REFORMES INSTITUTIONNELLES, RELATIONS AVEC LA SOCIETE CIVILE

Les atouts du ministre Thiam

A seulement 35 ans, Amadou Thiam a été nommé à la tête du ministère en charge des Réformes institutionnelles et des Relations avec la société civile. Ce jeune qui a la tête sur les épaules a des atouts pour réussir cette mission pourtant très délicate. Il est non seulement l’ancien président de l’ADP-Maliba, aussi ancien directeur de campagne du candidat Aliou Diallo. Homme politique  expérimenté, il bénéficie également de la volonté des leaders d’opinion et politiques à aller vers ces réformes.

Son parcours politique plaide en sa faveur !

Amadou Thiam a une expérience qui force le respect. Il a été président du Parti Alliance démocratique pour la paix (ADP Maliba). Depuis 2015, il est député élu en commune V du district de Bamako. Il a été 2ème vice-président de l’Assemblée nationale du Mali (2014-2016). Puis chargé des questions d’énergie, d’eau, des industries, des mines, de l’artisanat, du tourisme,  des technologies et des affaires religieuses et président du Comité d’élaboration et de mise en œuvre du Plan stratégique de développement institutionnel de l’Assemblée nationale du Mali (Psdian 2015-2025), avant de se voir confier la présidence de la commission de suivi de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Un an plus tard, il sera hissé au poste de président de la commission d’organisation de la Conférence de l’Upci au Mali et chargé du Parlement de l’UIP. Mais, ce qui importe de souligner, c’est qu’Amadou Thiam a été le 1er vice-président de la Plateforme « Antè A Bana ; Touche pas à ma Constitution ».

La volonté affichée de tous les acteurs à aller à la réforme constitutionnelle

Les responsables des partis politiques ont tour à tour exprimé au chef de l’Etat leur respect des institutions de la République et de « sa personne », ainsi que leur attachement à une exclusivité dans la conduite de ce processus de révision de la loi fondamentale. Nonobstant des divergences dans l’approche, tous ont rassuré de leur disponibilité à s’impliquer afin que «tout le monde soit dans le train qui va démarrer». Selon les analystes politiques, « personne ne peut douter aujourd’hui de la pertinence de cette révision. C’est même une priorité », Au lendemain de sa rencontre avec les partis politiques, une forte délégation de la société civile, conduite par Boureïma Allaye Touré, président du Conseil national de la société civile (Cnsc), a été reçue à son tour par le Président IBK. Au cours de l’entrevue, le chef de l’Etat a expliqué avoir convié la société civile pour parler de révision constitutionnelle, d’autant plus que «la constitution de 1992 a révélé des insuffisances». «Notre loi fondamentale doit, au-delà, intégrer de nouvelles dimensions relatives à la décentralisation et doit faire une place à nos autorités légitimes», a justifié IBK qui a aussi mis l’accent sur la création d’une Cour des comptes, conformément aux directives de l’Uemoa. Boureïma Allaye Touré dira : «C’est un signe très fort. Le dialogue est une vertu. Je voudrais vous rassurer que nous avons travaillé pendant 21 jours avec le Comité d’experts. Cette exclusivité doit être observée pour que ce projet prenne en compte toutes les aspirations de nos populations. Nous allons jouer notre partition. Il faut que tous les acteurs puissent y participer pour éviter ce que nous avons connu en 2017 et avant 2017. Nous restons debout, engagés ».

En clair, cette réforme constitutionnelle est une nécessité pour l’ensemble des forces vives de la nation et la classe politique. La seule condition qu’elles posent est l’implication de tous les acteurs afin que les avis des uns et des autres soient pris en compte dans le nouveau projet. Une position partagée par le président de la République qui a laissé entendre que « c’est au peuple de décider du contenu de la nouvelle constitution du Mali. » Tout semble au vert pour que le projet de réforme constitutionnelle passe à la 3e tentative.

André Traoré

 

TERRORISME AU CENTRE DU MALI

Quel avenir pour Amadou Kouffa ?

Depuis la publication de la vidéo d’Amadou Kouffa, leader du Katiba Macina, de nombreuses questions demeurent quant à son repaire et ce qu’il avait fait depuis le moment où il a disparu en novembre 2018, après une grande grève par les forces françaises  de Barkhane. Est-ce qu’un chef respectable de tant de soi-disant soldats se cacherait si longtemps tandis que ses soldats continuaient à combattre? Sûrement, il y avait une bonne raison pour son absence.

L’explication la plus probable de son absence prolongée est que  Kouffa récupérait des blessures graves –peut être physique, très certainement émotionnelle et psychologique. L’explosion  de l’attaque li aurait donné une blessure à la tête. Peut- être qu’il a dérivé dans et hors de la conscience pendant des jours ou des semaines pendant qu’il récupérait. Plus important encore, il a probablement souffert  de stress sévère et des problèmes psychologiques, revivant dans son esprit à plusieurs reprises les événements du jour ou il est venu si près de la mort. Tous ces tremblements et contemplations l’auraient rendu inapte à diriger ses hommes.

