SEVARE : Au-delà de l’insécurité, la psychose

La montée en puissance des activités terroristes dans le Centre inquiète à Sévaré. Avec
menace réelle, il faut craindre que la suppression de postes de contrôle en rajoute au
climat d’insécurité.
Ville carrefour, Sévaré condense à elle seule la menace terroriste sur le Centre du pays. Si
vous empruntez les transports en commun ou tout autre moyen de transport, la première
chose qui marquera votre esprit est le dispositif sécuritaire.
Déjà, à l’entrée de la ville, au poste de contrôle de Barbé, érigé poste de sécurité, il faut
montrer pattes blanches pour passer. Une scène qui donne plutôt l’allure d’une période de
guerre. Le premier sentiment qui vient à l’esprit du passager, c’est la menace terroriste. Ici,
tout le monde est suspect.
Passagers, chauffeurs et autres usages de la route sont obligés de passer la nuit dans les
alentours de la ville notamment le célèbre carrefour de Djenné. Cet endroit, jadis un point de
passage-éclair, est de nos jours devenu un milieu de prédilection pour les petits commerces :
location de nattes, vente de boissons, du lait, du thé et d’autres produits locaux.
Le spectre d’attaques terroristes est là et les signaux d’une montée en puissance des hommes
du Front de libération de Macina du tristement célèbre jihadiste Hamadou Kouffa planent sur
ville. Le moindre geste est minutieusement observé par les forces présentes dans la région
de Mopti. Mais, l’essentiel de la lutte contre le terroriste est menée par les FAMa, visibles
aux endroits névralgiques.
Cas des postes de contrôle
S’il y a un sujet qui passionne commerçants, transports et simples citoyens, c’est bien le
retrait de certains postes de contrôle suivant une directive de l’Union économique et
monétaire ouest-africaine (Uémoa).
Interrogés, nombre d’habitants estiment qu’en raison de la persistance de la menace terroriste,
le cas de Mopti mérite d’être traité différemment. Pourtant, le gouverneur de région, le
colonel Sidiki Samaké, est formel. Récemment, dans une intervention à la télévision
nationale, il a indiqué que c’est une décision nationale et même communautaire qu’il
respectera à lettre dans sa circonscription.
Pourtant, la mesure, si elle a été bien accueillie dans le milieu de transporteurs, réjouie moins
certains agents de la sécurité. "La suppression de certains postes de contrôle est un gros risque

dans la mesure où nous avons l’habitude de saisir des produits prohibés : médicaments,
drogues et même des armes", confie un gendarme sous le sceau de l’anonymat.
Dans la ville de Sévaré, une zone de transit entre les régions du Nord et celles du Sud, il faut
plus que de la tactique militaire pour sécuriser les populations et leurs biens. Cela s’impose de
plus en plus comme un défi urgent à relever de nos jours.
L’espoir est permis avec la création d’une base de la Force conjointe du G5-Sahel dans cette
ville.
Alpha Mahamane Cissé