OUAGA II & GOUVERNEMENT : Des divergences de vue entre les leaders de la CSM

Il semble que la lune de miel au sein de la Convergence pour sauver le Mali (CSM) est bel et bien terminée. Me Mountaga Tall du Cnid/Fyt, Housséini Amion Guindo de la Codem, Moussa Mara du parti Yéléma, Ousmane Ben Fana Traoré du PCR, Abdoulaye Amadou Sy de Mplus/Ramata et autres compagnons affichaient lors de leur conférence de presse du 7 juillet 2012 au CICB, une unité de façade.

Un journaliste, face au mutisme de Poulo et d’Ousmane Ben Fana Traoré pendant presque toute la conférence, avait fini par poser la question de savoir pourquoi le leader de la Codem et du PCR ne parlaient pas, soulevait un gros lièvre. Même si les deux se sont acquittés de ce devoir en marmonnant quelques mots, il ne reste pas moins que le sourire affiché par les intéressés cachait mal une réelle divergence sur l’objet de la rencontre avec la presse.

La conférence de presse qui se tenait concomitamment avec le mini-sommet du groupe de contact des chefs d’Etat sur la crise malienne le 7 juillet à Ouaga, était convoquée pour dire à l’opinion nationale et internationale les raisons pour lesquelles la CSM n’a pas participé à cette rencontre, estimant qu’il n’y avait pas meilleur endroit pour parler de notre pays que le Mali.

La conférence était aussi focalisée sur la question du gouvernement d’union nationale. Dans une déclaration remise à la presse, la CSM évoquait les différentes raisons pour lesquelles l’actuel gouvernement ne doit pas subir un changement (lire L’Indicateur du lundi 9 juillet 2012).

Seulement voilà : à la réunion de la CSM au cours de laquelle la fameuse décision de boycotter le mini-sommet de Ouaga a été prise ( jeudi 5 juillet 2012), toutes les composantes n’étaient pas présentes. Pendant que la CSM se réunissait pour prendre position, la direction nationale de la Codem était au même moment en réunion pour décider de la conduite à tenir, étant entendu que le parti avait déjà reçu son carton d’invitation.

Au moment où les Me Tall et autres Mara décidaient du boycott, le bureau national de la Codem désignait son secrétaire politique, Youssouf Singaré, pour porter un message à Ouaga. Ce message de la Codem demandait aux chefs d’Etat que les rencontres sur le Mali se tiennent désormais en terre malienne et que le parti était bel et bien partant pour un gouvernement d’union nationale.

Après cette réunion du parti, Housséini Amion Guindo avait vite fait d’informer Me Tall sur la position de sa formation politique. Mais c’était trop tard, car la décision était déjà prise par Tall et ses alliés. Invité pour la conférence de presse du samedi dont il ignorait l’objet, quelle ne fut la surprise du leader de la Codem de découvrir dans la salle une déclaration, déjà remise à la presse, dans laquelle on parlait de boycott du mini-sommet et du non élargissement du gouvernement. Des positions aux antipodes de la vision du parti de la Quenouille (emblème de la Codem).

Poulo a donc assisté à la conférence malgré lui, puisque n’ayant pas pris part à la réunion qui a décidé de son contenu. Et quand Me Tall en expliquant les raisons du silence de Poulo et Ben Fana au présidium disait qu’il avait été mandaté par tous les leaders de la CSM pour parler en leurs noms, on comprend que toute la vérité était loin d’être dite puisque ce qu’il disait ne semblait pas engager la Codem. Pour se convaincre que cette position de Me Tall et autres compagnons de la CSM ne reflétait pas le point de vue de la Codem, le parti de Housséini Amion Guindo a exigé de son envoyé spécial à Ouaga, Youssouf Singaré, de tenir une conférence de presse après son retour pour expliquer les raisons qui ont prévalu à la participation de sa formation politique au mini-sommet. Cette conférence de presse s’est tenue le samedi 14 juillet 2012 à l’hôtel Colombus à l’ACI-2000.

Même si certains militants de la CSM attribuent cette position de leur organisation à une manipulation de Moussa Mara (lequel n’était pas invité puisque n’ayant pas de députés à l’Assemblée nationale), il semble aussi que Me Tall ne soit pas sur la même longueur d’onde que son parti le Cnid/Fyt. Tenez : pendant que Me Tall évolue au sein de la CSM (proche de la junte) avec le député Cnid de Markala, les autres députés de son parti sont du côté du FDR, farouchement opposé au coup d’Etat.

D’ailleurs au nom du bureau de l’Assemblée nationale, certains de ces députés se sont rendus au mini-sommet en question et ont approuvé ses résolutions. Et il n’y a pas longtemps, Me Tall a été empêché par ces mêmes députés de parler au nom du Cnid à l’Assemblée nationale, notamment sur le coup d’Etat du 22 mars. C’est dire que Me Tall n’est pas seulement en divergence de vue avec la Codem, mais aussi avec son parti.

Abdoulaye Diakité

 

L’Indicateur du Renouveau