Mali : les putschistes appellent à l’aide.



Selon une source diplomatique africaine, l’attaque a été menée « essentiellement par le groupe Ansar Dine d’Iyad Ag Ghaly appuyé par des combattants d’Aqmi », soit Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Depuis la mi-janvier, le nord du Mali est le théâtre d’une vaste offensive des rebelles touaregs et de groupes islamistes, qui ont réussi à prendre le contrôle de plusieurs villes. Avec les localités d’Aguelhok, Tessalit, Tinzawaten et désormais Kidal, la rébellion maîtrise à présent la quasi-totalité du nord-est malien, considéré comme le berceau des Touaregs. Les villes de Gao (nord-est) et de Tombouctou (nord-ouest) restent toutefois sous contrôle de l’armée.

La junte qui a renversé le président Amadou Toumani Touré avait justifié son putsch en invoquant l’incapacité du régime à contrer les rebelles.

Acculés dans le nord, sous la menace d’un embargo brandie par l’Afrique de l’Ouest, les militaires au pouvoir doivent parer au plus pressé. Leur chef, le capitaine Amadou Sanogo, a convenu vendredi que la situation était « critique ».

« Les rebelles continuent à agresser notre pays et terroriser nos populations. Notre armée a besoin du soutien des amis du Mali », a lancé le capitaine dans un discours prononcé au camp militaire de Soundiata Këita, près de Bamako, son quartier général.

Il a par ailleurs déploré « un incident malheureux indépendant de notre volonté », après l’échec de la médiation tentée jeudi par les chefs d’État ouest-africains, qui ont annulé leur venue à Bamako en raison d’une manifestation pro-junte à l’aéroport.

Inquiétude de Washington

Les États-Unis ont exprimé leur inquiétude sur l’avancée des rebelles dans le nord du pays et ont demandé à la junte militaire de se retirer.

Un porte-parole du département d’État américain, Mark Toner, a indiqué que Washington appuyait les efforts diplomatiques menés par les 15 pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ces derniers ont lancé jeudi aux responsables du putsch un ultimatum de trois jours au risque de subir un embargo diplomatique et économique.

Les États-Unis ont par ailleurs annoncé dès lundi la suspension de plusieurs dizaines de millions de dollars d’aide au pays, hors aide humanitaire.

Excuses à la CEDEAO

Le chef des mutins a également présenté ses « excuses » à la CEDEAO, qui a suspendu le Mali, ainsi qu’aux partenaires de son pays.

Après avoir rebroussé chemin, les chefs d’État africains se sont retrouvés à Abidjan autour du président ivoirien Alassane Ouattara. Choisissant la manière forte, ils ont menacé la junte d’un embargo « diplomatique et financier » faute d’un retour à l’ordre d’ici lundi.

La menace est jugée sérieuse. Un tel embargo provoquerait immédiatement l’asphyxie du Mali, pays pauvre et enclavé, qui ne peut se permettre de voir ses comptes gelés à la banque centrale ouest-africaine (BCEAO).

Face aux condamnations internationales, unanimes, et aux menaces de leurs voisins, les putschistes pourraient raidir leur attitude. Ils savent en effet qu’ils peuvent s’appuyer sur l’adhésion d’une partie des Maliens qui vivent dans la pauvreté, écoeurés par la corruption.
Aucun calendrier pour les électionsLe capitaine Amadou Haya Sanogo a annoncé vendredi que des élections libres allaient être organisées, sans toutefois donner de calendrier.

Le chef militaire a répété que la junte avait pris le contrôle du pays avec l’intention de lancer un processus rapide de normalisation, avec la volonté d’organiser des élections libres et transparentes.

 

 

Radio canada. 30/03/2012