A la suite de l’attaque, Kouffa, très probablement, s’est déplacé d’un endroit à l’autre pour les deux mois suivants, toujours la nuit, pour se cacher dans l’obscurité. Cela a certainement perturbé son sommeil, l’a rendu faible, a prolongé son rétablissement et a augmenté son malaise pendant les nuits froides, où il a voyagé. Une fois dans sa cachette, Kouffa, très probablement, est resté à l’intérieur. Les bruits forts l’ont fait sauter de peur-Qui est la ? Est-ce une autre attaque ? Il a peut-être commencé à questionner les activités de son groupe ; et s’il suivait le vrai chemin  de Dieu. Il a probablement évité d’utiliser les téléphonés ; sauf dans sa vanité pour lire des histoires médiatiques sur sa mort supposée.

Qu’est-ce que l’apparition de Kouffa dans le spectacle vidéo signifie au peuple du Mali ? Pas grand-chose, vraiment. Nous savons qu’il est vivant physiquement, oui. Mais son absence prolongée a parlé plus fortement de toute la situation et de son état mental. Il est clair qu’il soit maintenant comme un œuf laissé au soleil pendant trop longtemps: bien que sa coquille semble saine, nous savons tous qu’à l’intérieur, il est pourri, visqueux, et inutile.

Alors, quel pourrait être l’avenir de ce prédicateur Fulani devenu terroriste ?

Continuera-t-il à attaquer le peuple pacifique du Mali, semant la discorde  entre les Peulhs et les

Dogons ?  Ou a-t-il peut-être commence à se rendre compte que son chemin est celui de la mort et de la destruction, contrairement aux enseignements du coran ? Kouffa va certainement bientôt passer le chemin des autres dirigeants extrémistes au Mali. Alors, qui sera le prochain? Etant donné l’état émotionnel fragile de Kouffa, Iyad Ag Ghaly recherche-t-il déjà un remplacement ?

B.T.

 

DECLARATION DU PARTI FARE SUR LE PROJET DE PROROGATION DU MANDAT DES DEPUTES AU 02 MAI 2020

Dans la situation présente du pays, nous sommes convaincus que l’expression démocratique, source de légitimité et de stabilité, constitue le socle de la paix à venir et du redressement de notre pays.

Et c’est pour cela que nous indiquions en août 2018 que rendre les prochaines élections, notamment législatives libres, transparentes et équitables, est non seulement une nécessité mais un impératif pour tous ceux qui veulent effectivement un avenir de paix et de stabilité pour le Mali. Et que, les grandes réformes que le suffrage du peuple invitait dès 2013, à conduire avec diligence et légitimité ne l’ont pas été et  notre système démocratique en paie le prix aujourd’hui !

Dans cette optique, par une Déclaration en date du 15 octobre 2018, le parti FARE recommandait d’éviter certains pièges dont celui de tenir les élections législatives dans un contexte d’insécurité persistante, de crispation politique, d’exacerbation du front social, de paupérisation générale des populations et de défiance des maliens à l’égard des institutions étatiques, comme les reporter unilatéralement en dehors de tout processus consensuel de sortie de crise durable, serait une fuite en avant désastreuse pour notre pays.

Les FARE invitaient le gouvernement et les forces politiques et sociales à avoir la lucidité de poser les jalons d’une véritable sortie de crise structurelle de notre pays. Ils devraient, en Conférence des forces politiques et sociales :

  • convenir de la tenue d’un Dialogue National Refondateur, devant arrêter les orientations majeures dont les Maliens conviendront quant à l’avenir du pays,   l’infrastructure institutionnelle de notre Etat, nos réponses aux exigences de l’intérêt général et aux frustrations dont souffrent les populations au quotidien.
  • décider du report des élections législatives pour une durée en cohérence avec la conduite des réformes institutionnelles et structurelles dont le pays a besoin.

En dépit de nos mises en garde et de celles de bien d’autres acteurs, le Gouvernement et l’Assemblée nationale avaient unilatéralement prorogé le mandat des députés  de six mois, donc au 30 juin 2019 en se donnant des objectifs et tâches qu’ils n’ont pas tenus. Une telle violation de la constitution et sans gain pour l’intérêt général et la stabilité du pays, est une faute politique grave.  

Et pourtant, le gouvernement suite à un conseil de ministre extraordinaire tenu le vendredi 07 juin 2019, a  adopté un projet de loi organique portant prorogation une seconde fois du mandat des députés à l’Assemblée Nationale jusqu’au 02 mai 2020, afin semble-t-il de réunir les conditions optimales à la bonne organisation des élections.

Cette nouvelle prorogation est donc unilatérale et illégitime en dehors de tout processus consensuel de sortie de crise durable et c’est une autre fuite en avant désastreuse pour notre pays.

Parce que cet entre soi de l’exécutif et du législatif est mortifère pour notre démocratie.

Sans agenda stratégique politique du mandat présidentiel en cours, les errements viennent de nous faire perdre dix mois, au cours desquels notre pays a davantage sombré au plan social, sécuritaire, le pays s’est enfoncé à des niveaux insoupçonnés de violences et d’atrocités, Koulongo, Ogossagou pour ne citer que ceux-là et aujourd’hui Sobane Da… de conflits intercommunautaires, l’économie criminelle qui s’étend, la détresse des déplacés de plus en plus nombreux, les menaces d’insécurité alimentaire, l’extension au sahel occidental et dans la sous- région.

Et voilà que dans une telle situation dramatique du pays, sans avoir atteint les résultats escomptés de la prorogation, le Gouvernement  veut y ajouter 10 autres mois ! Non, ce chèque en blanc, le peuple malien ne le donnera pas ! Il n’est pas question de dilapider le temps, ce temps qui joue contre le Mali et le Sahel, de dilapider les ressources et donc de compromettre notre avenir.

