Les narco font échouer la paix des braves au Mali

A Alger, les négociations entre les autorités maliennes et les groupes rebelles du nord tournent au vinaigre. Interrompues sitôt entamées, les séances de discussions qui se sont ouvertes lundi 15 septembre entre les deux parties ont confirmé l’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui le processus de sortie de crise.

« Une vraie foire »

Les principaux groupes rebelles, le MNLA, HCUA, MAA et CPA, ont coupé court à toute poursuite des négociations tant que la question du statut politique du nord Mali ne serait pas tranchée. Par ailleurs, ces groupes ont vivement critiqué la présence, lors des discussions, du groupe CMFPR qui s’oppose à toute option autonomiste. Pour les rebelles qui ne reconnaissent pas ce mouvement, celui-ci doit être considéré par le médiateur algérien comme un membre de la délégation malienne avant que toute discussion puisse être envisagée. Autant de blocages qui ont conduit à la suspension des négociations et à travers lesquels les indépendantistes du nord tentent d’imposer leur agenda.   

Dès le début, de bien mauvais présages ont pesé sur ces pourparlers menés à nouveau sous la houlette de l’Algerie qui considère le nord Mali comme sa zone d’influence. Si les groupes rebelles et les autorités maliennes sont arrivés dans la capitale algérienne autour du 1er septembre, les discussions entre les deux parties n’ont commencé que le 15 dans une atmosphère agitée. En cause notamment, le grand nombre d’acteurs en présence qui complique considérablement le processus. Plusieurs membres du MNLA n’ont d’ailleurs pas manqué de critiquer l’arrivée à Alger de nombreux groupes de pressions liés au pouvoir de Bamako dont le CMFPR et le GATIA, une milice d’autodéfense composée majoritairement de touarègues de la tribu des Imghad et proche du general touarègue Elhaj Ag Gamou rallié aux autorités de Bamako. En tout, plus de trois cents personnes assistants aux pourparlers auraient été rassemblées au grand hôtel Aurassi d’Alger. « Une vraie foire » tonne un militant du MNLA qui voit là une stratégie pour bacler les discussions et forcer les rebelles à plus de compromis.

Trafic

Reste que la suspension rapide du dialogue pose la question de la volonté politique des bélligérents de voir les négociations aboutir. Selon un diplomate occidental, « plusieurs mouvements qui entretiennent des liens étroits avec les filières du narco trafic dans le Sahara souhaitent l’échec des pourparlers ». Ironie du sort, le médiateur algérien n’est pas vraiment bien placé pour contrer l’influence des traficants de drogue dans cette zone. Pendant des années, de nombreux hauts gradés de l’armée algérienne se sont eux-mêmes considérablement enrichis dans le Sahara au sud du pays en laissant libre cours à la contrebande et aux trafics de stupéfiants.

Publié par La rédaction de mondafrique.com 2014-10-20 23:48:39