Rapprochement entre le mnla et ançar eddine Les dessous du deal

Les discussions ont été âpres et longues. Il n’est en effet pas aisé, a priori, de faire cohabiter un mouvement séparatiste laïc, le MNLA, et un groupe islamique, Ançar Eddine, qui demande l’application de la charia sur l’ensemble du territoire malien.
Mais les deux ont en commun d’être originaires de ces terres rugueuses de l’Azawad. « Nous n’avions pas le choix, nous confie un négociateur. Nous étions obligés de nous entendre pour envisager l’avenir de notre futur pays ».

Selon nos informations, Ançar Eddine reconnaîtrait donc la revendication indépendantiste ou pour le moins autonomiste du MNLA. En contrepartie, les hommes du colonel Ag Najim auraient accepté de mentionner la nature « islamique » dans la future instance de l’Azawad. A une condition toutefois : qu’il s’agisse bien d’un islam modéré, tel que pratiqué depuis toujours dans la région.
Il y avait cependant un préalable à cet accord. Le MNLA demandait avant toute chose à Ançar Eddine de prendre ses distances avec Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Mais il est difficile de se départir d’un parrain si encombrant et à la fois si généreux. D’après nos informations, Iyad Ag Ghali a fait un premier geste : il a officiellement dénoncé les prises d’otages sur le territoire de l’Azawad. Il aurait également lancé une sorte d’ultimatum au Mujao, mouvement dissident d’Aqmi en lui demandant de libérer au plus vite tous ses otages.
Abdoulaye Diakité

DIONCOUNDA TRAORE A LA TETE DE LA TRANSITION
La Cédéao fait plier l’ex-junte et maintient la pression

La Cédéao a finalement eu raison samedi de la résistance de l’ex-junte qui a accepté le maintien du président intérimaire, Dioncounda Traoré, à la tête de la transition pour une période d’un an. Elle maintient toutefois la pression sur le capitaine Sanogo et ses hommes en les menaçant de sanctions s’ils entravent le processus politique.

« Un accord de principe a été trouvé », a annoncé samedi soir à la télévision nationale le chef des ex-putschistes, le capitaine Amadou Haya Sanogo, après avoir rencontré les ministres burkinabé Djibrill Bassolé et ivoirien Adama Bictogo, dépêchés à Bamako par la Cédéao. Et donc Dioncounda Traoré, qui a prêté serment le 12 avril comme président de la République par intérim, « va rester au pouvoir pour diriger la transition », après plusieurs semaines de discussion.
Il restait dimanche à trouver des mesures d’accompagnement, avait précisé le ministre Djibrill Bassolé qui a été rejoint par une nouvelle délégation de la Cédéao renforcée par des représentants de l’ONU et de l’Union africaine pour faire « passer un message clair:  que la junte doit rester en dehors du processus politique », comme avait annoncé le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan, à la fin d’un sommet de ministres ouest-africains à Abidjan sur les crises au Mali et en Guinée-Bissau.

L’épée de Damoclès sur la tête du capitaine Sanogo

A la moindre entorse, des sanctions seraient « appliquées automatiquement », avait-il mis en garde, car les putschistes qui ont renversé le 22 mars le régime d’Amadou Toumani Touré détiennent toujours le pouvoir bien qu’ils aient officiellement rendu le pouvoir aux civils suite à l’accord-cadre conclu avec la Cédéao le 6 avril.
D’ailleurs, ils avaient annoncé faire partir Dioncounda Traoré dès ce mardi, au terme du délai constitutionnel de 40 jours pourtant déclaré intenable dans l’accord-cadre. Cette détente avait été préparée par l’adoption vendredi par l’Assemblée nationale d’un projet de loi accordant l’amnistie aux auteurs du coup d’Etat.
Reste que la pression reste forte sur le capitaine dont les alliés politiques et les troupes ont très mal accueilli son revirement.

Markatié Daou

L’ Indicateur Du Renouveau 21/05/2012