SIKASSO : La culture minianka frappée de plein fouet par la modernité

La culture minianka est plus que jamais influencée par la modernisation du monde. Cette culture de la région de Sikasso a tendance à changer sa façon de célébrer les mariages, de manger, de s’habiller et même de faire les travaux champêtres. Bref, si les anciennes pratiques sont toujours là, elles sont tout de même en voie de modernisation.

La culture est ce qui caractérise l’homme. Elle le différencie des animaux. La culture est commune à un groupe d’individus et englobe toutes les traditions, mythes, danses, habillements, langues et bien d’autres. La langue est le domaine le plus important dans une culture mais l’aspect le plus important à retenir est le sentiment d’appartenance. Les Miniankas de Sikasso, précisément ceux qui viennent à Karankasso, ont comme activité principale l’agriculture. Au champ, ce sont les aînés qui commencent toujours. Quand il s’agit de semer, c’est le plus âgé qui commence, ensuite celui qui le suit, ainsi de suite. Les femmes et les enfants ont, chacun, à un rôle à jouer au champ. Ce sont les enfants qui labourent le champ sous la surveillance d’une personne âgée, et les femmes viennent en aide. Après l’agriculture, il y a un grenier commun dans lequel les récoltes sont gardées. Elles n’appartiennent pas à une famille donnée, mais à tout le monde. Une fois le grenier rempli, le reste des récoltes est vendu en ville. Le grenier est confié à un seul homme. Auparavant, les hommes remettaient le mil avec toutes ses tiges aux femmes qui s’en occupaient. Mais maintenant, avec la modernisation, la tâche est plus facile pour ces femmes qui ont des machines en plus des moulins. Quand les femmes ont besoin du mil pour la cuisine, c’est au gardien du grenier de leur en donner. Comme nourriture, c’est le « to » qui est prisé. C’est un plat traditionnel local. Le to est fait avec la sauce de feuilles de haricot ou de baobab. Après la cuisine, les femmes faisaient des kilomètres à pieds, la tasse sur la tête, pour apporter à manger aux hommes. La nourriture est servie dans une tasse traditionnelle. Elles s’adressent à l’ainé car, c’est lui qui décide de la suspension du travail et invite les autres à manger. De nos jours, avec les moyens de transport moderne, c’est plus facile pour les femmes qui n’ont plus besoin de marcher longtemps.
Aux heures de repos, les vieux se réunissent dans le vestibule. Les plus jeunes se mettent autour de lui pour discuter des problèmes qui concernent la famille ou même le village. La parole est toujours donnée à l’aîné avant les autres, c’est lui qui dirige la réunion et la décision finale lui revient, même si les autres ne sont pas d’accord. Ensuite, le griot, à l’aide d’un tam-tam, en informe tout le village.
Les Miniankas se différencient des autres communautés par leur habillement à base de coton. Chaque peuple a sa propre texture. Celle des hommes aussi sont différentes de celle des femmes.
En dehors du vestimentaire, il y a aussi des interdits pour chaque ethnie. Chez les Dao, le python leur animal totem. Il annonce une mauvaise nouvelle, même le simple fait de le voir. Pour d’autres familles, c’est soit le cheval, le lièvre, etc. Les totems varient selon les familles et les villages.
A chaque village ses pas de danse et ses instruments de musique. Les personnes âgées préfèrent le « Gnonkon », souvent accompagné du « Buru », avec des pas de danse qui ne demandent pas beaucoup d’effort. Les jeunes, par contre, sont fans du balafon, avec des pas de danse plus vifs et beaucoup d’ambiance.
Les filles, depuis à l’âge de 14 ans, sont mariées à des hommes dont elles ignorent l’identité. Le mariage est célébré souvent la nuit et ce n’est que dans la chambre nuptiale qu’elles découvrent leurs époux qui, dans certains cas, ont l’âge de leurs pères. Mais de nos jours, c’est bien différent. Les femmes choisissent elles-mêmes leurs époux. D’autre part, la circoncision et l’excision sont des pratiques qui existent toujours en milieu minianka. Chaque enfant est classé selon sa génération. Souvent, c’est à l’âge de 5 ans ou plus que les enfants sont soumis à la pratique. Une grande fête est organisée pour l’occasion. Le griot annonce la nouvelle et chaque famille prépare son enfant.
Malgré la modernisation, les Miniankas de Karankasso tentent tant bien que mal de rester fidèles à leur culture.
Emma Fifamè