Prochaines échéances électorales Comment relever le défi du déficit budgétaire ?

 

Des interrogations demeurent quant au financement du dense agenda électoral et même des réformes nécessaires à la tenue des scrutins de fin de la Transition en cours.

C’est une lapalissade que de dire que l’Etat malien connait depuis plusieurs mois des difficultés énormes de sa trésorerie. C’est au point qu’un observateur averti de la scène sociopolitique nationale confiait récemment que les caisses de l’Etat sont à l’orange, sinon au rouge. Et d’ajouter qu’un témoin gênant avait surpris, la semaine dernière, le DG du Trésor la tête entre les mains dans son bureau, avouant ne pas savoir comment faire pour que l’Etat puisse payer ses fonctionnaires à la fin de ce mois de mars.

En effet, il semble, de sources bien informées, que le Mali aura d’énormes difficultés pour pouvoir organiser les consultations électorales annoncées dans le chronogramme devant sanctionner la transition en cours. « Nous n’avons pas d’argent pour les élections », fulminait récemment le président de la Cour constitutionnelle. Déclaration que n’a pas démentie d’autres acteurs majeurs du processus électoral.

C’est ainsi que lors d’une rencontre officielle marquant le début de sa mission, en février dernier, le président de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) avait dressé un liste d’écueils dans les préparatifs des élections. Comment peut-on aller aux élections sans disposer d’un fichier électoral fiable ? Quid de la mise à disposition des cartes nationale d’identité biométrique sécurisées, sans oublier la mise en place des coordinations de l’AIGE ? Les problèmes sont tous liés à la disposition de moyens financiers non négligeables, alors que les partenaires qui peuvent aider le Mali à relever ses défis sont presque tous en froid avec les dirigeants du pays. D’où des interrogations pour savoir comment le Mali va faire pour tenir les prochaines élections dans les délais. C’est pourquoi des voix s’élèvent pour demander que certains scrutins soient simplement déprogrammés. C’est le cas du référendum constitutionnel et les élections communales, locales et régionales. Mais le pouvoir ne veut pas entendre raison..

Par ailleurs, le climat politique malien présente aujourd’hui un contexte de persécution politique,  avec des menaces de poursuites à l’endroit de certains magistrats ou acteurs sociopolitiques. Ce qui, faut-il le souligner, ne semble pas favorable à un processus de consultation référendaire. L’on a alors l’impression que le pouvoir militaire semble se radicaliser et ne laisse pas ses contradicteurs s’exprimer sans risque d’être poursuivi. Ce qui fait dire à certains détracteurs du pouvoir qu’il tend vers des dérives pouvant le transformer en « un régime totalitaire »

En effet, comment comprendre que dans un processus menant à des réformes comme le changement de la Constitution, il y ait des actes de violences, comme le saccage de la Maison de la Presse, où des acteurs sociopolitiques faisaient entendre des voix discordantes à la marche de la Transition ?  Ce climat d’intolérance constitue-t-il une chape de plomb préjudiciable à l’initiative référendaire ? Le peuple malien pourra-t-il légitimement se rendre aux urnes pour un référendum? Le pouvoir ne doit-il pas lâcher du lest pour dialoguer davantage et renouer avec des axes de coopération pouvant débloquer des enveloppes financières pour aider à l’organisation des élections? Qu’en est-il de la radicalisation qui caractérise le processus de paix, avec le dialogue au point mort entre le gouvernement et les ex-rebelles de la CMA ? Il urge que le pouvoir du Col Assimi Goïta revoie ses copies pour parvenir à relever les défis auxquels il fait face, pour le plus grand bonheur des populations.

Kassoum TOGO