous acceptâtes de recevoir d’icelle pour le bien de Vos sujets.

Vous plût-il d’accorder au Câdi de Nioro la faveur d’accepter que l’Héritier Présomptif Karim ci-devant Duc de Sébénicoro, se présentât au suffrage de Vos sujets d’une quelconque bouge, ne voilà t-il pas les Princes Consorts du RPM, Royal Parti pour le Mali créé, nourri entretenu de Vos mains, murmurer grossièrement népotisme et ingratitude.
Ils se confondirent en plates excuses lorsque par bonté Votre Majesté accéda à leur requête d’introniser Monsieur Beau-Père, heureux ascendant de la Duchesse, à la tête du Conseil de Régence à la place du Comte de Téninkou.

Vous plût-il de décerner au Baron Tomi le titrenobiliaire de Frère à titre étranger, précaire et essentiellement révocable dans un élan de suprême condescendance ? Seuls Vos courtisans triés sur le volet comprirent l’intelligence de Votre humour tandis que le vulgum pecus s’échina à extraire l’ADN de ce métissage jusqu’ici soigneusement caché comme honteux secret de famille.

Vous fîtes confidence à quelques privilégiés membres du Tiers Etat de Votre royal agacement et n’eût été Votre conscience de Vos devoirs de Souverain Primaire, l’honneur vous eût commandé de prendre le chemin de l’exil devant tant d’ingratitude et de médisance.

SIRE, de grâce, n’en faites rien !

Quatre vingt et quelques voyages en trente mois de règne, quel autre Souverain sous nos cieux a pu avant Vous, réaliser cette performance ? Vous payâtes de votre santé et de Vos loisirs si peu nombreux face à Vos charges, ce sacrifice pour le bonheur, certes d’abord de Votre famille, mais aussi pour Vos sujets qui chaque matin bénissent la Providence de Vous avoir comme Seigneur. Quel autre Souverain dans ce monde eût pu, comme Vous, et de mémoire, retenir le nombre de chevaux et de motards qui eurent l’heur d’être en Votre Royale Compagnie sur les Champs Elysées, au Royaume des Capétiens, quand Vous daignâtes accepter d’être reçu par le roturier Hollande François ?

Vous nommâtes dès votre intronisation un jeune manant du nom de Oumar Tatam Ly Primus inter pares du Gouvernement qu’il Vous plût de donner au Royaumeen gage de votremagnanime bonté envers la compétence et l’honnêteté. Qu’ôsat-il faire ce perdreau ingrat ? Il Vous trahit de lâche manière en osant insinuer des dysfonctionnements dans l’administration de Votre Royaume. Pire, il commit le crime impardonnable, ce monstre d’ingratitude, de rendre son tablier à Vous, Majesté.

Sire, cet insolent eût mille fois mérité le bûcher en place publique pour Vous avoir ainsi offensé, mais Votre légendaire magnanimité le laissât aller compter nos écuscommuns dans le royaume voisin.

Derechef, Votre choix, toujours infaillible, fut de confier les rênes du Gouvernement au Sieur Moussa Joseph Mara, dont les rares envieux que Vous tolératesdans Votre Royaume, disent le plus grand mal par dépit. Les jaloux, Hassidis et petits messieurscomptèrent ses jours à la tête de la Régence et par d’indignes allusions, ils le firent apparaître comme lorgnant Votre Auguste trône, oubliant que ne peuvent s’y asseoir que les princes de Votre royale lignée. Vous le congédiâtes, lui aussi, mais de belle manière, même si depuis, il perdit l’honneur de deviser avec Vous.

Ensuite, Vous tirâtes de son repos un sujet bien docile et respectueux de Vos pouvoirs et dont le vénérable âge inspire Votre confiance malgré la moue du Vulgum Pecus, qui, il est vrai, n’a que peu de valeur, Modibo Kéita, ce prestigieux nom dans Votre Royaume, sert Votre grand dessein pour Vos sujets, sur tous les fronts pour démonter les complots ourdis pour d’imaginaires scandales d’engrais frelatés, de tracteurs de contrebande, de logements sociaux accaparés par les puissants du jour, de blanchiment d’argent,de ponctions sur les charges communes du Budget en Votre faveur (comme si Vous n’étiez pas seul et unique possesseur des deniers de l’Etat, en fait les vôtres). Alors même que Vous venez de congédier deux manants qui se prenaient pour Princes Consorts Bocari Teréta et Mamadou Igor Diarra, bénéficiaires de Vos faveurs ! Sire, Votre peuple réclame leurs têtes, comme celles des journalistes infâmes du quotidien français « Le Monde » qui osèrent attenter à Votre honneur en Vous accusant, Vous, d’être corrompu. Vos sujets attendent toujours avec impatiente fébrilité que la Justice de leur pays devant laquelle Vous consentîtes à porter plainte les envoie ad vitam aeternam au cachot.

Ecoutez la supplique d’un manant qui,
fier de la chance que lui octroya la Providence,
reste Votre fidèle serviteur, et
s’incline devant Vous avec le respect et l’admiration du féal

Votre déférent Sujet qui voudrait aussi présenter ses modestes hommages à la Famille d‘Abord

Signé Ibrahim Karim Ag KÉITA Ould MAIGA

LE Républicain-Mali