Le parti FARE rejette fermement une telle prorogation illégale et illégitime au moment où notre peuple  veut refonder sa démocratie, se doter d’institutions appropriées et solides.

Soyons clair, Il n’y a pas de Dialogue national en soi, ni de prorogation de mandat des députés en soi… ils doivent relever d’une démarche articulée en processus ouvrant une vraie perspective de redressement du Mali singulièrement au plan sécuritaire.

Sortons  des tranchées pour faire prévaloir l’intérêt général, pour faire émerger et conduire un projet commun pour le redressement du Mali à partir d’une Conférence des Forces Politiques et Sociales, porteuse d’un vrai accord politique, étape importante dans la construction d’un agenda malien de sortie de crise solide et durable.

La gouvernance, la bonne, c’est aussi avoir le courage de repartir du bon pied au lieu de s’enfoncer dans l’impasse.

 

Bamako le 10 juin 2019.

 

PROLONGATION DU MANDAT DES DEPUTES

Quand le peuple se laisse distraire par un énième  faux débat !

Les débats autour de la prolongation du mandat des députés ne faiblissent pas.  Après l’adoption de la loi organique par le conseil des ministres le vendredi dernier, le mandat sera certainement prolongé jusqu’au 02 mai 2020. Si certains pensent que cette prolongation est nécessaire, d’autres estiment le contraire.  Ces derniers pensent que la décision est anticonstitutionnelle.

Sur le rapport du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Conseil des ministres a adopté un projet de loi organique portant prorogation du mandat des députés à l’Assemblée Nationale. Le mandat des députés, qui a expiré le 31 décembre 2018, a été prorogé jusqu’au 30 juin 2019 par la loi organique n°2018-067 du 06 décembre 2018 conformément à l’avis de la Cour constitutionnelle du 12 octobre 2018. La prorogation était motivée par « le caractère de force majeure des difficultés entravant le respect scrupuleux des dispositions constitutionnelles et législatives et la nécessité d’assurer le fonctionnement régulier de l’Assemblée nationale ».

L’évaluation de la situation politique et sécuritaire du pays révèle la persistance des difficultés et contraintes qui ne permettent pas la tenue d’élections législatives régulières et transparentes. Dans ce contexte et conformément à l’Accord politique de gouvernance, le projet de loi organique adopté proroge jusqu’au 02 mai 2020 le mandat des députés de la Vème législature afin de réunir les conditions optimales à la bonne organisation des élections.

Les débats autour de cette prorogation sont –ils opportuns ?

Selon plusieurs analystes politiques, ce débat autour de la prorogation du mandat des députés n’est pas opportun. Car, à leurs dires, le Mali traverse une crise sans précédent de son histoire sur les plans politique, sécuritaire et économique. Aussi, le pays se dirige-t-il vers de grandes réformes politiques et institutionnelles. Il faut tout d’abord aller à la 4e république et valider le nouveau découpage territorial. Et ensuite, organiser des élections législatives. Selon eux, organiser des législatives avant la révision constitutionnelle et la validation du projet de découpage territorial, c’est jeter de l’argent par la fenêtre. Car le Mali sera dans l’obligation de dissoudre l’Assemblée nationale pour réorganiser de nouvelles législatives.

André Traoré

 

MASSACRE DE SOBAME DA

La classe politique hausse le ton

De Kolongo à Sobame Da en passant par Ogossagou, trop de sang humain a coulé. Plusieurs dizaines de personnes ont perdu la vie dans les attaques barbares des terroristes. Malgré les discours fermes du président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, la situation ne fait qu’empirer et les populations se sentent abandonnées par l’Etat. La classe politique quant à elle hausse le ton et demande des mesures idoines urgentes

C’est avec tristesse et consternation que la Convergence pour le développement du Mali (CODEM) dit avoir appris le massacre odieux perpétré dans la soirée du dimanche 9 au lundi 10 juin contre les populations civiles et leurs biens à Sobame Da, dans la commune de Sangha (cercle de Bandiagara), ayant occasionné plusieurs dizaines de morts, de nombreux blessés et des dégâts matériels très importants. Le Parti Codem estime que l’objectif de cet ignoble acte est de créer le chaos à travers un conflit intercommunautaire au Mali.
Tout en rappelant le vivre ensemble entre les communautés qui a toujours caractérisé cette zone, la Codem invite les populations à ne pas céder à l’amalgame.
Le parti condamne avec la dernière énergie ces agissements dignes d’une autre époque, présente ses condoléances les plus attristées aux familles durement éplorées et souhaite prompt rétablissement aux blessés. Le Parti de la Quenouille invite l’ensemble des filles et fils du pays à l’union sacrée pour sauver la nation.

Le Président de l’APM-Maliko, Modibo Kadjoké, a fait un rappel sur les discours ferme du président IBK en ces termes :  « la récréation est terminée…! »
il se dit étonné de voir la situation empirer : « Je la croyais déjà terminée suite à l’inondation de #Banconi ; je la croyais terminée pour l’utilisation privée exagérée des véhicules de l’Etat ; je la croyais terminée suite aux massacres de #Bouni, #Aghelhock, #Nampala… ». Pour lui dire non, la récréation ne prend jamais fin avec des déclarations. Elle ne prendra jamais fin quand, suite aux crimes et massacres les plus ignominieux, il n’y a pas d’enquête sérieuse ou si elle a lieu, on n’en voit aucune suite ni contre les bandits, ni contre les acteurs du système dont la défaillance a permis le forfait.
Oui, elle ne prend fin que quand on sonne la cloche et sanctionne les contrevenants.
Dans le cas contraire, au lieu de la #fin de la récréation, on s’installe dans la récréation sans fin.

