MUJAO, ANÇAR EDDINE, AQMI… La nébuleuse qui nous divise

L’incident meurtrier de Diabali qui a fait 16 morts (8 Maliens et 8 Mauritaniens) montre la nécessité de gagner la guerre contre l’amalgame. On n’a pas encore tous les éléments d’appréciation de l’incident (l’enquête étant toujours en cours), mais il y a lieu d’ores et déjà d’appeler à la vigilance pour barrer la route à ceux qui ont déjà porté atteinte à l’image de l’islam dans notre pays et qui, du coup, sont en train de réussir leur pari.

De la même manière où l’ex-chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, avait invité les Maliens à faire la part des choses entre des rebelles touaregs sécessionnistes et les paisibles et patriotes touaregs qui vivent en parfaite intelligence avec leurs frères maliens, on doit appeler le peuple malien à ne pas tomber dans le piège de l’amalgame que des pseudo-jihadistes au nord tendent au peuple malien, africain et mondial.

Leur apparence vestimentaire et traits physiques qui les font passer pour des sunnites de  la religion musulmane, tend à créer une confusion dans les esprits pouvant aboutir, si on ne prend pas garde, à la haine entre les courants religieux du pays. Nous avons pu entendre des leaders d’autres courants religieux pointer un doigt accusateur sur le « wahhabisme » qui, disent-ils, serait le gourou d’un de ces mouvements jihadistes en l’occurrence Iyad Ag Ghaly d’Ançar Eddine, puisqu’il est connu pour être adepte de la Dawa.

De plus en plus, il y a des inquiétudes sur la présence des adeptes de la Dawa dans nos mosquées. Certains ont même indiqué que ça pourrait être des terroristes du Mujao qui s’y sont infiltrés. On comprend le sens de cette suspicion dans le contexte actuel de notre pays et on ne peut aussi nier à 100 % la thèse, mais il y a lieu de ne pas céder à l’amalgame en confondant sunnites et les pratiquants de la violence religieuse.

La Dawa se pratique au Mali depuis 1985, et depuis, ses adeptes maliens ou étrangers n’ont jamais été au cœur d’un scandale terroriste au Mali. C’est dire qu’il y a environ 30 ans que des Pakistanais et Indiens viennent au Mali, se promènent de mosquée en mosquée pour prêcher la parole de Dieu, sans problème. D’ailleurs, selon le code de conduite de la Dawa, son adepte ne doit ni répliquer à une injure, à un coup a fortiori prendre une arme contre son frère.

L’idéologie de la Dawa consiste à venir au frère (musulman ou non musulman) pour conquérir son cœur avec les armes du dialogue et non le dialogue des armes. Il s’agit de cultiver davantage la foi de son prochain, pas plus. L’objectif de la Dawa c’est de pouvoir amener toute la communauté mondiale à pratiquer la sunna du prophète Muhammad (PSL), non pas au prix de la violence, mais par l’amour, la tolérance et le dialogue.

Doit-on confondre Iyad Ag Ghaly avec les autres pratiquants de la Dawa, quand bien même ceux-ci sont plus préoccupés par son présent comportement ? Que nenni !

Iyad a certes fait la Dawa à Bamako, mais il est aussi connu bien avant cela comme étant un mercenaire qui aura trainé sa bosse dans les foyers de tension dans le monde. Si après avoir fait la Dawa, il a décidé de retourner à ses premières amours en enfilant la chasuble d’une soi-disant guerre sainte, il convient de faire la part des choses.

La Dawa n’a rien à voir avec ce qui se fait présentement au nord de notre pays avec ces aventuriers de Mujao, Ançar Eddine, Aqmi, Boko Haram et consorts qui lapident à mort, coupent les mains et les pieds, fouettent les paisibles populations au nom d’une religion tolérante dans son essence.

Le forum sous-régional des adeptes de la Dawa (7 pays sont attendus) qui s’ouvre ce vendredi à Bamako n’est rien d’autre qu’un brainstorming stratégique pour le progrès d’un islam tolérant et inclusif dans le monde.

Abdoulaye Diakité

L’ Indicateur Du Renouveau 12/09/2012