MANDAT D’ARRET CONTRE KARIM KEITA : Pitié ! La vérité, rien que la vérité

Dans l’affaire de la disparition triste et tragique du journaliste Birama Touré, la Justice a, semble-t-il, accompli un grand pas vers la Vérité.

Interpol, à la demande du judiciaire malien, a lancé en début de semaine, un mandat d’arrêt international contre le principal suspect dans cette affaire, le sieur Karim Keita, fils de l’ex président déchu IBK, et ex député de la République.

Sans donner d’amples informations, de nouveaux éléments tangibles auraient été obtenus, de quoi rouvrir l’enquête et mettre un terme à plus de cinq ans de flou judiciaire.

Alors que l’on pourrait penser que le mandat d’arrêt international contre Karim Keita visait surtout les supposés détournements de milliards de CFA de la caisse du pays, c’est bien l’affaire Birama Touré qui revient à l’ordre du moment.

Et les éléments à charge sont, pour le moins, graves.

Karim, bien que jouissant de la présomption d’innocence, devra, s’il est innocent comme il l’a toujours clamé, rentré au pays afin qu’il soit entendu par la Justice.

Car, aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, il n’a jamais vraiment été entendu dans cette affaire bien qu’il eut été à maintes reprises indexé comme coupable du meurtre du journaliste.

Pourquoi Karim Keita se serait intéressé au journaliste Birama Touré ?

Rappelons donc le contexte de cette affaire qui date de 2016.

Peu avant sa disparition, Birama Touré, journaliste dans le journal d’investigation Le Sphinx, avait commencé à enquêter sur une supposée liaison de Karim Keita avec la femme d’un de ses amis.

Ce qui gênait hautement Katio qui n’hésita pas à se servir d’un des cadres de la Sécurité d’Etat qui lui offrit ses services pour régler le problème.

C’est la version d’Adama Dramé, Directeur de Publication du Sphinx, lui-même face à Katio devant la Justice, quelques mois plus tard.

Dans la soirée du 29 janvier 2016, Birama Touré, disparait.

Et depuis, plus rien.

C’est face à ce vide abyssale qu’une enquête préliminaire conclut le 25 avril 2016 à une « disparition volontaire pour fuir les charges sociales et financières liées à son futur mariage ».

Enquête ouverte suite à une plainte de la famille de la victime pour « disparition inquiétante ».

Ce fut alors la conclusion officielle de la Justice malienne jusqu’à la récente émission du mandat d’arrêt. 

Les détails que l’on prête à cette affaire font froid dans le dos

Selon RSF (Reporters Sans Frontières), et en se basant sur un témoignage que l’Association aura recueilli sans pour le moment le rendre public, Birama Touré aurait été détenu de longs mois dans une prison secrète de la Sécurité d’Etat. Selon un autre témoin, celui d’un codétenu, Birama aurait occupé la « chambre froide », réputé pour être un lieu de torture. Celui-ci aurait vu le corps de Birama sans vie de ses propres yeux, et d’ajouter même qu’il aurait été exécuté par trois coups de feu.

D’après une autre version toujours recueillie par RSF, non seulement le journaliste fut tué, mais aussi le corps fut jeté dans un puits.

D’autres détails macabres de cette sale affaire sont dans l’article que RSF a publié le 6 juillet 2021 à la faveur du mandat d’arrêt lancé contre Karim Keita. 

Karim Keita comme MBS, Birama Touré comme Jamal Khashoggi 

Si les versions coupées venaient à être confirmées, il s’agit d’une sale affaire, qui n’est pas sans rappeler une autre affaire qui est tout aussi sordide, celle du journaliste saoudien, Jamal Khajoggi.

Ce dernier fut tout simplement assassiné par un commando tout droit venu de Riyad pour la Turquie à l’ordre du prince héritier et homme fort du Royaume d’Arabie Saoudite, Mohamed Ben Salmane.

Le malheureux journaliste fut tué au terme d’une séance de tortures au sein du consulat saoudien à Istanbul avant que son corps ne soit dissout dans l’acide et jeté dans les égouts.

L’horreur ! Karim Keita n’étant plus le prince du pays, il est plus que probable que l’Affaire Birama Touré ne finisse pas comme celle de Khashoggi en Arabie Saoudite.

Riyad termina par reconnaitre les faits et imputa le crime au commando qui aurait agi seul. Cinq saoudiens ont été condamnés à mort et trois autres à des peines de prison. Mais depuis, les peines capitales ont été commuées.  

Curieusement, la France aurait grandement aidé le Mali dans ce dossier comme relaté par Serge Daniel dans son article paru sur le site de RFI.

Sur place, des personnes détenant d’informations liées intimement à l’affaire, auraient été interrogées.

Papa Mambi Keita, l’ex inspecteur de police en exil en France et dont le nom revient sans cesse comme étant celui qui eut le malheur, entre autres, d’avoir ordonné l’arrestation d’un des hommes de main de Karim Keita, fait-il partie des personnes interrogées ? 

Il est grandement souhaitable que, pour une fois, la Justice malienne mène une affaire d’une telle ampleur jusqu’à son terme.

L’on ne serait qu’au début de la seule et vraie enquête de cette affaire.

De révélations rocambolesques devraient être découvertes dans les jours à venir.

Ahmed M. Thiam