De son côté, le Congrès national d’initiative démocratique (Cnid – FYT) a appris avec une profonde consternation et une grande colère les événements tragiques ayant occasionné la mort de plusieurs dizaines de personnes dans le village de Sobame Da, dans le cercle de Bandiagara, commune de Sangha, région de Mopti.

Les criminels, sans aucune humanité, qui ont commis cette barbarie sans nom, n’ont épargné ni les enfants ni les femmes ni les vieillards. Le bétail, les greniers et les habitations ont été brûlés.

Face à la récurrence de telles atrocités, le Cnid -Faso Yiriwa Ton en appelle à la responsabilité du Gouvernement pour renforcer les mesures de sécurisation des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire, notamment au centre du pays, pour rechercher et punir les coupables et travailler à réunir les meilleures conditions d’un nouveau vivre ensemble.

Ces mesures ne doivent plus se limiter à des effets d’annonce. Elles doivent avoir un impact rapide et visible sur le terrain.

Enfin, le Cnid – Faso Yiriwa Ton présente ses condoléances attristées aux familles endeuillées, souhaite prompt rétablissement aux blessés assure toutes les victimes de son soutien.

André Traoré

PROROGATION DU MANDAT DES DEPUTES

La Cofop s’insurge et propose une constituante

En réaction à la volonté du gouvernement de proroger le mandat de la 5e législature jusqu’en mai 2020, les partis politiques, mouvements et associations  membres de la Coalition des forces patriotiques (Cofop) s’opposent et proposent la mise en place d’une assemblée constituante. Les enjeux, les défis et le contexte actuel exigent, selon la Coalition, une nouvelle configuration de la législature actuelle.

La décision du gouvernement de proroger d’un an le mandat des députés est loin de faire l’unanimité. Des organisations de la société civile et certains partis politiques et regroupements politiques expriment leur désaccord. Parmi eux, la Cofop.  Le week-end dernier, la question était au centre d’un débat. Les échanges ont porté sur la constitution du 25 février 1992 et la nécessité d’une constituante. Selon la Coalition, l’engagement s’explique du fait que depuis 2012, le Mali a connu l’une des crises les plus graves de son histoire récente. « Cette crise est multidimensionnelle, politique, sécuritaire, économique, et institutionnelle. Malgré les efforts conjugués des différents acteurs politiques, sociaux et stratégiques, l’insécurité, l’instabilité politique et institutionnelle semblent devenir des facteurs déterminants empêchant le fonctionnement régulier de notre République », indique Dr Abdoulaye Amadou Sy, président de la conférence des présidents de la Cofop.

C’est une volonté de rester fidèle aux idéaux des victimes de la répression de mars 1991 à travers la Cofop, ajoute-t-il. C’est pourquoi, dit-il, « nous nous sommes organisés politiquement afin de s’impliquer de façon résolue dans la recherche de solutions aux défis qui assaillent notre pays. Les deux thématiques, notamment la constitution du 25 février 1992 et la constituante ont pour but de créer un espace de réflexion, d’échange, d’appropriation et d’harmonisation par les cadres politiques et associatifs de la Cofop sur la constitution du 25 février 1992, les enjeux et défis liés à l’opportunité d’une constituante. Elles ont permis d’harmoniser la position politique de la Cofop sur les enjeux, défis et opportunités pour une sortie définitive de la crise multidimensionnelle au Mali… »

Selon Mamadou Traoré, le plus jeune candidat de la présidentielle de 2018, les cadres ont renforcé leurs capacités de réflexion pour aborder les questions relatives au devenir de l’Assemblée nationale et surtout les visions politiques ont été harmonisées sur la constituante. « Ce qu’a abouti, dit-il, à la formulation de ses propositions pertinentes au gouvernement pour une sortie définitive de la crise multidimensionnelle qu’a connue notre pays depuis 2012 ».

Les participants de l’atelier étaient des cadres, militants, sympathisants, députés, ministres, et élus, des partis politiques et mouvements associatifs membres de la Cofop ainsi que Djinna Dogon, TabitalPulaku, les groupes armés, l’Untm, la Cstm, le SAM, le Sylima, la société civile, la diaspora, les transporteurs, la coordination des chefs de quartiers, le Recotrade, le Patronat, NDI, le Pocim, l’IRI, Cmdid, Eisa.

S’agissant des résolutions, la Coalition des forces patriotique (Cofop) rappelle qu’en fonction de la situation sociopolitique et sécuritaire du Mali et surtout la volonté du peuple de surmonter les difficultés que connait le pays, il est important de créer une constituante en lieu et place de  l’Assemblée nationale actuelle. Cela permettra de procéder à la révision de la constitution après une large consultation du peuple souverain du Mali et nous nous engageons à soutenir ce processus.

