Shell a doublé son bénéfice net en 2016 grâce à de drastiques réductions de coût

Londres – Le géant pétrolier Royal Dutch Shell a annoncé jeudi que son bénéfice net avait plus que doublé au cours de l’année 2016 grâce à son programme de réduction de voilure drastique, même si le marasme des cours du pétrole a continué de peser sur ses comptes.

Lors de l’année écoulée, la major anglo-néerlandaise a dégagé un bénéfice net de 4,58 milliards de dollars (4,23 milliards d’euros). Il a annoncé le maintien du montant de son dividende, ce qui faisait grimper de 1,66% le cours de son action « B » à la Bourse de Londres vers 10H20 GMT.

Shell s’est lancé dans un vaste programme de réduction des dépenses et de cession pour faire face au marasme des cours du pétrole ces trois dernières années.

Le groupe a sabré dans ses investissements depuis 2014, quand les cours du brut, qui dépassaient encore 100 dollars, ont sombré pour atteindre 30 dollars début 2016, avant de remonter quelque peu au-delà des 50 dollars ces récents mois.

Les investissements du géant sont passé de 47 milliards en 2014 à 27 milliards en 2016, et ont été confirmé à 25 milliards pour 2017. A l’avenir, le groupe veut maintenir ses dépenses annuelles en capital dans une fourchette comprise entre 25 et 30 milliards de dollars.

Le directeur général de Shell, Ben van Beurden, a souligné aussi que le groupe avait engagé sur la seule année dernière des cessions portant sur pas moins de 15 milliards de dollars – sur un total de 30 milliards de dollars de ventes visées à moyen terme.

Pas plus tard que mardi, la major a ainsi annoncé une vente d’actif massive en mer du Nord britannique, pour plus de 3 milliards de dollars.

« Nous faisons tourner l’entreprise à un coût ajusté inférieur de 10 milliards de dollars à ce que Shell et BG combinés représentaient il y a 24 mois », a mis en exergue M. van Beurden jeudi.

Cela est passé par des abandons de projet, des suppressions d’emplois et un contrôle beaucoup plus sévère des dépenses à l’échelle de ce géant mondial comptant quelque 93.000 employés dans 70 pays.

Le chiffre d’affaires de Royal Dutch Shell (y compris celui tiré des coentreprises) a en conséquence baissé de 32 milliards de dollars l’an passé, ou quelque 12%, à 240 milliards de dollars. Mais dans le même temps, les dépenses totales du groupe ont fondu de plus de 35,5 milliards de dollars, ou 13%, à 234,4 milliards de dollars.

In fine, le bénéfice avant impôt de la major a presque triplé, à 5,6 milliards de dollars, ce qui lui a permis d’afficher un bénéfice net bien meilleur.

– La stratégie de l’eau profonde –

Mais M. van Beurden n’en a pas moins reconnu que l’année 2016 avait été « difficile », du fait de prix des hydrocarbures encore peu dynamiques malgré une reprise en fin d’année sur fond de réduction de production impulsée par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).

Ces conditions encore mitigées ont pesé sur ses revenus dans la production de gaz comme de pétrole, tandis que son activité de raffinage a souffert de marges plus réduites et de taxations plus élevées.

Ses profits ont en outre été affectés par d’amples dépréciations liées à l’acquisition géante de BG, actée début 2016 pour 47 milliards de livres (55 milliards d’euros au taux de change actuel), groupe puissant notamment dans le secteur du gaz naturel liquéfié (GNL) et dans le domaine de l’exploitation en eaux profondes.

Au final, son bénéfice annuel ajusté, hors éléments exceptionnels et variation des stocks (CCS), un indicateur scruté par le marché, s’est effrité de 8%, à 3,5 milliards de dollars.

Pour l’avenir, le directeur financier Simon Henry a souligné que malgré ses réductions de dépense pas moins de 10 milliards de dollars de nouveaux projets seraient entrés en fonctionnement entre 2014 et 2018.

L’apport des actifs de BG au Brésil a permis en outre de doubler la capacité du groupe en eaux profondes, déjà notable dans le Golfe du Mexique américain: ces projets rémunérateurs permettent le pompage de plus de 700.000 barils équivalent pétrole par jour et devraient dépasser le million de barils au début de la prochaine décennie.

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ROYAL DUTCH SHELL PLC

(©AFP / 02 février 2017 11h48)