POINT DE DROIT : la Cour suprême, une juridiction pas comme les autres

La Cour suprême est au sommet de la pyramide de l’organisation judiciaire. Le bureau composé de premier président et vice-président, les présidents  des sections. Pour en savoir davantage sur le rôle et la place de la Cour suprême, nous avons saisi Sékou Faco Cissouma, enseignant-chercheur à faculté de droit privé.

Selon Sékou Faco Cissouma, enseignant-chercheur à faculté de droit privé, la Cour suprême, comme son nom l’indique, est la juridiction supérieure de l’ordre judiciaire. « Quand j’ai dit de l’ordre judicaire, il faut y assimiler la juridiction administrative », ajoutera-t-il.

« En 1958 encore il y avait qu’une seule Cour d’appel à Bamako, pour  tout le Mali comme juridiction supérieure, il y avait la fédération politique entre le Mali  et le Sénégal. Le siège de la  Cour suprême était à Dakar, avec l’éclatement de la fédération, il y avait un vide institutionnel. Ce vide a été rapidement suppléé par le législateur malien qui a créé  la Cour suprême du Mali en mai 1961 », rappelle l’universitaire. Et depuis, cette juridiction est au cœur du système judiciaire de notre pays. Selon le chercheur, la Cour suprême dispose de trois sections : la section judicaire, administrative et la section des comptes. « Chacune de ces sections, dans son domaine de compétence, sanctionne les insuffisances, les lacunes, des juridictions inférieures », ajoute M. Cissouma. Les sections sont composées des chambres. Au niveau de la section judicaire, il y a plusieurs chambres : les chambres criminelles, plusieurs chambres civiles. Une chambre dédiée au commerce dont le rôle est l’application des règles régissant le commerce, les établissements bancaires et commerciaux, une chambre sociale pour l’application du droit du travail.  Les chambres sont composées chacune d’un président nommé par le président de la Cour suprême.

Au Mali, il y a qu’une seule Cour suprême, qui a son siège à Bamako. « Les particuliers peuvent la saisir mais après avoir exercé leurs droits au niveau  des juridictions inférieures, et lorsqu’ils n’ont pas eu satisfaction de décisions rendues, ces citoyens peuvent s’adresser à la Cour suprême. Ils le font par  l’intermédiaire de leurs avocats et  ou s’ils veulent eux-mêmes  peuvent le faire », indique Professeur Cissouma. Mais, selon lui, « ils doivent payer une consignation pour attester le caractère sérieux de leur recours ».

Cours de cassation

« La Cour constitutionnelle ne juge que le droit, mais elle ne juge pas les faits, les tribunaux d’instance, de grande instance et les Cours d’appel jugent les affaires en droit et en fait.  Et lorsqu’un recours porté devant la Cour suprême, ce recours est examiné seulement en droit.  Selon lui, si la Cour estime que  le droit n’a pas  été dit par les Cours d’appel et les tribunaux, elle casse leur décision,  c’est-à-dire, elle l’annule. Pour le spécialiste, la Cour  peut renvoyer  la décision devant la même Cour d’appel ou le  tribunal qui doit  être composé de juges ou de conseillers différents,  soit  elle  renvoie l’affaire  devant un tribunal ou une Cour d’appel de même compétence.

Cependant, il prévient, « lorsqu’elle, (la Cour) rejette le recours, les parties n’ont aucune possibilité que de s’incliner derrière la décision ».

Saisine pour avis 

« La Cour suprême donne aussi des avis lorsqu’elle est consultée par le gouvernement et le président de certaines institutions qui la saisissent. Elle donne également obligatoirement son opinion sur  les textes réglementaires, les ordonnances  avant leur adoption et le projet des lois ordinaires, explique Sékou Faco Cissouma. « Les juridictions inférieures peuvent aussi demander des avis lors qu’elles sont confrontées à un problème de droit nouveau ».

Personnage majeur de la justice

« Le président de la Cour suprême est une personnalité  administrative, il dispose d’un cabinet comprenant un chef de cabinet, un attaché de cabinet et deux chargés de mission et deux secrétaires particuliers », souligne l’universitaire. « Le président est nommé par décret présidentiel sur avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature. Il doit être de l’ordre judiciaire de classe exceptionnelle ». « Il y a un parquet général près de la cour suprême. Ils ont en charge le rôle du ministère public.  ajoutera-t-il.

Yehia Mahmoud