Me HASSAN BARRY: «Notre pays est devenu le Guantanamo»

Membres du panel d’avocats de Paul Ismaël Boro et Moussa
Kimbiri, Me Hassan Barry et ses confrères ont dénoncé, face à
la presse dimanche 2 septembre, les violations des droits que
leurs clients sont en train de subir. «Paul Ismaël Boro et
Moussa Kimbiri sont des prisonniers politiques. Ce qui fait de
notre pays le Guantanamo», explique-t-il.
Les avocats de Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri ont animé une
conférence de presse au cours de laquelle, ils sont revenus sur le contexte
de l’arrestation de Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri et les cas de
violations des droits de l’Homme dans cette affaire. Le pool d’avocats a
rappelé que, dans la nuit du 26 août, Paul Ismaël Boro a été arrêté chez
lui par des hommes armés devant sa famille et emmené vers une
destination inconnue. Par la suite, Moussa Kimbiri subira le même
traitement la nuit du 27 au 28 à son Grin derrière l’ORTM vers 1h,
ajoute-t-il.
Et de poursuivre qu’ils seront finalement déposés au service
d’investigations judiciaires de la gendarmerie, le mardi vers 19, comme
l’indiquait le communiqué du ministre de la sécurité et de la protection
civile qui confirme que cela est l’œuvre de la direction générale de la
sécurité d’Etat.
Mais d’abord, ce qu’il faut retenir est que ces arrestations sont
intervenues en dehors de tout circuit officiel de poursuites puisque non
autorisées par un parquet, encore moins un juge d’instruction. Ce qui
constitue déjà une violation des procédures pénales, explique Me
Abdrahamane Ben Mamata Touré.

Pour lui, ce mode d’arrestation est peu ordinaire pour une affaire que la
simple unité d’enquête du quartier aurait pu traiter. Il déplore aussi une
détention au secret pendant plus de 24 heures sous un régime
juridiquement absent du droit au Mali. «Notre pays est devenu le
Guantanamo. Lors de cette détention arbitraire, nos clients ont subi des
traitements inhumains et dégradants au secret frisant la torture. Ces
pratiques, nous pensions étaient d’un autre temps, nous pensions ces
pratiques à jamais révolues au Mali. Mais nous n’acceptons pas que cela
recommence», dénonce-t-il.
Me Hassan Barry est revenu sur la détention. Selon lui, les clients sont
des prisonniers politiques. «Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri sont
détenus par une police politique et non judiciaire. C’est juste une façon
d’intimider les acteurs politiques dans leurs contestations. Et nous
tenons à préciser que la direction générale de la sécurité d’Etat n’est pas
habilitée à arrêter les gens», ajoutant qu’aujourd’hui, des personnes sont
détenues en toute violation de la loi.
«Toutes sortes de rumeurs ont couru, selon les avocats. Du financement
de mercenaires burkinabé à l’armement de manifestants lors d’une
marche. Il n’en est rien», précisent-ils. «La seule arme retrouvée avec
Paul est son arme personnelle qui fait l’objet de toutes les autorisations
légales. Nous comprenons par-là que ces actes violent allègrement tous
les accords auxquels le Mali a souscrit au niveau international,
notamment le pacte international relatif aux droits civils et politiques, la
convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradants, la charte africaine des droits de l’Homme et
des peuples, la résolution de l’Union africaine sur le droit à un procès
équitable et à l’assistance judiciaire. Plus grave, ils ont tous passé tout le
temps de leur séquestration dans les locaux de la sécurité d’Etat
menottés et cagoulés. Moussa Kimbiri, par exemple, est resté les bras
menottés dans le dos toute la durée de sa séquestration, l’empêchant de
dormir», affirme Me Hassan Barry.
«Ces pratiques sont à bannir et doivent être condamnées par toutes les
organisations de défense des droits de l’Homme», dit-il.
O .D