Zan Diarra

COMMUNIQUE DE PRESSE N°003/06/2019

SUR LA PROROGATION DU MANDAT DES DEPUTES ET LA CONDUITE DU PROCESSUS DU DIALOGUE POLITIQUE INCLUSIF EN REPUBLIQUE DU MALI

Le Conseil extraordinaire des ministres, tenu le vendredi 07 juin 2019 a procédé à l’adoption d’un projet de loi organique relatif à la prorogation, une nouvelle fois, du mandat des députés à l’Assemblée nationale jusqu’au 02 mai 2020. Il faut rappeler que le mandat de ces derniers, arrivé à expiration le 31 décembre 2018, avait fait l’objet d’une prorogation antérieure jusqu’au 30 juin 2019 par la loi organique no-2018-067 du 06 décembre 2018, adoptée conformément à l’avis de la Cour constitutionnelle du 12 octobre 2018. Le Conseil a, par ailleurs, procédé à la désignation des personnalités chargées de conduire le dialogue politique inclusif.

La MOE-POCIM note le pas supplémentaire fait par le gouvernement, dans le sens de la décrispation du climat sociopolitique, à travers la mise en place enfin d’un collège de personnalités chargées du dialogue politique. Tout en attendant, dans les meilleurs délais, les termes de références détaillés et le lancement effectif d’un tel dialogue, elle se réjouit, par ailleurs, que la participation des femmes à la construction de la paix en République du Mali ait été valorisée et prise en compte par la présence d’une femme au sein de ce collège de trois personnalités.

La MOE-POCIM note cependant, relativement au nouveau projet de loi organique sur le mandat des députés, que celui-ci intervient sans consultation préalable de la Cour constitutionnelle comme cela avait été le cas les 10 septembre 2018 (par le premier ministre) et 10 octobre 2018 (par le président de l’Assemblée Nationale). La Mission s’interroge sur les raisons d’une telle rupture de forme. L’avis favorable du 12 octobre 2018 est-il un blanc-seing définitif et permanent accordé au gouvernement pour justifier tous les reports éventuels alors qu’il n’aura apporté, comme le soulignait le POCIM dans son précédent communiqué, aucune garantie concrète de sa volonté réelle de résorber les problèmes constitutifs de circonstances exceptionnelles et d’organiser à terme échu les élections législatives ?

La MOE POCIM constate le caractère illégitime et illégal de la prorogation du mandat des députés depuis 2018 et du mandat des conseillers nationaux depuis 2016. C’est dire que la préservation et la pérennisation des acquis démocratiques du 26 mars 1991 sont fortement entamées.

Le POCIM attire l’attention de l’opinion sur le risque qu’il y a pour le gouvernement de se prévaloir, à l’échéance du nouveau terme, de la persistance des circonstances exceptionnelles en vue de prendre un nouvel acte de prorogation, renforçant ainsi la crise institutionnelle actuelle.

Par conséquent, la MOE-POCIM exhorte les acteurs politiques et toutes les autres forces vives de la Nation à poursuivre les consultations en vue de la tenue effective et dans les plus brefs délais du dialogue politique inclusif. Elle invite, par ailleurs, le gouvernement à publier un Chronogramme explicite de toutes les activités préalables au rétablissement de la normalité institutionnelle à travers l’organisation, avant le 02 mai 2020, des élections législatives.

La MOE-POCIM demeure mobilisée et vigilante pour suivre l’évolution de la situation politique sur toute l’étendue du territoire national.

Bamako, le 10 juin 2019

Le Chef de mission

Ibrahima SANGHO                                                                                                                    

MAHAMAT SALEH ANNADIF A PROPOS DE L’ATTAQUE DE SOBANOU-KOU 

« Il n’y a pas les méchants d’un côté et les gentils de l’autre »

Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali (RSSG), Mahamat Saleh Annadif, s’est dit « choqué et outré » par cette nouvelle attaque dans le centre du Mali. Dans un communiqué, la Minusma a émis son estimé qu’un sursaut national s’impose face aux défis.

 La Minusma est extrêmement préoccupée par les informations concordantes et corroborées par les autorités locales, faisant état d’une attaque meurtrière ayant visé, le 9 juin, dans la soirée, des civils dans le village de Sobanou-Kou, situé à 43 km au nord-est de la ville de Bandiagara, commune de Sangha, cercle de Bandiagara, région de Mopti, indique la mission des Nations unies.

Selon les informations préliminaires disponibles, de nombreux hommes armés ont fait irruption dans le village et mené une attaque qui a causé au moins 95 morts et de nombreux blessés. Ce bilan est confirmé par des sources officielles et des témoins sur place, soutient-elle. 

Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali (RSSG), Mahamat Saleh Annadif, s’est dit « choqué et outré » par cette nouvelle attaque dans le centre du Mali. « Je condamne fermement cet acte d’une barbarie inqualifiable, ainsi que les appels à la violence. J’appelle les autorités maliennes à enquêter rapidement sur cette tragédie et à traduire ses auteurs en justice ».

« Ce drame nous rappelle également et malheureusement que dans cette spirale de la violence, il n’y a pas les méchants d’un côté et les gentils de l’autre. Tout le monde est responsable. Le seuil de l’intolérable est atteint et le temps d’un sursaut national s’impose. La Minusma prendra toute sa part de responsabilité », a déclaré le chef de la Minusma.

La Minusma coordonne sa réponse en soutien aux efforts des autorités maliennes. Le système des Nations unies au Mali se mobilise pour apporter une assistance humanitaire en soutien aux populations touchées par ce drame.

 Les opérations sécuritaires actuellement en place par la Minusma dans le centre du Mali sont en cours de redéploiement dans le but d’appuyer les forces de défense et de sécurité maliennes dans leurs efforts de sécurisation et de protection de la population.

