Poutine accuse la Turquie de protéger le trafic de pétrole de Daech

Poutine

«Nous défendrons toujours (l’idée d’une coalition élargie souhaitée par la France, Ndlr), mais nous n’y arriverons pas tant que certains utiliseront des groupes terroristes pour servir leurs intérêts politiques à court terme», a martelé le maître du Kremlin.

«Nous avons toutes les raisons de penser que la décision d’abattre notre avion a été dictée par la volonté de protéger ces chemins d’acheminement de pétrole vers le territoire turc», a déclaré le président russe qui a refusé de rencontrer le chef d’Etat turc présent également au sommet sur le climat. Recep Tayyip Erdogan lui avait pourtant demandé un d’entretien «en tête à tête», selon le Kremlin. Mais Ankara avait exclu de présenter des excuses. «Aucun pays ne peut nous demander des excuses car nous n’avons fait que notre devoir », à savoir « protéger notre espace aérien et notre frontière», a plaidé lundi Premier ministre turc Ahmet Davutoglu.

«Du pétrole acheminé de manière industrielle, vers la Turquie»

«Nous avons reçu des informations complémentaires qui confirment malheureusement que ce pétrole, produit dans les endroits contrôlés par l’EI et d’autres organisations terroristes, est acheminé massivement, de manière industrielle, vers la Turquie», a-t-il poursuivi. Selon le président russe, la plupart de ses interlocuteurs en marge de la conférence de Paris ont été d’accord sur le fait qu’il n’était «pas nécessaire»pour les autorités turques d’abattre l’avion russe, qui «ne menaçait pas la Turquie».

La Turquie avait argué que le bombardier Sukhoï Su-24 russe avait violé son espace aérien. L’armée turque a rendu publics mercredi ce qu’elle a présenté comme les enregistrements des avertissements à l’avion avant qu’il soit abattu près de la frontière syrienne. Mais le pilote russe survivant nie toute sommation.

«Un coup de poignard dans le dos»

«Les Etats-Unis, qui dirigent une coalition dont fait partie la Turquie, connaissaient le lieu et le moment du passage de nos avions, et c’est précisément à cet endroit et à ce moment que nous avons été frappés», avait par ailleurs déclaré Vladimir Poutine jeudi lors d’une conférence de presse avec François Hollande. Il a par ailleurs «exclu» que l’aviation turque n’ait pas pu identifier à quel pays appartenait le Su-24 comme l’a affirmé Ankara : «C’est absurde, ce sont des prétextes.»

Le président russe qui n’avait pas apprécié ce «coup de poignard dans le dos» avait signé samedi un décret adoptant un ensemble de mesures de rétorsions économiques dont un embargo sur les fruits et légumes et déconseille à ses concitoyens d’aller faire du tourisme en Turquie.

http://www.leparisien.fr/ 30/11/2015