Mali : le M5-RFP choisit la désobéissance civile

Le mouvement de contestation a repris avec les manifestations. Les militants ont campé place de l’Indépendance pour obtenir le départ du président malien.

Le mouvement contestataire qui réclame toujours la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta a mobilisé plusieurs dizaines de milliers de personnes à la place de l’Indépendance de Bamako.

A l’issue de cette quatrième sortie en un peu plus de deux mois, les leaders du M5-RFP ont décidé de maintenir la pression sur le chef de l’Etat malien en s’appuyant sur de nouvelles stratégies pour obtenir son départ.

Désobéissance civile dans les services publics

A la fin du rassemblement, plusieurs centaines de manifestants du mouvement du 5 juin ont décidé d’élire domicile à la place de l’Indépendance de Bamako. Beaucoup y ont passé la nuit pour contraindre le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta à la démission.

Mohamed Salia Touré, membre de la CMAS (Coalition des mouvements et associations de soutien à l’imam Mahmoud Dicko) et du M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques), annonce une autre forme de désobéissance civile :

« On a décidé de camper symboliquement ici toujours dans l’esprit pacifique. Nous nous inscrivons vraiment dans la non-violence, camper ici pour quelques heures après le rassemblement. Nous envisageons de reprendre les actions de désobéissance civile, pas dans le sens de couper les ronds-points et tout ça, non. Mais, la désobéissance civile dans les services publics va reprendre son cours normal. »

« On a décidé de camper symboliquement ici » (Mohamed Salia Touré du M5-RFP)

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De son côté, l’ancien ministre Konimba Sidibé insiste sur le caractère pacifique des manifestations organisées jusque-là par le Mouvement du 5 juin :

« A chaque fois que nous sommes sortis, nous n’avons pas cassé, nous n’avons pas endommagé, à part la malheureuse parenthèse du vendredi 10 juillet (date de la troisième grande mobilisation du M5-RFP réprimée dans le sang par les forces de l’ordre). Nous avons voulu montrer que nous étions un mouvement responsable qui n’est pas constitué seulement des opposants politiques, mais une plus grande frange de l’ensemble des forces vives du Mali. C’est pourquoi, cette fois-ci, nous avons décidé de commun accord de rester sur place pour montrer que c’est tout le Mali qui rejette le système corrompu, ploutocratique et aristocratique d’IBK. »

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Appel à la « persévérance »

Mahamadou Kamissoko, jeune manifestant qui a investi la place de l’Indépendance de Bamako depuis les premières heures de la matinée de mardi, parle d’une journée historique :

« En tout cas, c’est une première, parce que moi je suis né après les évènements de mars 1991 (date de la révolution malienne ayant occasionné la chute du régime dictatorial du général Moussa Traoré). Ce genre de manifestations n’est pas dans la culture des Maliens, c’est une première et nous allons suivre cela. »

La manifestation s’est globalement bien déroulée dans le calme. Aucun incident n’a été signalé. Présent à la place de l’Indépendance, l’imam Mahmoud Dicko, autorité morale du M5-RFP, a quant à lui appelé ses militants « à la persévérance et à la résistance » jusqu’à la satisfaction de leurs revendications.

Les manifestations du M5-RFP de ce mardi 11 août se sont étendues aux capitales régionales du pays ainsi qu’à la diaspora malienne, notamment en France et aux Etats-Unis.

 

  • Auteur Mahamadou Kane