Mariage forcé pour un divorcé avorté : Dioncounda renouvelle sa confiance en Cheick Modibo Diarra

Le clash annoncé entre Cheick Modibo Diarra et Dioncounda Traoré, tous deux rescapés de la période intérimaire, n’aura finalement pas eu lieu. La crise institutionnelle vers laquelle on se dirigeait inexorablement a été évitée in extremis. Car d’un côté, Cheick Modibo est resté campé sur sa position avec un refus catégorique de démissionner comme le souhaitait Dioncounda. De l’autre, ce dernier risquait de perdre aussi son poste par des manifestations de rue. Il a en mémoire les velléités lapidaires dont il fut l’objet dans l’antre même du Palais présidentiel. Pour les partisans de Dioncounda, c’est celui-ci le signataire de la lettre de nomination de Cheick Modibo. A ce titre, sa lettre de démission (si démission il y avait) devrait être remise à l’ancien président de l’Assemblée Nationale.

En confirmant Cheick Modibo Diarra, le président transitoire a fait preuve de maturité politique. Puisque le refus de démissionner de Modibo est à la base de sa reconduction, on a ainsi pu éviter à notre pays le blocage au sommet de l’Etat. Faut-il conclure que le président et son PM ont désormais décidé d’emboucher la même trompette ? Pour combien de temps ?

Outre la formation du nouveau gouvernement en vue, Cheick Modibo Diarra devra s’employer à recouvrer l’intégrité physique du Mali, organiser les nouvelles élections présidentielles dans un délai raisonnable.

Selon nos dernières informations, toutefois, le Premier ministre sera sous surveillance. Il s’était octroyé un rôle majeur. On signale ça et là que les militaires se sont éloignés de sa gestion et que la CEDEAO l’indexe comme la personne incapable ayant le sens de l’exclusion. Mais ses proches ne l’entendent pas de cette oreille.

Ce qui est certain, Dioncounda avait les mains liées dans cette reconduction de l’enfant de Ségou soutenu par MP 22, COPAM et autres associations. Vu sous cet angle l’équilibre des forces est maintenu. C’est un mariage sans divorce entre les deux hommes.

En laissant de côté les querelles de clocher, Dioncounda et Modibo viennent de prouver leur amour pour la mère patrie. L’histoire le retiendra. Pourvu que cela perdure et que chacun mette le cœur pour parachever l’œuvre de reconstruction nationale entreprise.

Issiaka Sidibé

Le Matinal

14 Août 2012