Pouvoir IBK mal en point Du sable dans l’engrenage Avec le succès du grand meeting du 19 juin, qui a mobilisé encore plus de monde que celui du 5 juin et la médiation de la CEDEAO, le pouvoir malien semble plus que jamais fragilisé au point de sombrer quasiment dans une léthargie. Peut-il encore trouver le ressort nécessaire pour calmer les ardeurs ?

Après sa « main tendue et ses portes ouvertes » pour un dialogue qui ne semble pas enchanter ses contestataires du M5-RFP, IBK est désormais en position de faiblesse et quasiment dos au mur. Son pouvoir est presque vacillant, ne tenant que sur un mince fil lié à la volonté de nombreux Maliens de « sauver l’essentiel », la survie du pays, bien en mauvaise passe. Pousser IBK au départ forcé dans les conditions actuelles et ouvrir une autre transition, après celle de 2012 serait trop risqué, tant la menace terroriste est envahissante aux portes.

Aujourd’hui, le contexte est largement défavorable au régime, qui ne cesse de reculer. Et IBK, malgré ses deux sorties en quarante-huit heures, pour annoncer quelques mesures d’apaisement a minima,a plus que besoin d’une bouée de sauvetage. La délégation de la CEDEAO, dépêchée à Bamako, le jeudi dernier, peut-elle éteindre le feu de la houleuse contestation du M5-RFP de l’Imam Mahmoud Dicko ? Rien n’est moins sûr.

Après les échanges avec toutes les parties, les émissaires de la CEDEAO auraient suggéré la reprise, des législatives partielles dans les circonscriptions où elles ont été le plus  contestées.Il s’agit des circonscriptions des communes I, V, VI, Kati, Sikasso, Koro. Ce qui chamboule le fonctionnement de l’Assemblée Nationale, son président actuel, Moussa Timbiné, son Questeur, Oualy Diawara devant remettre leur siège en jeu.

Or, cette Assemblée doit jouer sa partition dans le processus de sortie de la crise politique, qui passe aussi par la mise en place d’une nouvelle Cour Constitutionnelle. Sera-ce donc le président intérimaire de l’Hémicycle qui nommera une partie des membres de la nouvelle Cour Constitutionnelle ? Ne serait-il pas finalement mieux au sens de l’éthique de procéder à la dissolution même de l’Assemblée nationale pour éviter de créer d’autres frustrations entre des députés ? Comment comprendre que certains députés soient qualifiés de mal élus ; perdent leur mandat, soient obligés d’aller à des législatives partielles alors qu’ils sont parvenus à Place de la République en même temps que plusieurs autres, eux étant bien élus ?

Au même moment, la majorité de députés est hostile à  la dissolution de l’Assemblée Nationale. Sans compter que malgré la démission de quatre membres de la Cour constitutionnelle, le président de cette institution, Mme ManasssaDanioko aurait refusé toute démission pour faciliter la tâche au président IBK. Même si aux dernières nouvelles, sous la supplication de leaders religieux, elle aurait fini par jeter l’éponge…

En outre, comment comprendre que le président de la République, aussi contesté nomme de nouveaux membres de la Cour constitutionnelle ? Quelle légitimité auront ces nouveaux membres ?S’y ajoute que le gouvernement actuel est démissionnaire. Ce qui sous-entend une incapacité administrative à poser des décisions majeures si ce n’est qu’une simple expédition des affaires courantes par les Secrétaires généraux des départements ministériels. Même le Premier, malgré sa reconduction, semble fragilisé tant les contestataires ne l’épargnent pas dans leurs critiques.

En clair, l’on se retrouve dans une situation où les acteurs pouvant aider à résoudre la crise sont plus ou moins diminués dans leurs marges de manœuvres. Sans compter que la CEDEAO n’a pas la crédibilité nécessaire auprès des partiesmaliennes, eu égard à ses précédentes interventions en 2012.

Enfin, le chef de l’Etat est lui-même physiquement diminué(convalescent ou en lutte contre la maladie)et semble avoir perdu toute crédibilité vis-à-vis d’une large partie des acteurs politiques et de la société civile. Tant, IBK a longtemps été caractérisé par des promesses non tenues. Ce qui pousses ses adversaires et même certains de ses alliés à croire en une certaine duplicité de sa part dans la gestion des affaires publiques. Peut-il à nouveau inspirer confiance et avoir toute la capacité physique pour impacter positivement la sortie de crise ? Des doutes persistent plongeant le pays dans une grande confusion.

Boubou SIDIBE