 En soutien au Gouvernement malien, la Mission onusienne a également fourni un appui aérien afin de prévenir toute nouvelle attaque.

 La Minusma déploie actuellement une mission d’enquête spéciale des droits de l’homme sur les lieux pour faire la lumière sur ces incidents et appuyer les autorités maliennes dans leurs enquêtes judiciaires.

 Le Rssg a indiqué que la Minusma se tient prête à soutenir le Gouvernement malien pour toute action susceptible d’apaiser la situation.

Zan Diarra

MOIS DE JUIN

Calendrier chargé pour le Conseil de sécurité sur le cas du Mali

Le Conseil de sécurité des Nations Unies aura un calendrier chargé ce mois de juin. Il fera le point sur la mise en œuvre du mandat de plusieurs missions de maintien de la paix qui opèrent en Afrique, dont la Minusma.

Le dernier rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali sera discuté au Conseil de sécurité cette semaine, en présence notamment du chef de la Minusma. Face aux responsables onusiens, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali (RSSG), Mahamat Saleh Annadif, fera le point des opérations et évaluer les acquis et surtout les défis.

Au cours des débats, il sera aussi question de prendre des résolutions et du prochain mandat. Ce processus intervient dans un contexte particulier. Les conflits du Nord ont sérieusement affecté le centre ou les violences intercommunautaires font plus de victimes.

A suivre…

Zan Diarra

TOMBOUCTOU

Découverte d’un obus de mortier par un enfant

A Tombouctou, un enfant qui avait bénéficié d’une session d’éducation aux risques des engins explosifs a découvert un obus de mortier abandonné dans son quartier. Suite à cet incident, des acteurs de la lutte anti-mines sur le terrain se sont rendus sur place pour effectuer un marquage de la zone à risque et la dépollution des lieux. Des sessions supplémentaires de sensibilisation aux dangers des engins explosifs ont aussi été délivrées.

TESSALIT

Attaque contre le camp de la Minusma 

Trois roquettes de 105 mm sont tombées à proximité du camp de la Minusma, à Tessalit, non loin de la piste d’atterrissage. Aucun dommage ou blessure n’a été rapporté. La force de la Minusma a immédiatement dépêché sur les lieux une équipe d’intervention rapide.

KIDAL

Un véhicule de patrouille heurte un engin explosif

Un véhicule de la force, lors d’une patrouille de routine, a heurté un engin explosif improvisé (IED) ou une mine à environ 3 km au nord-est du super camp à Kidal. Quatre casques bleus ont été légèrement blessés et le véhicule a été endommagé. Le secteur Nord de la Mission a dépêché une équipe d’intervention rapide et une équipe de déminage sur le site pour effectuer une évaluation et récupérer le véhicule endommagé.

MOPTI/SOMADOUGOU 

La jungle ! 

Le bureau de la Minusma à Mopti a été informé par les communautés qu’environ 200 personnes, principalement des jeunes, armés de fusils et de machettes, contrôlaient des véhicules passant par le village de Somadougou, à environ 30 km au sud de la ville de Mopti, provoquant des tensions dans la zone. Cette mobilisation serait intervenue suite à l’incursion, au cours de la nuit précédente, des éléments armés présumés radicaux à Somadougou. Ce qui a entraîné l’assassinat de deux d’entre eux par la population.

 DDR : Les ex-combattants éligibles bientôt dans les centres d’instruction

La Minusma transportera tous les ex-combattants éligibles à la formation militaire dans les régions de Ségou et Koulikoro. Il s’agit d’un appui extrêmement conséquent de la part de la Mission pour assurer le transport de 1406 ex-combattants qui quitteront Gao, Kidal, Tombouctou et Tessalit pour rejoindre Bamako. De Bamako, les FAMa assureront ensuite leur transport jusqu’aux différents centres d’instruction.

La formation de ces ex-combattants permettra le redéploiement d’une armée reconstituée malienne sous la supervision directe du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) et de la Commission Technique de Sécurité (CTS) dirigée par le Commandant de la Force de la Minusma. Ces combattants seront chargés de la protection des différents sites de cantonnement ou camps MOC lors de la mise en œuvre du processus normal de DDR.

Rassemblés par Zan Diarra

 

ENQUETE SUR LES MASSACRES AU CENTRE

La Minusma donne des détails inquiétants

Quelques mois après les massacres des civils du centre du pays, la Minusma a publié son rapport d’enquête sur la situation. C’est un document de 20 pages qui fait l’état des lieux sur les violences intercommunautaires et les présumés auteurs.  

C’est un rapport d’une vingtaine de pages qui est beaucoup plus détaillé. Et je ne pourrais pas effectivement donner plus de détails. D’abord, au niveau du déroulement des faits, le 1er janvier, à la fin de la prière du matin, soit aux environs de 5h30- 5h50, au moins une centaine d’individus armés identifiés par des témoins oculaires comme étant des chasseurs traditionnels (dozos), accompagnés d’individus en tenue civile qui ont été reconnus comme venant des villages avoisinants. C’est ce groupe qui a conduit cette attaque meurtrière dans le village de Koulongo-Peul.

