Mot de la semaine : Coalition

Jusqu’au 7 juillet, ouverture de la campagne pour le premier tour de l’élection présidentielle, prévu pour le 29 du même mois, la scène  politique malienne sera en ébullition. Les nombreux prétendants à la magistrature suprême de notre pays rivaliseront d’ardeur et s’activeront pour convaincre d’autres à se mettre ensemble afin de réunir toutes les chances pour une victoire éclatante au soir du premier tour. En effet, tout au long de la semaine écoulée, et même cette semaine, un seul  mot était dans la bouche des hommes politiques, à savoir : Coalition. Qu’elles soient de la Majorité, du Centre  ou de l’Opposition, toutes les tendances politiques ont  utilisé  ce vocable comme une arme afin de dissuader l’adversaire ou pour convaincre les indécis à regagner leurs rangs. Le ton a été donné par l’Opposition, en tout  cas dans sa frange supposée majoritaire, le 29 avril 2018 au Palais de la Culture Amadou Hampaté Ba. C’est dans cette enceinte, pleine à craquer, que les partisans du Manifeste pour l’alternance et le changement s’étaient donné rendez-vous. Selon les organisateurs, plus de 168 partis politiques et associations étaient attendus pour apposer  leur signature en bas de ce Manifeste. Mais au décompte final, ils étaient 98. A en juger par la mobilisation et la qualité de personnes qui y ont pris part, cette coalition semble avoir du répondant face au Président sortant. Comme une réponse du berger à la bergère, la Convention de la Majorité Présidentielle aussi a annoncé les couleurs en fixant la date de la signature de leur document de coalition par plus d’une soixantaine de partis politiques prêts à soutenir IBK. Le 5 mai  est  la date prévue pour cet événement. Entre ces deux  grands pôles  politiques, s’activent d’autres partis pour faire la même chose. Parmi les regroupements, on pourrait citer le Nouveau Pôle Politique qui s’apprêterait à investir Modibo Sidibé, Président des FARE –  An Ka Wuli. Même si cette coalition aussi  a réaffirmé à maintes reprises son ancrage dans l’opposition, et dit inscrire ses actions dans la dynamique de l’alternance,  elle ne semble pas parler d’une même voix  que celle  regroupée autour de Soumaila Cissé ; d’où la naissance de deux, voire trois blocs visant le même objectif.  Est-ce à dire que cette bataille des chiffres enclenchée par  toutes les tendances  politiques n’est qu’une vanité  et que la réalité se trouve sur le terrain ? Le candidat  qui a toutes les chances d’attirer tous les autres, qu’ils soient de sa tendance et de celle d’en face, est celui qui arrivera en tête au premier tour, surtout avec un large score comme en 2013. Alors, candidats signataires des différentes coalitions, à vos marques pour engranger le maximum de voix  au premier tour, car certains vont rester neutres ou indécis jusqu’à la proclamation des résultats du premier tour.

Tout compte fait, d’ici l’ouverture de la campagne nous assisterons, à toutes sortes de combinaisons. Les coalitions se formeront, se dégonfleront et se déferont au gré des intérêts des uns et des autres. Ainsi que ce fut le cas en 2013 entre les deux tours de la présidentielle. Comme pour dire que la signature n’a rien de contraignant pour l’homme politique malien et n’engage que ceux qui ont assisté à son apposition sur un document.

Youssouf Sissoko