Philippines: les parlementaires rejettent la destitution de Duterte

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Les parlementaires philippins rejettent une plainte visant à destituer le président Rodrigo Duterte, le 15 mai 2017 à Manille / © AFP / NOEL CELIS
Les parlementaires philippins ont rejeté lundi une plainte visant à destituer le président Rodrigo Duterte et l’accusant de crime contre l’Humanité à cause du décès de milliers de personnes dans sa guerre contre la drogue.

Dans cette plainte, l’opposition accusait M. Duterte d’avoir institué une politique de meurtres extrajudiciaires ayant fait plus de 8.000 morts dans les huit premiers mois de son mandat.

Le président est aussi accusé d’avoir joué un rôle dans des meurtres de masse lorsqu’il était maire de Davao, grand ville du sud de l’archipel.

La commission de la justice du Congrès n’a pas perdu de temps pour balayer cette plainte lors de sa première journée d’auditions sur la question, votant à sa grande majorité un texte la déclarant « insuffisamment fondée ».

« Cette plainte était frivole. Comment agir quand une plainte n’a aucun fondement? », a déclaré à la presse le président de la commission parlementaire Reynaldo Umali, un membre du parti de M. Duterte.

Ce vote met de fait un terme à la procédure de destitution. Les opposants au président reconnaissaient eux-même que ses chances de succès étaient minces étant donné la majorité dont bénéficie le président à la chambre basse du Congrès.

La chambre des représentants doit encore approuver la décision de la commission en séance plénière mais les politologues comme les représentants expliquent qu’elle n’a aucune chance d’être rejetée.

« Nous n’avons nulle part où aller (mais) nous trouverons le moyen d’obtenir justice », a déclaré Gary Alejano, parlementaire de l’opposition à l’origine de la procédure.

M. Duterte, 72 ans, avait remporté la présidentielle en 2016 en promettant une vague de répression sans précédent contre le trafic de drogue qui ferait des dizaines de milliers de morts.

La police a annoncé avoir abattu environ 2.700 personnes depuis sa prise de fonction fin juin. Plus de 1.800 autres ont été tuées dans des incidents liés au trafic de drogue par des meurtriers non identifiés. Environ 5.700 autres décès violents font l’objet d’une enquête, selon les chiffres de la police.

Lors de l’examen à Genève de la situation aux Philippines par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, des diplomates de tous les continents ont condamné la semaine dernière les milliers de morts de la campagne antidrogue.

Le représentant du Canada a ainsi demandé à Manille de « mettre un terme aux exécutions extrajudiciaires, aux disparitions, aux arrestations illégales, aux tortures et au harcèlement ».

Cette campagne bénéficie cependant du soutien de nombreux Philippins. M. Duterte a reçu celui de la Chine et d’autres pays asiatiques.

(©AFP / 15 mai 2017 12h28)