Mopti:Le marasme économique

La crise multidimensionnelle au Mali a plombé l’activité économique de Mopti. La très mauvaise passe que traverse le tourisme dont la région est tributaire, symbolise ce marasme économique. Il suffit d’un court séjour dans la capitale de la Venise malienne pour être frappée par la désertion des touristes dans la région de Mopti.

A Mopti, l’économie tourne aujourd’hui au ralenti. A cause de la crise pratiquement toutes les activités économiques liées au tourisme sont aux arrêts dans la cinquième région du Mali. Le tourisme, le poumon de cette partie du pays, est secoué par le conflit au Mali qui a débuté en 2012. En effet, les sources de revenus de la majorité des populations de Mopti sont liées au tourisme qui représente 80 % de l’activité économique de la région.

Les établissements hôteliers ferment tour à tour et le sentiment d’inquiétude gagne les acteurs du tourisme. Parmi les nombreux hôtels de la ville, il n’y a plus que trois qui sont ouverts : Kanaga, Doux rêve, et Y a pas de problèmes. Les autres établissements hôteliers ont été obligés de fermer boutique à cause de la recrudescence de l’insécurité qui fait fuir les touristes. Le gérant de l’hôtel «Y a pas de problèmes», Blaise Berthé juge que la baisse du tourisme est une menace, une catastrophe pour Mopti. Les rares complexes hôteliers qui ouvrent leurs portes attendent désespérément les clients. Et à chaque fois qu’un établissement met la clef sous la porte, plusieurs emplois sont supprimés.

Le secteur du tourisme est sinistré à Mopti et les répercussions sur les habitants sont parfois terribles. «C’est un engrenage. Quand le tourisme ne marche pas pratiquement rien ne marche. Les pêcheurs ne peuvent plus vendre leur poisson aux restaurants, les guides touristiques passent leurs journées à jouer aux cartes…», explique Blaise Berthé, gérant depuis 2006 de l’hôtel «Y a pas de problèmes», dans une longue diatribe et visiblement inquiet du calvaire des hôteliers de la Venise malienne. Selon lui, avant la crise, il fallait réserver une chambre d’hôtel quelques jours en avance pour espérer y passer la nuit. «Maintenant on vit dans la galère et la misère totale, car on peut faire une semaine voire même plus sans recevoir un seul client. A cause de la crise, certains hôteliers ont transformé leur endroit en chambre de passe pour pouvoir survivre un peu. L’activité hôtelière est complètement à genoux».

Lors de la visite de terrain de Mme N’Diaye Ramatoulaye, le ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme en février dernier, le maire de la commune de Sangha (région de Mopti) déplorait la disparition des visiteurs étrangers et ses conséquences. Selon l’élu, sa ville recevait accueillait au moins 40 000 touristes et aujourd’hui rien.

Pour un retour des touristes dans la région, les hôteliers de la ville invitent le gouvernement à œuvrer pour la sécurité des biens et des personnes au Mali. «Nous sommes dans le pétrin ici. L’Etat doit prendre ses responsabilités. Nous ne vivons que de ça ! Il faut donc sécuriser les personnes et leurs biens afin que l’activité touristique puisse redémarrer», déclare Blaise Berthé.

Aguibou Sogodogo, de retour de Mopti