Situation humanitaire au Nord du Mali Plus de 2 millions de personnes dans le besoin

Mangaize refugee camp, Ouallam region, Niger, April 2012.

La situation humanitaire se détériore davantage au Mali. Une situation qui est due, en plus d’importantes problématiques structurelles avant la crise, au conflit armé et l’occupation des régions du Nord en 2012. Selon le dernier rapport d’OCHA, 2, 5 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire dans les zones affectées par le conflit au Mali. OCHA tire, ainsi, la sonnette d’alarme sur la détérioration de la situation humanitaire au nord du pays où la situation sécuritaire demeure précaire malgré la signature de l’accord de paix en juin 2015.

Dans son rapport 2016 sur les besoins humanitaires au Mali, OCHA dresse un tableau peu reluisant du cadre de vie des populations vivantes au Nord du Mali. Selon le rapport, 2 550 000 personnes sont en situation d’insécurité alimentaire parmi lesquelles, 2 235 000 personnes sont en insécurité alimentaire modérée et 315 000 sont en insécurité alimentaire sévère au nord du Mali. « Le conflit armé et l’occupation des régions du Nord en 2012 ont fortement contribué à la détérioration de la situation humanitaire au Mali où d’importantes problématiques structurelles existaient avant la crise. En effet, la population, estimée à 17 819 000 en 2015, subissait déjà les conséquences de crises nutritionnelles et alimentaires répétitives. Ces insuffisances structurelles ont été encore aggravées par l’insécurité persistante et les mouvements de populations liées au conflit », note le rapport.

Ces problématiques, ajoute le rapport, sont plus accentuées dans les régions du Nord où la situation sécuritaire demeure précaire malgré la signature de l’accord de paix en juin 2015. Selon le rapport, la région de Tombouctou est en urgence nutritionnelle avec un taux MAG à 17,5% et de MAS à 3,5%, ce qui nécessite des interventions d’urgence afin de sauver des vies. Par ailleurs, le retour de l’administration et des forces de sécurité n’est toujours pas effectif dans plusieurs localités.

« Les dernières enquêtes, évaluations et analyses des clusters font état de l’accès encore limité des populations à l’eau et aux services sociaux de base. En outre, la poursuite des hostilités dans certaines localités de ces régions jusqu’en septembre 2015, le banditisme récurrent, ainsi que le nombre croissant d’attaques portées à l’encontre des acteurs humanitaires, ont entrainé la réduction significative de l’accès humanitaire aux populations dans le besoin. », lit-on dans le rapport.

Situation sécuritaire précaire

OCHA signale que malgré la signature des accords de paix en juin 2015, des attaques asymétriques entre groupes armés et des conflits inter et intracommunautaires persistent. « Cette situation affecte non seulement la sécurité des populations, mais aussi le relèvement immédiat de ces communautés qui demeurent très vulnérables. » Elle contribue, ajoute OCHA , notamment, à la contamination des zones où ont lieu les combats et où résident ces populations. Ainsi, la présence de restes explosifs de guerre et les activités des groupes terroristes, qui s’effectuent particulièrement à travers l’utilisation d’engins explosifs improvisés continuent à menacer des vies humaines sur l’ensemble du territoire. La volatilité du contexte sécuritaire a un impact significatif sur l’accès humanitaire et le modus operandi des humanitaires, particulièrement dans les régions de Gao,
Mopti et Tombouctou. « Certaines zones encore sous contrôle des groupes armés restent peu accessibles aux acteurs humanitaires privant ainsi les populations d’accéder à l’assistance dont elles ont besoin. », explique le rapport. Selon le rapport, les régions de Gao, Kidal, Tombouctou et Mopti (Youwarou,Tenenkou et Douentza) sont celles où les besoins sont les plus importants. « Elles constituent non seulement des zones particulièrement vulnérables aux aléas du changement climatique, mais elles sont aussi lourdement affectées par le conflit. » les humanitaires ont des problèmes pour accéder aux personnes dans le besoin malgré efforts fournis. Et pourtant, les conséquences de la crise sont encore perceptibles et les besoins en assistance humanitaire restent importants. Et Parmi les besoins immédiats exprimés par les personnes déplacées, retournées et rapatriées, note le rapport, l’accès à un abri occupe une place importante.

Les populations retournées et rapatriées retrouvent leur logement dégradé à leur arrivée. Ils sont le plus souvent dans l’incapacité de reconstruire leur logement par leurs propres moyens et de reconstituer les biens ménagers volés ou détruits.

Madiassa Kaba Diakité