L’attaque s’est distinguée par son caractère planifié, organisé et coordonné. Elle a été exécutée – et ça c’est le résultat de nos expertises balistiques – avec des armes diverses, dont des fusils de chasse traditionnels, des armes à feu automatiques, des machettes et des couteaux. « Il faut dire que ces assaillants étaient arrivés au village à pied, et ils ont d’abord commencé à encercler le village Koulongo-Peul, puis ils se sont dispersés en deux groupes pour conduire l’attaque. Dans leur avancée, ils ont systématiquement ouvert le feu sur les hommes appartenant à la communauté peule. Les exécutant chez eux, certains à l’intérieur des cases où ils s’étaient réfugiés alors qu’ils fuyaient. Selon le témoignage des femmes du village, la majorité d’entre elles a été épargnée, donc il n’y a pas eu vraiment d’attaque ciblant les femmes. Certains villageois, notamment un groupe d’hommes qui sortaient de la mosquée ont pu s’enfuir du village vers la brousse…», explique la Minusma.

En termes de violations des droits de l’homme, il faut dire que le groupe d’assaillants a fait sortir les femmes se trouvant dans la case de la 3ème épouse du chef du village. Ensuite, ils ont tiré sur huit personnes qui se sont réfugiés dans la case du chef de village et l’ont incendié. L’enquête bien sûr n’a pas pu déterminer si les victimes ont été tuées par balle puis brûlées ou si elles sont décédées à cause de l’incendie. « Les assaillants ont aussi visé les habitations, ils ont incendié 173 cases et 59 greniers des 61 greniers du village – soit près de 80% des bâtiments du village. Ensuite, ils auraient volé du bétail et quelques biens appartenant à la population ».

Au cours de cette attaque aussi, l’analyse que nous avons faite, c’est que ces actes qui sont commis contre les populations civiles du village de Koulongo qui sont en majorité peule, constitue des atteintes sérieuses au droit international des droits de l’homme, à savoir des meurtres qui ont été effectivement commis, des mutilations et autres.

« Je tiens ici à donner quelques illustrations en ce qui concerne le meurtre, puisqu’on a dit que les personnes avaient tiré à bout portant, et certaines cases incendiées. On voit vraiment que ces faits constituent des meurtres. Aussi, l’enquête a permis d’établir qu’au moins 3 personnes, 3 victimes peules tués lors de l’attaque ont été mutilées: deux ont eu les mains coupées et un autre les mains et les parties génitales tranchées. Donc, les villageois ont imputé ces mutilations aux dozos, comme faisant partie de leurs pratiques rituelles… »

De plus, au moins 9 personnes appartenant à la même communauté ont été blessées durant l’attaque et notamment un garçon de moins de 10 ans qui a été blessé, intentionnellement par un assaillant. 

En ce qui concerne les auteurs, sur la base des informations que nous avons collectées et corroborées par des sources, les auteurs des abus décrits dans ce rapport ont été identifiés en majorité comme des chasseurs traditionnels (dozos). Ils étaient reconnus par leurs tenues traditionnelles de chasseurs.  

Par ailleurs, le fait que des mutilations aient été pratiquées sur les corps de trois victimes ; et que les membres mutilés aient été emportés par des assaillants peut être rattaché aux pratiques rituelles de certains chasseurs traditionnels. Les dozos étaient accompagnés par des individus en tenues civiles, dont plusieurs ont été reconnus, donc venant de villages avoisinants.

Mais nous donnons juste des indications qui permettent de donner des pistes. L’enquête a aussi conclu que les assaillants s’exprimaient en dogon et en bambara et à quelques reprises en peul. Ce qui exclue l’hypothèse selon laquelle il y avait des chasseurs traditionnels qui parlaient en langue anglaise et autres. Il s’agit là en fait de chasseurs traditionnels, qui venaient dans le village. 

Les assaillants étaient armés de fusils automatiques, de type AK47, de fusils de chasse … Les analyses de la police scientifique et technique de la Minusma démontrent que 48 sur 71 douilles collectées et analysées proviennent d’armes automatiques, et 23 étuis de cartouches de calibre 12, utilisées pour les fusils de chasse traditionnels.  Et c’est ce type d’arme que nous avons effectivement constaté dans nos enquêtes antérieures dans d’autres incidents similaires qui se sont passés dans la région.

Le Gouvernement a fait état de l’ouverture d’une enquête judiciaire près du tribunal de grande instance de Mopti et a déclaré avoir arrêté 12 suspects dont quatre seraient encore en détention et huit sous contrôle judiciaire à ce jour. Les chefs d’accusation comprennent, par rapport à ce que nous avons décrit comme violation des droits de l’homme, l’assassinat, l’association de malfaiteurs, coups et blessures volontaires, incendies volontaire, détention illégale d’arme et munitions et complicité…

Alors que notre enquête donne des informations probantes sur les violations des traités internationaux ratifiés par le Mali, il revient maintenant à l’enquête judiciaire de clarifier certains aspects que nous n’avons pas pu élucider par notre enquête, tels que l’implication des autorités locales, le degré de la planification de l’attaque ou la provenance des armes utilisées. Enfin bien sûr, identifier de façon non équivoque et punir les responsables de ces graves abus des droits de l’homme. Entre l’incident de Koulongo et le 31 mai 2019, la Division des droits de l’homme a documenté pas moins de 92 incidents. Donc, 92 incidents sur fond de tensions communautaires dans l’ensemble des régions de Mopti et Ségou dont 82 sont attribuables à des membres de groupes armés d’auto-défense. Ces incidents ont conduit à la mort d’au moins 250 civils, dont plusieurs dizaines de femmes, d’enfants, et à des déplacements répétés de populations.

