Multiplication des marches Le signe d’un malaise social

La semaine dernière a été marquée par des marches dans plusieurs localités du pays. Un fait qui caractérise un malaise social et doit inquiéter plus d’un.

Ces mouvements de contestation ont d’abord commencé à Gao, le mardi 12 juillet, avant de s’étendre à d’autres parties du pays. À Gao, les jeunes, qui s’opposent à l’installation des autorités intérimaires, ont battu le pavé pour manifester leur mécontentement. Cette marche, qui a dégénéré, a fait des morts et des blessés tant du côté des forces de l’ordre que de celui des manifestants. Une journée noire qui fera désormais date dans l’histoire moderne de notre pays.

Face à l’ampleur de la situation, une délégation de haut niveau, composée de ministres, de députés et d’autres personnes, s’est rendue à Gao pour échanger avec les jeunes en vue de trouver une solution à leur doléance.
En soutien à la jeunesse de Gao, celle de Bamako est descendue dans les rues, le jeudi 14 juillet. Une marche de solidarité qui a été largement suivie.À Sikasso, une centaine de manifestants sont descendus dans les rues, le même jeudi, pour protester contre une décision de la gendarmerie locale. Selon Studio Tamani, les manifestants sont hostiles à une décision prise en rapport avec une question foncière dans le village de Laminibougou. Les manifestants ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes.

Selon des sources, les populations de Kayes avaient aussi planifié une marche pacifique pour réclamer la construction du 2e pont pour la ville, le samedi 16 juillet, qui a été finalement annulée.
Dans les autres capitales régionales, c’est un concerto de dénonciation de la répression sanglante de la manifestation pacifique des jeunes de Gao. Société civile et organisations de défense des droits de l’Homme maliennes et internationales sont sur les dents. On assiste également à des prémices de chaleur à Tombouctou, qui a marché jeudi ; une veillée d’armes à Goundam, Bourem et Kidal.
Dans tous les cas, ces manifestations sont la partie visible d’un malaise ; lequelrequiert une certaine promptitude pour être circonscris avant son éclatement.
Fombus

Politique : l’ADP-Maliba et le PS Yelen Kura sur une trajectoire inverse
Les commentaires vont bon train pour expliquer ce qui s’est passé sur la scène politique malienne ces derniers temps. En effet, quelques semaines seulement après le départ du PS Yelen Kura de l’opposition, pour rejoindre la majorité en grande pompe, l’ADP-Maliba a décidé de suspendre sa participation aux activités de cette même majorité.

Coup dur, diront certains, pour expliquer la décision de l’ADP-Maliba,un des partis politiques à avoir apporté son soutien au président IBK depuis les premières heures de sa candidature. Acte de responsabilité, indigné par le manque de visibilité et de lisibilité du régime, le parti a, dans une déclaration lue devant la presse par le président du parti, l’honorable Amadou Thiam, annoncé la suspension de sa participation aux activités de la CMP. «L’ADP-Maliba constate avec amertume l’éloignement de la majorité présidentielle des engagements pris par celle-ci à l’endroit du peuple malien», peut-on constater dans la déclaration.

Selon les responsables du parti, le peuple malien, qui affichait tous les signes d’espoir en de lendemains meilleurs suite à l’élection présidentielle de 2013, est aujourd’hui, plus que jamais, plongé dans le doute sur l’avenir et la pérennité même de la Nation malienne. «La CMP a montré ses limites dans la mesure où elle a échoué à faire de son cadre de concertation un espace démocratique de débat sur les questions d’intérêt national», peut-on observer dans la déclaration.

«Face à cette situation, et par respect pour le peuple malien auquel des promesses de changement ont été faites, l’ADP-Maliba ne peut rester passive, mentionne la déclaration. C’est pourquoi, le C.E du parti décide de suspendre sa participation à toutes les activités de la CMP».

Cette décision de l’ADP-Maliba intervient quelques semaines seulement après l’arrivée du PS Yelen Kura, dont le président Amadou Koïta a été récemment nommé ministre de la Jeunesse et de la Construction Citoyenne. Cet état de fait peut-il être assimilé à un échange de maillot entre les deux formations politiques ? Ce qui est sûr et certain, même si l’ADP-Maliba n’a pas officiellement déclaré son adhésion à l’opposition républicaine et démocratique,elle a choisi de boycotter les activités de la CMP.
Fombus
Manifestations contre les autorités intérimaires à Gao : la solidarité des Bamakois
Les manifestations patriotiques de jeunes à Gao contre les autorités intérimaires -qui font 4 morts et 32 blessés-n’ontpas indifféré les Bamakois.

Pour s’insurger contre la mise en place des autorités intérimaires, initialement prévue le vendredi 15 juillet 2016, des jeunes de la cité des Askia ont organisé une série de manifestations pacifiques qui ont occasionné la mort de quatre d’entre eux et une trentaine de blessés. Une situation qui a créé un malaise dans plusieurs localités du pays dont la capitale.

Selon Omar Ould, les jeunes sont dans leur rôle pour protéger contre un éventuel envahissement de leurs terroristes par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). «Nous ne sommes pas l’autorité de l’Etat, mais il ne faut pas nous imposer des lois qui sont contre les fondamentaux de la libre administration», martèle Omar Ould.

Ali Ould Hassan est un jeune âgé d’une trentaine d’années,il est de ceux qui pensent que la réaction des forces de l’ordre est ignoble. «On va où ? Les forces de l’ordre qui ouvrent le feu sur un peuple qu’elles sont censées sécuriser ? C’est grave dans ce pays…».
Selon lui, les manifestants n’étaient pas armés. «L’objectif était de protester contre la mise en place des autorités intérimaires, initialement prévue le vendredi 15 juillet 2016, dans la Cité des Askia. C’est pourquoi, ils se sont dirigés vers le commissariat de police pour exprimer leur point de vue par rapport à la situation. Mais les policiers leur ont lancé des gaz lacrymogènes et ont tiré des coups de feu ; ce qui a provoqué plusieurs blessés et des morts», ajoute-t-il.
En tous les cas, la situation de Gao n’a pas indifféré les Bamakois.
Fatoumata Tata Sogoba, stagiaire