MINISTERE DE L’EDUCATION : Un incompris nommé Kénékouo dit Barthélemy Togo

Pour avoir consacré toute sa vie à l’école malienne et pour avoir gravi tous les échelons du département, l’actuel ministre de l’Education nationale, Kénékouo dit Barthélémy Togo, ne saurait être insensible aux problèmes des enseignants.
Tous ceux qui l’ont côtoyé au travail depuis des années déjà sur la problématique de l’école malienne témoigneront que le ministre Togo, même s’il ne le laisse pas apparaître par des actions d’éclat ou des effets d’annonce, comme c’est d’ailleurs de coutume dans ce monde de propagande, est un homme qui se soucie autant sur la qualité de l’école que sur les bonnes conditions d’exercice de la fonction enseignante.
Bien des fois, à l’occasion des rencontres solennelles, il a coutume de dire que l’école, pour ce qu’elle apporte de plus-value pour le pays, vaut plus que la modeste personne des acteurs qui y travaillent et que, pour cette raison, et d’autres non moins cruciales liées à la survie même de la nation, l’école mérite qu’on s’y sacrifie.
Certes, il est aujourd’hui plus difficile de témoigner sur le mérite d’un homme public, surtout de son vivant sans être taxé par les mauvaises langues d’allégeance quelconque vis-à-vis de l’intéressé, mais s’agissant du ministre Togo, dont la nomination à ce poste a paru, pour toutes les consciences civilisées du pays, comme un véritable hymne à la reconnaissance du mérite intrinsèque, je n’éprouve, dans ses passages, aucune gêne à le faire, telle que ma conscience d’ancien « homme de la craie » me l’enseigne. Bien au contraire. Il œuvre pour l’amélioration des conditions de travail et de vie de ses collègues. Il est naturellement le premier à souffrir des grèves perlées dans le secteur.
Pour avoir suivi son parcours même un peu de loin, je peux témoigner qu’il n’est pas homme à nier ses convictions. Il n’a pas attendu d’être à la manette pour œuvrer à l’amélioration substantielle des conditions de travail et de vie de ses collègues enseignants.
Incontestablement, comme des fourmis à la tâche, le ministre Togo, parmi d’autres, anonymes ou connus, a méticuleusement contribué à la revalorisation du statut de l’enseignant. De 1992 à nos jours, à travers des accroissements conséquents obtenus dans différentes gratifications professionnelles, l’enseignant, quoi que l’on dise, est loin de cet agent public caricatural, réduit à la fatalité du quotidien.
Cette dignité retrouvée, dans notre pays, dans le métier le plus noble, le ministre Togo et d’autres en sont les légitimes artisans. C’est bien pourquoi j’imagine, comme cela m’a été rapporté, qu’il est tout naturellement le premier à souffrir des grèves perlées dans le secteur, étant parfaitement convaincu qu’il est illusoire, même dangereux, de tout obtenir en même temps, au risque de mettre en péril les acquis de toute une vie de sacrifice.
Son souci constant demeure la réhabilitation de l’école avec un personnel enseignant valorisé, sécurisé et enthousiaste partout dans le pays. Ce n’est pas un hasard qu’il a réuni, en fin de semaine dernière, tel qu’il m’est revenu, les gouverneurs de région et les chefs de l’administration scolaire en vue de réfléchir sur les moyens de sortie de crise. Un tel esprit de l’homme, visant à créer l’union sacrée autour de l’école, n’est pas surprenant, en ce sens que c’est cela le style du ministre Togo : ouverture, responsabilité et consensus sur l’école.
En fait, si la grève des enseignants, comme elle est déclenchée, depuis quelques jours, est un droit constitutionnel, et que les travailleurs méritent une vie décente, je trouve néanmoins injuste qu’on qualifie le ministre Togo, dans cette déferlante frontiste, de mauvaise volonté tant il a toujours prôné le dialogue et s’est refusé à le rompre, chaque fois qu’il estime que quelque chose de consistant peut en être tirée.
De toute façon, tous ceux qui l’ont connu et qui l’ont apprécié au boulot, vous le diront : lors des rounds de médiation avec les syndicats d’enseignants, il s’est toujours illustré par son flair à faire avancer les discussions dans le bon sens. Il est clair que le ministre de l’Education nationale, pour la grande conscience qu’il a de sa mission au service de l’école, ne peut être soupçonné de mauvaise volonté. Je reste convaincu que si les syndicalistes deviennent moins rigides, il n’a pas de raison qu’ils trouvent en la personne de leur ministre de tutelle un interlocuteur déterminé pour la cause de l’école.
En suppliant, dans une récente adresse publique, « à conjuguer nos efforts pour mettre fin à ces grèves qui paralysent l’école malienne », le président de la fédération nationale des parents d’élèves et d’étudiants du Mali, le doyen Mamadou Lamine Diarra, en rappelant le rôle de l’école qui est, selon lui, « la transmission des savoirs et savoirs être et faires, de former des citoyens qui pourront vivre en harmonie avec la famille, la société et le reste du monde », a dit qu’il n’y a pas de « pays sans école ». Un appel à l’union sacrée autour de l’école.
Le ministre Kénékouo dit Barthélémy Togo, comme on peut le croire, face à la crise qui paralyse l’école, est dans une situation qui s’apparente au dilemme cornélien. En effet, il tient à son corps d’origine qu’il aime tant, qu’il place au-dessus de tout, mais il y a aussi les réalités du pays. Depuis quelques temps, on assiste à un débrayage au niveau de l’école, des grèves fréquentes assorties de non évaluation dans tous les ordres d’enseignement.
Il revient à chaque Malien aujourd’hui de faire son examen de conscience sur l’école malienne qui mérite d’être redressée très rapidement et qui doit être vraiment placée au-dessus des revendications maximalistes.
Famoussa Bagayoko
Enseignant à la retraite