La présence et les actions de groupes armés d’auto-défense communautaire, dont certains n’hésitent pas à s’arroger des pouvoirs régaliens de police et de justice, continuent à déstabiliser les régions du centre du Mali. Le recours de plus en plus de ces groupes à des armes de guerre, comme nos enquêtes de Koulongo-Peul ou d’Ogossagou l’ont démontré, reste une véritable préoccupation. Donc à cet égard, la Minusma encourage bien sûr les efforts entrepris par le Gouvernement malien pour endiguer ce phénomène, notamment pour assurer le désarmement total des milices.

Le deuxième développement important pour nous, c’est la situation de Heremakono. Vous avez certainement entendu que dans la nuit du 13 mai dernier, le village de Heremakono avait fait l’objet d’une attaque meurtrière.  A la suite de cet incident, La Minusma a déployé immédiatement une équipe spéciale d’enquête composée de chargés des droits de l’homme, de la police technique et scientifique des Nations Unies et des collègues de l’information publique du 17 au 19 mai, pour justement établir les faits. Je me permets de partager avec vous les conclusions préliminaires qui sont les suivantes :Le samedi 13 mai 2019, entre 7h45 et 8h00 du matin, un groupe composé d’environ 80 hommes, identifiés comme des chasseurs traditionnels (dozos) de la communauté bambara, arrivés à bord des motos et armés de fusils de chasse et fusils automatiques, a mené une attaque planifiée, organisée et coordonnée sur ce village d’Heremakono. 13 personnes, dont le chef du village et sa femme, ont été tuées au cours ou des suites de l’attaque, et huit autres personnes ont été blessées dont 3 femmes et un enfant. Les assaillants, toujours dans le même modus operandi, ont incendié volontairement 7 habitations et pillé des biens appartenant aux victimes.

Les autorités locales et les forces de défense et de sécurité maliennes ont montré une réactivité positive en faveur des victimes, en déployant notamment une équipe d’intervention dès l’alerte. Même si les assaillants sont parvenus à s’enfuir avant leur arrivée, cette intervention a permis néanmoins de secourir les blessés à l’aide de 3 ambulances qui ont été mis à leur disposition et certains ont été évacués auprès du centre médical de Niono ainsi que de Ségou. Mais il faut noter néanmoins qu’aucune arrestation n’a été effectuée à ce jour dans le cadre de cet incident.

Bien que les pertes et dommages occasionnés par cette attaque ne soient pas comparables à ceux des attaques de Koulongo-Peul ou d’Ogossagou, il convient de noter des similitudes dans le mode opératoire des assaillants, c’est-à-dire le ciblage spécifique de membres de la communauté et plus particulièrement des autorités traditionnelles, dans le cas d’espèce, le chef du village.

Les types d’abus des droits de l’homme documentés sont similaires, avec des meurtres, des blessures, des destructions par incendie et autres pillages.

Finalement, permettez-moi de restituer et de situer cet incident dans son contexte.  En effet, comme de nombreuses attaques que vous connaissez, je pense que les journalistes publient régulièrement des articles sur ces incidents du Centre. Cet incident n’est pas isolé, mais il s’inscrit bien sûr dans une dynamique d’accentuation de tensions entre communautés dans les cercles de Macina, Niono, Djenné et Ténenkou. Ces tensions sont aussi particulièrement attisées par des actions d’éléments affiliés à la mouvance extrémiste « Groupe de soutien à l’islam et au musulman », plus connu sous le nom de Jnim, et des membres de confréries de chasseurs traditionnels.

Zan Diarra

 

10ème EDITION DU CHAMPIONNAT D’AFRIQUE DU BRAS DE FER SPORTIF

Un émissaire de la Confédération africaine à Bamako

 Echanger avec les responsables du bras de fer sportif au Mali et s’imprégner de l’évolution des travaux de l’organisation au Mali du championnat de ladite discipline. Tel est l’objectif d’une mission de travail d’un émissaire de la Confédération africaine de bras de fer sportif (African Federation Armwrestling AFA) à Bamako.

 Dans le cadre  de l’organisation de la 10e édition du championnat d’Afrique par le Mali, la Confédération africaine du bras de fer sportif a envoyé un émissaire dans la capitale malienne. Julien Boumsong était venu  s’enquérir du niveau de préparation de la plus haute compétition africaine de bras de fer sportif au Mali. Le secrétaire général de l’AFA a ainsi visité les infrastructures qui abriteront la compétition, comme le Palais des sports à l’ACI 2000 de Bamako, les hôtels… Il a aussi eu une séance de travail avec la Fédération malienne de bras de fer sportif et rencontré les autorités maliennes. 

C’est dans cet esprit que le ministre de la Jeunesse et des Sports, Arouna Modibo Touré, a reçu une forte délégation du bureau fédéral et de son hôte Julien Boumsong de ladite discipline. Le secrétaire général de l’AFA a félicité le ministre Touré, ainsi que le bureau fédéral pour l’hospitalité qui lui a été réservée au Mali. Il a insisté sur la communication à grande échelle à un mois de l’événement.

Le ministre des Sports a confirmé devant l’émissaire de l’AFA que le Mali ne ménagera aucun effort pour la réussite de l’organisation de cette 10e édition qui se déroulera du 11 au 14 juillet 2019. Aussi, a-t-il promis de régler toutes les défaillances constatées dans l’organisation. Enfin, il a rassuré tout le monde de l’accompagnement de l’Etat

Ousmane Traoré dit Man