Sommet international sur la migration: L’Europe a-t-elle les moyens de sa politique?

Sommet valette officiel

Ce qui n’est pas du tout du goût du Président de la Fédération des Associations d’Immigrés du Mali, Mamadou Bathily. Il faut rappeler que ce sommet de La Valette, sur l’Ile de Malte, a été initié par les dirigeants européens le 23 avril dernier, lors d’un Conseil extraordinaire, suite aux drames survenus sur les côtes libyennes, grecques et italiennes, au printemps dernier, avec des naufrages de chalutiers qui ont fait des centaines de victimes.

Au moment où l’hiver pointe son nez en Europe, plusieurs centaines de migrants, essentiellement Africains, mais aussi Syriens, continuent chaque jour d’affluer vers le Vieux continent. Les solutions face à cet afflux divisent beaucoup les dirigeants Européens. Pendant que certains pays préconisent la construction de murs de séparation, d’autres essayent d’accueillir un grand nombre de ces réfugiés, comme l’Allemagne.

Cette question s’inscrit dans le cadre de l’Approche globale de la question des migrations et de la mobilité (AGMM), et est aussi liée à l’asile. Relue en 2012, ce programme complète la politique étrangère et de coopération au développement de l’Union Européenne avec les pays africains dans plusieurs domaines.

Les problèmes que connaissent déjà les pays de premier accueil des migrants en Europe, notamment la Grèce et l’Allemagne, sont bien connus. L’Allemagne enregistre plus de 10 000 entrées par jour et, selon l’ONU, plus de 75 000 migrants seraient déjà arrivés en Europe depuis le début de l’année.

Au cours du sommet, les 28 dirigeants de l’UE entendent, à travers des moyens financiers, mettre en place un fond fiduciaire de 1,8 milliards d’Euros, afin d’aider les pays africains à créer les conditions de vie idoines pour donner envie aux jeunes de rester au pays et de ne pas tenter l’aventure.

Pour le Mali, cette solution passe, entre autres, par le développement des zones dites réservoirs d’immigrés potentielles, par la formation et par l’éducation. Les questions liées à l’immigration sont importantes pour notre pays, pour qui connait le soutien apporté par les immigrés à leurs familles.

Les chiffres officiels parlent de plus de 33 milliards d’Euros, soit plus que ce que l’Aide Publique au Développement de l’UE accorde chaque année aux pays africains, 20 milliards d’Euros environ. D’ores et déjà, certains responsables de la société civile malienne se disent pessimistes. C’est le cas du Président de la Fédération des Associations d’Immigrés du Mali, Mamadou Bathily. Selon lui, ce sommet n’apportera rien de nouveau, tout comme les 5 autres auxquels il a pris part.

Cependant, au regard de toutes les difficultés que connaissent les pays européens, et vu l’apport inestimable de ces braves fils du Mali en Europe, les dirigeants africains, et plus particulièrement maliens, doivent se poser certaines questions avant d’engager leur pays dans quoi que ce soit.

Il s’agit surtout de savoir si les 28 pays de l’UE ont les moyens de mettre 1,8 milliards d’Euros à la disposition des Africains, quand on sait que beaucoup de ces pays sont réticents à cette idée? Enfin, cette solution suffira-t-elle à ralentir, voire arrêter, le fléau, et sera-t-elle pérennisée?

Mohamed Naman Keita

Source: Le 22 Septembre 11/11/2015