Au Mali, les récentes consultations nationales ont recommandé de désigner le général Assimi Goïta président de la République pour un mandat de cinq ans renouvelable, mettant ainsi un terme au processus de transition sans passer par les urnes. Cette proposition intervient dans un contexte marqué par une profonde crise économique et des tensions sécuritaires persistantes.
Depuis sa prise de pouvoir en 2021 à la suite d’un coup d’État, Assimi Goïta dirige la transition malienne. Le 29 avril 2025, la phase nationale de la consultation des forces vives, tenue à Bamako dans le cadre de la révision de la charte des partis politiques, a proposé sa nomination à la tête de l’État, abandonnant de facto le calendrier électoral initialement prévu.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique similaire à celle observée au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), où les dirigeants militaires du Niger et du Burkina Faso — respectivement le général Abdourahmane Tiani et le capitaine Ibrahim Traoré — ont également été confirmés à la présidence sans élections.
Les recommandations issues de ces consultations visent à restructurer en profondeur le paysage politique malien. Parmi les mesures envisagées figurent : l’abolition du statut de chef de file de l’opposition, l’interdiction du nomadisme politique, la suspension de toutes les élections jusqu’au retour de la paix, ainsi qu’un durcissement des critères de candidature à la présidentielle, avec une caution fixée à 250 millions FCFA.
Le Premier ministre, le général Abdoulaye Maïga, a salué ces orientations, les qualifiant de « recommandations claires permettant au pays d’avancer et de tourner les pages obscures de son histoire », tout en assurant qu’elles seront transmises au chef de l’État.
Depuis 2021, le général Goïta a lancé plusieurs réformes institutionnelles, dont les Assises nationales de la refondation (ANR) qui ont conduit à l’adoption d’une nouvelle Constitution en juillet 2023, ainsi qu’à la création de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE). Malgré cela, les échéances prévues n’ont cessé d’être repoussées : la présidentielle, initialement attendue en février 2024, a été reportée sine die, et les activités des partis politiques suspendues en avril de la même année.
En parallèle, la loi de finances 2025 alloue 10 millions de dollars au fonctionnement de l’AIGE, suggérant un éventuel retour aux urnes, bien que la voie politique actuelle semble en diverger.
Sur le plan économique, la situation reste difficile : inflation élevée, crise énergétique, pauvreté croissante et plans de relance insuffisants face aux sécheresses répétées. Côté sécurité, malgré quelques avancées, le nord et le centre du pays demeurent en proie aux attaques de groupes djihadistes.
La tâche du général Goïta s’annonce donc complexe : restaurer l’ordre, relancer l’économie et réconcilier une nation divisée, dans un climat politique de plus en plus incertain.
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